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Des repas chauds sont distribués à Gaza.

Il faut faire taire les armes à Gaza maintenant, exhorte Guterres au premier jour du Ramadan

© WFP/Mostafa Ghroz
Des repas chauds sont distribués à Gaza.

Il faut faire taire les armes à Gaza maintenant, exhorte Guterres au premier jour du Ramadan

Paix et sécurité

Un cessez-le-feu pour Gaza pendant le Ramadan doit être mis en œuvre immédiatement, a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lundi, premier jour du mois sacré musulman, alors que « les tueries, les bombardements et l’effusion de sang se poursuivent ».

« Mon appel le plus fort aujourd’hui est d’honorer l’esprit du Ramadan en faisant taire les armes et en éliminant tous les obstacles afin d’assurer l’acheminement de l’aide vitale à la vitesse et à l’échelle massive requises ».  

Tous les otages encore enlevés lors des attaques terroristes menées par le Hamas en Israël le 7 octobre doivent être libérés immédiatement, a déclaré le chef de l’ONU, notant que « l’assaut israélien catastrophique à Gaza » en est maintenant à son sixième mois.

Réitérant son appel aux belligérants pour qu’ils mettent fin à la guerre, M. Guterres a souligné l’appel pressant lancé par les familles des victimes de la guerre qu’il a rencontré récemment à New York.

Comme l’a dit l’un des membres de ces familles, « nous ne sommes pas ici pour recevoir des condoléances. Nous ne sommes pas là pour des excuses, mais pour une action immédiate. Nous sommes ici pour une action immédiate ».  

Couloir maritime

Alors que cela fait près de six semaines que l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) n’a pas réussi à acheminer de l’aide dans le nord de la bande de Gaza, un premier navire chargé d’une aide désespérément nécessaire pour le nord de l’enclave attendait de partir de Chypre, lundi, afin de soulager les centaines de milliers de personnes confrontées à une faim extrême.

La Commission européenne, les Émirats arabes unis, les États-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays ont annoncé vendredi les efforts déployés en partenariat avec les Nations unies pour ouvrir un couloir maritime sûr vers Gaza, en étroite coordination avec la Coordinatrice humanitaire principale des Nations unies pour l’enclave, Sigrid Kaag

Un port sûr

Transportant quelque 200 tonnes de nourriture, le navire de l’ONG internationale Open-Arms est resté ancré à Larnaca, dans le sud-est de Chypre, à quelque 200 milles nautiques (240 milles/380 kilomètres) de Gaza, dans l’attente, semble-t-il, de l’autorisation d’accoster de la part des autorités israéliennes.

Par ailleurs, le gouvernement chypriote a pris acte de l’annonce faite jeudi dernier par le président Biden, selon laquelle les États-Unis construiraient une jetée temporaire au large de la côte de Gaza pour faciliter l’acheminement de l’aide. Les médias ont indiqué qu’il faudrait deux mois pour achever ce projet. 

Les besoins sont critiques dans toute la bande de Gaza, mais restent particulièrement graves dans le nord, où les humanitaires de l’ONU ont signalé à plusieurs reprises que quelque 300.000 habitants de Gaza étaient pratiquement privés d’aide humanitaire, en raison de l’insécurité liée à l’effondrement de l’ordre civil et aux refus d’accès opposés par les autorités israéliennes.

Des habitants de Gaza font la queue pour obtenir de la nourriture.
© UNRWA
Des habitants de Gaza font la queue pour obtenir de la nourriture.

« La faim est partout dans la Bande de Gaza » 

« La faim est partout dans la bande de Gaza », a alerté l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) sur la plateforme X, relevant que « l’arrivée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne et un cessez-le-feu immédiat sont nécessaires pour sauver des vies ».

« La situation dans le nord est tragique, où l’aide par voie terrestre est refusée malgré des appels répétés… Le nombre de morts continue d’augmenter », a souligné l'UNRWA.

La faim s’est ainsi répandue dans toute la bande de Gaza au milieu d’une offensive israélienne meurtrière sur l’enclave palestinienne. 

« Le mois sacré du Ramadan est arrivé. C’est le mois de la paix et du don, où les familles se réunissent. Pour la population de Gaza, il arrive alors que la faim extrême se répand », a décrit sur le réseau social X, le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini. 

La peur et l’anxiété prévalent

Nous ne pouvons pas répondre aux besoins des populations sans un accès sûr et sans entrave à travers la bande de Gaza. Cessez le feu maintenant

Dans le même temps, les mouvements de population se poursuivent, « la peur et l’anxiété prévalent au milieu des menaces d’une opération militaire sur Rafah ». 

