L'actualité mondiale Un regard humain

RDC : Jan Egeland dénonce l&#39utilisation du viol comme arme de guerre

RDC : Jan Egeland dénonce l&#39utilisation du viol comme arme de guerre

À l&#39occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a dénoncé aujourd&#39hui l&#39utilisation du viol comme arme de guerre en République démocratique du Congo (RDC) par les milices du Sud-Kivu.

À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a dénoncé aujourd'hui l'utilisation du viol comme arme de guerre en République démocratique du Congo (RDC) par les milices du Sud-Kivu.

Les milices du Sud-Kivu, une région située à l'est de la RDC, sont les principales responsables des viols qui se comptent par dizaines de milliers, a indiqué Jan Egeland, lors d'une conférence de presse donnée à New York.

Denis Mukwege Mukengere, directeur de l'hôpital Panzi, situé près de Bukavu, dans le Sud-Kivu, participait également à la conférence de presse. Son hôpital a traité 7 500 victimes d'abus sexuels, parmi lesquelles se trouvaient une douzaine de patientes âgées de moins de 12 ans.

Après 20 ans de pratique médicale dans la région, Denis Mukwege Mukengere a indiqué que le viol de masse est une pratique récente apparue vers l'année 2000.

« C'est une nouvelle technique de guerre. C'est un mal de notre siècle. Ce n'est pas une conséquence de la guerre, c'est la guerre elle-même, une tactique qui vise à détruire par la transmission du VIH et la mutilation », a-t-il expliqué.

Il s'agit d'une « destruction massive » dans la mesure où le mari et les enfants sont souvent les témoins de ces actes, ce qui entraîne des conséquences psychologiques dévastatrices. En outre, le risque de contamination par le VIH/sida est la première raison donnée par le mari pour rejeter sa femme par la suite, a-t-il ajouté.

Autre conséquence possible de viols répétés : l'apparition de fistules, lésion provoquant une communication entre le vagin et la vessie ou le rectum, ce qui ajoute au rejet de la victime si celle-ci n'est pas opérée. Ainsi, sur les 4 100 opérations effectuées sur des femmes violées à l'hôpital de Panzi, 1 225 concernaient des cas de fistules.

Le directeur de l'hôpital est convaincu qu'il faut entreprendre « un travail éducatif pour sensibiliser la communauté afin que celle-ci aide la victime, au lieu de la stigmatiser ».

« Il faut plutôt stigmatiser et exclure le violeur plutôt que la victime. Les femmes ont peur de dire ce qui leur est arrivé, de peur d'être sanctionnées encore davantage », a-t-il ajouté.

Jan Egeland a affirmé que lors de son récent déplacement à Kinshasa, Joseph Kabila lui avait promis que s'il était élu, il « lancerait une croisade » contre ce phénomène et des sanctions immédiates seraient prises contre les auteurs de viols.

Il a également appelé à la levée de fonds, qui sont indispensables pour accompagner les femmes dans leur réinsertion après la sortie de l'hôpital.

Il a enfin tenu à rappeler que le Sud-Kivu n'était pas la seule région du monde où ce phénomène avait été observé.

Aucune culture, aucune religion n'est épargnée, a-t-il ajouté, citant en particulier le cas de la Bosnie-Herzégovine -- où on estime que quelque 20 000 femmes ont été violées pendant la guerre de 1992 à 1995 -- ainsi que le Darfour à l'heure actuelle.