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Kofi Annan sur la Côte d'Ivoire : beaucoup à faire et peu de temps pour le faire

Kofi Annan sur la Côte d'Ivoire : beaucoup à faire et peu de temps pour le faire

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Malgré les progrès réalisés, il reste encore beaucoup à faire et peu de temps pour le faire, indique Kofi Annan dans son dernier rapport sur la Côte d'Ivoire dans lequel il rappelle que le Conseil de sécurité est prêt à examiner « les mesures appropriées et ciblées » envisageables « à l'encontre des personnes qui entravent la mise en œuvre de l'Accord de Linas-Marcoussis. »

« Des progrès encourageants ont été réalisés dans la mise en œuvre de l'Accord d'Accra III », indique, dans son deuxième rapport sur l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire, (ONUCI), le Secrétaire général de l'ONU qui cite notamment le fait que « le Gouvernement de réconciliation nationale ait retrouvé son intégrité et repris ses activités. »

Autre élément positif mis en avant par Kofi Annan, l'Assemblée nationale a également commencé à examiner, le 11 août dernier, les principaux projets de loi envisagés dans l'Accord de Linas-Marcoussis.

Cela dit, poursuit-il dans ce rapport, « il reste encore beaucoup à faire en peu de temps et je demande donc instamment à toutes les parties ivoiriennes de prendre toutes les mesures voulues pour faire en sorte que les délais essentiels prévus pour l'adoption des réformes juridiques et la révision de l'article 35 de la Constitution relatif aux critères d'éligibilité à la présidence soient respectés au plus près. »

Le Secrétaire général insiste sur le fait que ces mesures, ainsi que le démarrage du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion à la date prévue du 15 octobre et les progrès dans le rétablissement de l'autorité de l'État sur tout le territoire, constituent des éléments essentiels pour un retour à la normale en Côte d'Ivoire et la tenue d'élections libres et honnêtes en octobre 2005.

A propos des opérations de désarmement-réintégration, la rapport note que la reprise, après une interruption de cinq mois, des réunions de la Commission quadripartite constitue également un fait positif et signale que les parties ivoiriennes qui ont participé aux réunions n'ont fixé aucune condition préalable au lancement du processus.

« Compte tenu de la présence renforcée des forces de l'ONUCI, le processus de désarmement et de démobilisation devrait maintenant se dérouler en deux phases, commençant dans le nord et avançant vers le sud, et devrait être achevé d'ici le 31 décembre », indique-t-il.

Il signale cependant que des questions importantes restent à régler, notamment l'élaboration de plans visant à démanteler les milices et les groupes paramilitaires d'une part et l'obtention de fonds pour la phase de réinsertion du programme d'autre part. « La Banque mondiale, qui devait financer une partie du processus de réinsertion, a suspendu ses versements à la Côte d'Ivoire en raison du non-respect de ses obligations par le pays en matière de dette », précise-t-il.

Toutefois, compte tenu de la conclusion de l'Accord d'Accra III, la Banque examine actuellement les moyens de promouvoir le processus de paix. Le Gouvernement, avec l'appui du Japon, de l'Union européenne, du PNUD et d'autres partenaires, devrait couvrir les dépenses afférentes aux phases de désarmement et de démobilisation du programme.

Toujours sur le même sujet, il précise que la Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion a actualisé sa feuille de route, « qui se fonde sur le plan d'opérations conjoint établi précédemment », et qu'elle a également intensifié ses travaux de remise en état des centres de désarmement.

Kofi Annan souligne que l'Accord d'Accra III a apporté la démonstration de la volonté de la communauté internationale et en particulier des chefs d'Etat africains d'aider la Côte d'Ivoire à retrouver la paix et la stabilité.

Toutefois, ajoute-t-il dans ses conclusions, « la communauté internationale compte que le Président Gbagbo et l'ensemble des dirigeants ivoiriens, auxquels il incombe au premier chef d'assurer le retour à la normale, feront en sorte que des progrès sur le fond soient réalisés , sans plus tarder, dans l'application intégrale et inconditionnelle de l'Accord de Linas-Marcoussis. »

« Une telle action concertée revêt une importance capitale pour le rétablissement d'une paix durable en Côte d'Ivoire et l'amélioration de la sécurité et de la stabilité dans la sous-région de l'Afrique de l'Ouest », déclare le Secrétaire général qui évoque dans ce rapport les répercussions économiques de la crise actuelle en Côte d'Ivoire - où « tous les indicateurs économiques révèlent une profonde récession » - mais aussi dans la sous-région.

« Je demande « aux membres du Conseil et aux autres parties concernées à continuer d'exhorter les parties ivoiriennes à faire en sorte que le calendrier de mise en œuvre de l'Accord d'Accra III soit respecté au plus près. [...] Il faut accorder l'attention voulue aux mesures qui pourraient contribuer à empêcher que le processus de paix ne dérape », conclut Kofi Annan, tout en rappelant aux parties ivoiriennes [...] que le Conseil a l'intention d'examiner les mesures appropriées et ciblées qu'il serait possible de prendre à l'encontre des personnes qui entravent la mise en œuvre de l'Accord de Linas-Marcoussis. »

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