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Le Soudan fait face à la pire crise de déplacement au monde mais les pourparlers de paix ont repris

Une famille du Darfour, au Soudan, fuit vers le Tchad.
© UNHCR/Jutta Seidel
Une famille du Darfour, au Soudan, fuit vers le Tchad.

Le Soudan fait face à la pire crise de déplacement au monde mais les pourparlers de paix ont repris

Paix et sécurité

Plus de 6.000 civils ont été tués au Soudan depuis qu'un conflit sanglant entre factions militaires rivales a éclaté en avril et le pays est confronté « à la pire crise de déplacement au monde » avec 7,1 millions de déplacés, a rapporté ce jeudi devant le Conseil de sécurité une haute responsable de l'ONU.

Son exposé a eu lieu le jour même où Khartoum demandait au Conseil de sécurité de mettre immédiatement fin à la mission de l'ONU dans ce pays.
 
Le gouvernement militaire soudanais a écrit dans une lettre adressée au Secrétaire général de l'ONU et distribuée au Conseil - qui donne son mandat à chaque mission de maintien de la paix ou mission politique de l'ONU - que tout en appelant au retrait, il s'engageait à un engagement constructif avec l'ONU.
 
Avec cette demande de retrait de l'ONU, le Soudan est le dernier pays africain à demander le retrait de missions de l'ONU cette année, après le Mali et la République démocratique du Congo.

Violences ethniques

Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-Secrétaire générale pour l'Afrique aux départements des affaires politiques et de consolidation de la paix et des opérations de paix, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU. (archives)
UN Photo/Eskinder Debebe
Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-Secrétaire générale pour l'Afrique aux départements des affaires politiques et de consolidation de la paix et des opérations de paix, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU. (archives)

La Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de la paix, Martha Ama Akyaa Pobee, a estimé que la coopération et l’unité du Conseil de sécurité seraient « décisives », alors que sur le terrain les violences perdurent. 

Des réfugiés au Tchad lui ont signalé des violences ethniques envers la communauté massalit et des rapports crédibles ont fait état de graves violations des droits humains et de violences ciblées de la part des milices arabes affiliées aux Forces de soutien rapide (FSR) et des milices masalits envers les communautés arabes. 

Par ailleurs, Mme Pobee a expliqué que des tensions dans le sud opposant les Forces armées soudanaises (FAS) et le Mouvement de libération populaire du Soudan débordaient dans de nouvelles zones, dont le Nil blanc et le Kordofan occidental. 

Pas d’accord de cessez-le-feu en vue

Martha Pobee s’est félicitée de la reprise des pourparlers à Djeddah, en Arabie saoudite, le 29 octobre, estimant que seul un dialogue régional et international coordonné, en lien avec les initiatives civiles, permettrait de progresser.

« La Déclaration d’engagement adoptée par les parties à Djeddah le 7 octobre est importante pour le peuple soudanais », a-t-elle poursuivi, regrettant néanmoins l’absence d’un accord pour un cessez-le-feu. 

« L’heure est venue de donner la priorité au dialogue et de relancer les efforts de paix pour mettre fin au conflit et assurer une transition civile », a réagi la Sous-Secrétaire générale.

Restrictions et attaques contre le personnel humanitaire

Mme Pobee a enfin évoqué de nombreuses restrictions, des attaques envers le personnel humanitaire et les obstacles administratifs à l’aide humanitaire, précisant toutefois que 81 millions de personnes ont pu bénéficier de l’aide. 

Dans ce climat, le sort des femmes et des filles se détériore : celles-ci sont victimes de violences sexuelles et fondées sur le genre perpétrées par des individus vêtus d’uniformes des FSR et des FAS, a aussi rapporté la haute responsable, qui a enfin déploré des « attaques ciblées et à l’aveugle » envers les civils, ainsi que des restrictions imposées dans les espaces publics.