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L'application de la résolution 1559 se heurte encore à la présence de milices armées au Liban, affirme Terje Roed-Larsen

L'application de la résolution 1559 se heurte encore à la présence de milices armées au Liban, affirme Terje Roed-Larsen

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Si des progrès « encourageants » ont été accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, le but ultime qui est le rétablissement de la souveraineté du Liban reste entravé par la présence de milices armées, notamment le Hezbollah, affirme l'Envoyé spécial de l'ONU dans son dernier rapport au Secrétaire général.

Toutes les exigences de la résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité n'ont pas encore été remplies, affirme Terje Roed-Larsen, Envoyé de l'ONU pour la mise en œuvre de la résolution 1559, dans un rapport transmis par le Secrétaire général au Conseil de sécurité et rendu public aujourd'hui.

La résolution 1559 (2004), adoptée le 2 septembre 2004 par le Conseil de sécurité, demandait « instamment à toutes les forces étrangères qui y sont encore de se retirer du Liban ». Cette exigence a été remplie par le retrait des forces syriennes du Liban.

Elle demandait aussi la tenue d'élections libres, condition qui a été remplie lors de la tenue des élections législatives sous la surveillance d'observateurs internationaux.

La résolution demandait enfin que « toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées » et soutenait parallèlement « l'extension du contrôle exercé par le gouvernement libanais à l'ensemble du territoire du pays ». Ces deux dernières conditions, indique Terje Roed-Larsen, restent encore à remplir.

S'agissant de la présence de milices armées au Liban, l'Envoyé du Secrétaire général souligne que la plus importante est le Hezbollah.

Selon lui, « si la participation du Hezbollah au gouvernement et les récentes déclarations de ses dirigeants révèlent la portée du dialogue interne et de la possible transformation du Hezbollah de milice armée en parti politique, il faut toutefois noter qu'être à la fois un parti politique et une milice est une contradiction dans les termes ».

« Il est impossible de concilier le port d'armes en dehors des forces armées officielles avec la participation au pouvoir et au gouvernement dans une démocratie », ajoute l'Envoyé de l'ONU, rappelant que le Hezbollah disposerait de quelque 12.000 missiles.

Terje Roed-Larsen rappelle par ailleurs que, bien que « de nombreux Libanais continuent de soutenir que le Hezbollah n'est pas une milice, mais un 'mouvement légitime de résistance' qui se bat pour libérer la région des fermes de Chebaa de l'occupant israélien », « cette interprétation du statut des fermes de Chebaa est diamétralement opposée à la position de l'Organisation des Nations Unies ».

« J'ai confirmé dans mon rapport au Conseil de sécurité en date du 16 juin 2000 (S/2000/590) qu'Israël s'était acquitté à compter de cette date de l'obligation qui lui incombait au titre des résolutions 425 (1978) et 426 (1978) du Conseil de sécurité de « retirer ses forces de tout le territoire libanais ». Le Conseil a approuvé cette conclusion dans la Déclaration de son président (S/PRST/2000/21) en date du 18 juin 2000. Le Conseil et moi-même avons affirmé en de multiples occasions que les fermes de Chebaa ne faisaient pas partie du Liban », rappelle l'Envoyé du Secrétaire général, dont la précédente mission pour l'ONU était celle de Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient.

« Toute 'résistance' libanaise pour 'libérer' la région de l'occupation israélienne ne saurait donc être considérée comme légitime. D'autre part, même si les prétentions libanaises sur les fermes de Chebaa étaient fondées, il serait de la seule responsabilité du Gouvernement libanais de les défendre, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité », ajoute-t-il.

Parmi les autres groupes armés aux côtés du Hezbollah, figurent aussi des milices palestiniennes armées qui bénéficient encore d'une « autonomie relative » dans les camps de réfugiés, précise le rapport.

Terje Roed-Larsen rappelle à cet égard les consultations qu'il a menées lors de rencontres à Paris avec le Premier ministre libanais Fouad Seniora et avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

« Le Président de l'OLP et de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré publiquement que la position adoptée par certains groupes palestiniens ne reflétait pas les convictions de l'OLP, soulignant que les Palestiniens étaient les 'hôtes du Liban', dont ils devaient respecter 'les lois et la sécurité' », affirme-t-il.

« Le Président Abbas a également déclaré que le transfert illégal d'importantes quantités d'armes dans les camps de réfugiés par l'intermédiaire de certains groupes palestiniens mettait le Liban en danger et ne servait pas la cause palestinienne », indique Terje Roed-Larsen, qui a soutenu la requête de l'Autorité palestinienne d'ouvrir une mission diplomatique à Beyrouth.

L'Envoyé de l'ONU a fait part également de sa préoccupation quant aux informations transmises par les gouvernements syrien et libanais relatives aux récents mouvements d'armes entre la Syrie et le Liban vers les camps de réfugiés palestiniens et d'autres groupes armés.

En définitive, affirme l'Envoyé de l'ONU, le respect de la « souveraineté, de l'intégrité territoriale, de l'unité et de l'indépendance politique du Liban », ne sera pas assuré en la présence de « groupes armés défiant l'autorité du gouvernement légitime, lequel est par définition investi du monopole de l'emploi de la force sur l'ensemble du territoire national ».

Le rétablissement de la souveraineté du Liban passe enfin également par l'établissement de relations diplomatiques normales avec la Syrie et la délimitation de la frontière entre les deux pays, conclut le rapport de Terje Roed-Larsen.