Selon l’agence onusienne, ce mois de ramadan devrait apporter un cessez-le-feu pour ceux qui ont le plus souffert. 

« Les populations ont besoin de répit et de tranquillité d’esprit. Il est plus que temps », a insisté M. Lazzarini.

« Dans ce lot de détérioration humanitaire, la situation est tragique dans le nord, où l’aide par voie terrestre est refusée en dépit d’appels répétés », a déclaré l’agence, rappelant que l’UNRWA est l’épine dorsale de la réponse humanitaire. Sur le terrain, leurs équipes continuent de gérer des entrepôts et de livrer des vivres, de l’eau, des kits d’hygiène et d’autres aides humanitaires essentielles. 

« Mais nous ne pouvons pas répondre aux besoins des populations sans un accès sûr et sans entrave à travers la bande de Gaza. Cessez le feu maintenant », a fait valoir l’UNRWA. 

En raison de la guerre et des restrictions israéliennes, les habitants de Gaza sont au bord de la famine, compte tenu d’une grave pénurie de nourriture, d’eau, de médicaments et de carburant. Une situation qui pousse les populations à se déplacer plusieurs fois. 

Des taux élevés de malnutrition

Cette alerte de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens intervient alors que la situation nutritionnelle dans la bande de Gaza continue de se détériorer. 

« Des décès tragiques d’enfants, qui auraient pu être évités, ont été signalés à l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, et l’on craint qu’il y en ait beaucoup d’autres », a souligné pour sa part le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Selon l’UNICEF, les niveaux de malnutrition infantile dans le nord de la bande de Gaza sont particulièrement extrêmes, avec au moins 18 enfants décédés de malnutrition et de déshydratation dans le nord de la bande de Gaza. 

De son côté, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a mis en garde contre le fait que « les taux de malnutrition des femmes enceintes et allaitantes ont grimpé en flèche » dans l’enclave palestinienne, ce qui pose « des risques importants pour la santé ».

Sur le terrain, l’UNICEF a donc continué à soutenir les services de nutrition préventive et curative, en élargissant les partenariats pour atteindre les enfants les plus vulnérables. 

Le Fonds a soutenu la gestion de la malnutrition aiguë, avec 158 personnes souffrant de malnutrition sévère (SAM) et 554 personnes souffrant de malnutrition modérée (MAM) admises dans le programme de gestion de l’amaigrissement par l’intermédiaire de partenaires dans la bande de Gaza. 

En outre, l’UNICEF a livré de petites quantités d’aliments complémentaires pour les personnes souffrant de malnutrition sévère et modérée au gouvernorat du nord de Gaza, dans le cadre de la mission conjointe de l’ONU organisée en début de semaine, y compris du lait maternisé prêt à l’emploi, des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et des suppléments nutritionnels lipidiques.

L'OMS et ses partenaires ont achevé une mission dans les hôpitaux Al-Ahli Arab et Al-Sahaba, dans le nord de la bande de Gaza. Ils ont livré du matériel orthopédique et traumatologique ainsi que du carburant.
OMS
L'OMS et ses partenaires ont achevé une mission dans les hôpitaux Al-Ahli Arab et Al-Sahaba, dans le nord de la bande de Gaza. Ils ont livré du matériel orthopédique et traumatologique ainsi que du carburant.

Un accès durable et sûr aux établissements de santé

L'Organisation mondiale pour la santé (OMS) et ses partenaires ont achevé samedi une mission dans les hôpitaux Al-Ahli Arab et Al-Sahaba dans le nord de la bande de Gaza.

« Les deux hôpitaux fonctionnent avec une capacité limitée et manquent de nourriture, de carburant, de personnel spécialisé, de médicaments anesthésiques, d'antibiotiques et de dispositifs de fixation interne », a fait valoir le chef de l’OMS sur son compte X.

« Nous avons livré du matériel orthopédique et de traumatologie pour 150 patients et 13.000 litres de carburant à l'hôpital Al-Ahil Arab, et 12.000 litres de carburant à l'hôpital Al-Sahaba », a indiqué Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le Directeur général de l’OMS a souligné la nécessité d’avoir « un accès durable et sûr aux établissements de santé afin de leur fournir régulièrement les soins de santé vitaux dont ils ont besoin de toute urgence », avant d’exhorter à nouveau : « Cessez-le-feu ».