Michel Forst : les défenseurs des droits de l’homme « nous rappellent tous les jours à notre humanité »
Au terme de six années de mandat, Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, a estimé que les défenseurs des droits de l’homme « nous rappellent tous les jours à notre humanité » en condamnant le silence complice de la communauté internationale dans des conflits armés en Syrie et au Yémen, où les populations civiles sont réduites à des enjeux géopolitiques; ou encore en révélant les ventes d’armes, les scandales environnementaux ou la mauvaise gouvernance et en mettant en question les pratiques sexistes, racistes et discriminatoires des sociétés.
M. Forst a affirmé que c’est par l’analyse de la situation de la société civile et des défenseurs que l’on prend le pouls de nos sociétés. Il n’y a pas de gouvernement plus fragile que celui qui veut faire taire toute opposition, a-t-il déclaré.
En fait, a-t-il poursuivi, les défenseurs « nous tendent ce miroir grossissant qui dévoile ce que nous aimerions cacher ». Enfin, les défenseurs rappellent que les engagements pris, il y a 72 ans, dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, ne peuvent et ne doivent pas rester lettre morte.
Tirant des conclusions de son mandat, M. Forst a dit avoir appris que les défenseurs ne veulent pas être des martyrs ou des héros et que c’est le système qui les force à le devenir, à prendre des risques incalculables et inimaginables pour « nous qui sommes réunis ici dans le confort feutré du Palais des Nations ». Il a rappelé à la mémoire du Conseil tous ceux tombés sous le « feu des lâches », dont Berta Caceres et tant d’autres qu’il ne faut pas oublier.
En 2019 et jusqu’au début 2020, le Rapporteur spécial a indiqué avoir adressé 255 communications à 100 États, soit 21 de plus que l’année dernière, ainsi qu’à 16 autres acteurs, concernant la situation de plus de 535 personnes dont 160 défenseuses des droits de l’homme.