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Engrais russes pour les pays africains : une 1ère cargaison quitte les Pays-Bas pour le Malawi

Des engrais livrés dans la région du Tigré, en Ethiopie.
© FAO/Michael Tewelde
Des engrais livrés dans la région du Tigré, en Ethiopie.

Engrais russes pour les pays africains : une 1ère cargaison quitte les Pays-Bas pour le Malawi

Aide humanitaire

Une première cargaison d'engrais donnés par des producteurs russes à des pays durement touchés par la montée de l'insécurité alimentaire, a quitté mardi les Pays-Bas à destination du Malawi, s’est félicité le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU dans une déclaration à la presse.

Le navire affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM) avec une cargaison de 20.000 tonnes à bord doit accoster au Mozambique, avant que les engrais soient acheminés vers le Malawi, un pays enclavé.

L'ONU a salué le don de 260.000 tonnes d'engrais russes qui sont stockés dans des ports et entrepôts européens. « Cela servira à atténuer les besoins humanitaires et à prévenir des pertes de récoltes catastrophiques en Afrique, où c'est actuellement la saison des semis ».

« Ce sera le premier d'une série d'envois d'engrais destinés à un certain nombre d'autres pays du continent africain dans les mois à venir », a ajouté le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric.

Une famille mange son repas quotidien de pois séchés dans le district de Balaka, au Malawi (photo d'archives).
Photo UNICEF/Sebastian Rich
Une famille mange son repas quotidien de pois séchés dans le district de Balaka, au Malawi (photo d'archives).

Résoudre la pénurie alimentaire mondiale

Selon le PAM, le monde a un besoin urgent « d'efforts concertés » pour résoudre la pénurie alimentaire mondiale, qui a été exacerbée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Les deux pays sont les principaux exportateurs de denrées alimentaires et d'engrais vers les pays en développement, où les petits exploitants agricoles sont particulièrement touchés par la hausse des coûts, l'inflation et les blocages de la chaîne d'approvisionnement.

« Nous ne pouvons pas permettre que les problèmes d'accessibilité aux engrais dans le monde se transforment en une pénurie alimentaire mondiale », a déclaré le PAM plus tôt ce mois-ci. « Reconnecter les marchés des engrais est essentiel ».

Dans la déclaration de son porte-parole, le chef de l'ONU, António Guterres, a remercié la Russie, le Malawi et les Pays-Bas - en étroite coordination avec l'Union européenne - « pour leur volonté de permettre cette première expédition humanitaire critique d'engrais par le PAM, pour la sécurité alimentaire mondiale ».

L'ONU « poursuit d'intenses efforts diplomatiques avec toutes les parties pour garantir les exportations sans entrave de denrées alimentaires et d'engrais essentiels depuis l'Ukraine et la Fédération de Russie, exemptés des régimes de sanctions, vers les marchés mondiaux », a précisé le porte-parole.

Environ 50% de la population mondiale dépend de produits agricoles qui impliquent des engrais. Depuis 2019, les prix ont grimpé d'environ 250%, entraînant l'arrêt de la production de nombreux agriculteurs.

M. Dujarric a utilisé l'exemple des engrais à base d'azote. Les pénuries de cette année pourraient entraîner une perte de production l'année prochaine de l’ordre de 66 millions de tonnes de cultures de base, comme le maïs, le riz et le blé.

C'est assez pour nourrir 3,6 milliards de personnes, « près de la moitié de l'humanité, pendant un mois », a-t-il déclaré. « La reconnexion des marchés des engrais est une étape cruciale pour assurer la sécurité alimentaire mondiale d'ici à 2023 et les Nations Unies continueront de tout mettre en œuvre, avec toutes les parties, pour atteindre cet objectif ».

Une responsable de l’ONU chargée de coordonner la prévention et la réponse à la famine

Par ailleurs, le Secrétaire général de l’ONU a annoncé mardi la nomination de l'Australienne Reena Ghelani au poste de Coordonnatrice des Nations Unies pour la prévention et la réponse à la famine.

Selon les projections, jusqu'à 222 millions de femmes, d'hommes et d'enfants seront confrontés à une insécurité alimentaire aiguë cette année et de multiples famines se profilent. La situation dans la Corne de l'Afrique est particulièrement préoccupante, avec des millions de vies en danger.

Pour remédier à cette situation, la Coordonnatrice dirigera et organisera une réponse à l'échelle du système onusienne à l'insécurité alimentaire croissante, ainsi qu'à la sécheresse et à la famine dans la Corne de l'Afrique et au-delà. Elle travaillera en étroite collaboration avec les partenaires humanitaires et de développement aux niveaux régional et mondial, ainsi qu'avec les organismes régionaux et les gouvernements, afin d'assurer une approche coordonnée pour prévenir les pires impacts de l'insécurité alimentaire, résultant des catastrophes induites par le climat et d'autres causes.