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Kofi Annan estime que l'Afghanistan a besoin de 10 milliards de dollars pour les cinq prochaines années

Kofi Annan estime que l'Afghanistan a besoin de 10 milliards de dollars pour les cinq prochaines années

Le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a estimé à quelque 10 milliards de dollars l'aide à la reconstruction dont l'Afghanistan aura besoin dans les cinq prochaines années.

Dans un discours prononcé ce matin à Tokyo à l'occasion de l'ouverture de la conférence internationale de deux jours consacrée à la question afghane, le secrétaire général a précisé que ce montant devait s'ajouter à tous les engagements financiers pris précédemment par les donateurs en faveur de ce pays.

Le secrétaire général a par ailleurs souligné que la reprise et la reconstruction économiques devaient s'opérer parallèlement au rétablissement des institutions politiques nationales, représentatives de la volonté des populations afghanes et des factions politiques.

M. Annan a également insisté sur le caractère urgent des opérations de secours, soulignant que huit millions d'Afghans dépendaient d'une aide alimentaire extérieure, et que cinq millions d'entre eux étaient contraints à passer un autre hiver comme réfugiés à l'étranger ou comme personnes déplacées dans leur pays. Mais avant même la formulation de stratégies à long terme, l'ONU a besoin de réunir d'urgence quelque 1,3 milliard de dollars pour couvrir les frais administratifs du gouvernement afghan et financer l'aide humanitaire envoyée à ce pays, a affirmé M. Annan.

Le défi de la communauté internationale est d'aider les Afghans à s'aider eux-mêmes et d'éliminer les sources de conflit dans ce pays, a lancé le secrétaire général. Le succès de cette mission n'est pas acquis d'avance, a-t-il encore prévenu les participants.

Prenant également la parole au cours de la réunion d'aujourd'hui, le représentant spécial de l'ONU pour l'Afghanistan, Lakhdar Brahimi, a affirmé que la sécurité demeurait la priorité absolue aux yeux de la grande majorité des Afghans. A cette fin, a-t-il dit, le pays doit se doter d'une force de police et d'une armée nationales, ainsi que d'un système judiciaire indépendant qui veille à l'application de la primauté du droit. Il s'agit d'une tâche énorme, mais indispensable si l'on souhaite l'élimination du terrorisme et la véritable reconstruction du pays, a-t-il dit.

M. Brahimi a également souligné l'importance de payer les salaires des fonctionnaires, dans un pays en faillite financière. Il faut que les hôpitaux puissent fonctionner, que les écoles accueillent à nouveau les étudiants -filles et garçons, que la nouvelle administration intérimaire jouisse d'une véritable crédibilité dans le pays si l'on veut restaurer la paix en Afghanistan, a-t-il déclaré.

En marge de la conférence de Tokyo, les institutions spécialisées de l'ONU ont lancé aujourd'hui des appels destinés à financer la remise sur pied des services publics afghans.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé des contributions de l'ordre de 60 millions de dollars nécessaires à son avis à la formulation de nouveaux programmes de santé par les autorités médicales du pays.

Pour sa part, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estimait qu'il faudrait réunir quelque 39 millions de dollars cette année seulement pour accroître la production alimentaire du pays et les réseaux de distribution des vivres dans les zones urbaines et rurales, alors que l'Agence de l'ONU aux réfugiés (HCR) soulignait l'importance du financement des opérations de retour des réfugiés ou personnes déplacées dans leur foyers. "Il est impossible de reconstruire l'Afghanistan sans la concours des millions de personnes chassées de leurs maisons", a souligné un fonctionnaire du HCR.

En marge de sa visite au Japon, le secrétaire général s'est entretenu hier à son arrivée à Tokyo avec le secrétaire d'Etat américain Colin Powell. Aujourd'hui, M. Annan a été reçu en audience par l'Empereur du Japon, avant de rencontrer le Premier ministre nippon.

Le secrétaire général continuera sa visite officielle au Japon demain.