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Les migrations apportent une contribution mal reconnue à l'économie mondiale

Les migrations apportent une contribution mal reconnue à l'économie mondiale

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La communauté internationale ne réalise toujours pas le plein potentiel des migrations internationales, indispensables à la croissance des pays développés comme des pays en développement, et ne s'est pas montrée à la hauteur des défis qu'elles lancent, indique un récent rapport de l'ONU qui rappelle que les migrations tendent à s'accroître avec l'aggravation des inégalités dans le monde.

« Les migrations apportent une contribution mal reconnue à l'économie mondiale », indique le dernier rapport sur les migrations de la Commission mondiale sur les migrations internationales (GCIM selon son acronyme anglais), intitulé « Les migrations dans un monde interconnecté : une nouvelle voie ».

Le nombre de migrants internationaux s'est accru de 75 millions à 200 millions dans les 30 dernières années et l'on trouve maintenant des migrants dans toutes les parties du monde, indique la GCIM dans un communiqué publié aujourd'hui à New York.

Cette expansion devrait se poursuivre et même s'accélérer à l'avenir, en raison notamment des disparités profondes qui existent entre les différentes régions du monde, dans les domaines du développement, de la démographie et de la démocratie.

Par ailleurs, « les migrations apportent une contribution importante, bien que largement ignorée, à l'économie mondiale. Dans les pays en développement, les sommes transférées de l'étranger par les migrants s'élèvent chaque année à 150 milliards de dollar par an, soit trois fois le montant de l'aide publique au développement ».

Certains secteurs de l'économie dans de nombreux pays développés sont devenus grandement dépendants des travailleurs migrants, y compris ceux en situation irrégulière, et « s'effondreraient rapidement s'ils devaient s'en passer », indique le rapport.

Il est temps que « les Etats reconnaissent cette réalité » indique le GCIM, qui propose en conséquence six grands principes d'action.

Tout d'abord, les populations devraient « pouvoir migrer par choix plutôt que par nécessité, dans un environnement sûr et légal, et parce que leurs compétences sont reconnues et nécessaires ».

Deuxièmement, « le rôle des migrants dans la promotion de la croissance économique, le développement et la réduction de la pauvreté, devrait être reconnu et renforcé, les migrations devenant une part intégrale de la stratégie de développement mondial ».

Troisièmement, « les Etats souverains doivent coopérer afin de réduire les flux de migrations illégales », tout en respectant notamment les droits des migrants pour les pays destinataires et en acceptant leur retour dans leur pays d'origine pour les pays de départ.

Quatrièrement, les migrants à long terme devraient être effectivement intégrés afin de renforcer la cohésion sociale.

Cinquièmement, le rapport plaide pour la mise en œuvre du cadre international de protection des droits fondamentaux des migrants.

Enfin, le GCIM appelle à une amélioration de la cohérence des politiques en matière de migration, notamment par la coopération au niveau régional.

Le rapport attire par ailleurs l'attention sur le trafic d'êtres humains et les migrations internationales, rappelant que si les Etats avaient le droit et même le devoir de faire respecter les règles d'entrée sur son territoire, « une approche purement restrictive aux migrations illégales n'est ni désirable ni faisable ».

Il souligne enfin l'épineuse question de la xénophobie. « Certaines sociétés sont devenues craintives à l'égard des migrants, cette crainte étant parfois exacerbée par les politiciens et les médias », fait remarquer le rapport.

« Le danger de cette situation est de marginaliser et d'aliéner les migrants, et de les rendre incapables de remplir leur plein potentiel et d'apporter leur pleine contribution à leur pays d'adoption », ajoute-t-il.

Le rapport de la Commission, créée en 2003 à l'initiative du Secrétaire général, a été remis aujourd'hui à Kofi Annan lors d'une cérémonie qui s'est déroulée à l'ONU.

image• Retransmission de la remise officielle du rapport[47mins]