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Vue de la salle du Conseil de sécurité lors d'une réunion sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales (photo d'archives).

Niger : le Conseil de sécurité réclame le rétablissement de l’ordre constitutionnel

Photo ONU/Rick Bajornas
Vue de la salle du Conseil de sécurité lors d'une réunion sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales (photo d'archives).

Niger : le Conseil de sécurité réclame le rétablissement de l’ordre constitutionnel

Paix et sécurité

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné vendredi la détention du Président du Niger par des militaires et a réclamé le rétablissement de l'ordre constitutionnel.

Dans une déclaration à la presse publiée vendredi soir, les membres du Conseil ont condamné fermement « la détention du Président Mohamed Bazoum et les efforts visant à changer anticonstitutionnellement le gouvernement légitime de la République du Niger le 26 juillet 2023 ».

Ils ont appelé à « la libération immédiate et inconditionnelle du Président démocratiquement élu de la République » et ont souligné « la nécessité de le protéger, ainsi que sa famille et les membres de son gouvernement ».

Le Président Mohamed Bazoum du Niger préside une réunion du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales en septembre 2021.
UN Photo/Eskinder Debebe
Le Président Mohamed Bazoum du Niger préside une réunion du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales en septembre 2021.

Les membres du Conseil se sont dits préoccupés par « l'impact négatif des changements anticonstitutionnels de gouvernement dans la région, l'augmentation des activités terroristes et la situation socio-économique désastreuse ».

Ils ont exprimé leur soutien aux efforts de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l'Union africaine ainsi que des Nations unies et se sont félicités de leurs déclarations réaffirmant leur opposition à toute prise de pouvoir par des moyens anticonstitutionnels et demandant aux personnes concernées de s'abstenir de recourir à la violence, de céder le pouvoir et retourner dans leur caserne.

Ils ont souligné « l'urgente nécessité du rétablissement de l'ordre constitutionnel au Niger ».

Des mères au Niger reçoivent des conseils de l'ONU sur la façon de nourrir les enfants sous-alimentés.
© PAM/Evelyn Fey
Des mères au Niger reçoivent des conseils de l'ONU sur la façon de nourrir les enfants sous-alimentés.

Opérations humanitaires se poursuivent

Plus tôt dans la journée, la plus haute responsable de l'ONU dans le pays a déclaré lors d'une visioconférence de presse avec des journalistes à New York que les opérations humanitaires, le soutien au développement et les programmes de paix au Niger se poursuivaient après la tentative de coup d'État militaire de cette semaine. 

Nicole Kouassi, Coordinatrice résidente et Coordinatrice humanitaire par intérim des Nations Unies, s'exprimait depuis la capitale, Niamey, quelques heures après que le général dont les troupes ont séquestré le Président démocratiquement élu a déclaré qu'il prenait le contrôle du pays.

Au nom des agences de l'ONU sur le terrain, elle s'est fait l'écho de la condamnation par le Secrétaire général des Nations Unies de cette tentative de coup d'État contre le Président Mohamed Bazoum, qui serait toujours retenu à son domicile.

Une situation difficile

Mme Kouassi, s'est inquiétée de la « situation difficile » actuelle au Niger, où 4,3 millions de personnes, principalement des femmes et des enfants, dépendaient déjà de l'aide avant la tentative de coup d'État. 

Quelques 3,3 millions de personnes sont confrontées à l'insécurité alimentaire, alors que l'appel de fonds de 534 millions de dollars n'est financé qu'à hauteur d'un peu plus de 30%, a-t-elle déclaré, appelant à un soutien accru.

Les Nations Unies et les groupes d'aide internationale n'ont pas cessé d'acheminer l'aide dans le contexte de la crise.  Cependant, les vols du Service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) ont été temporairement suspendus en raison de la fermeture de l'espace aérien et des frontières territoriales.

« Tous les partenaires humanitaires et de développement restent engagés à soutenir la population vulnérable du Niger qui est affectée par une combinaison de problèmes climatiques, de chocs économiques et sécuritaires dans le contexte de besoins humanitaires et de développement très élevés », a dit la haute responsable onusienne.

La réponse n'a jamais cessé

Selon le Directeur national du Programme alimentaire mondial (PAM), Jean-Noël Gentile, « la réponse humanitaire se poursuit sur le terrain et n'a jamais cessé ». 

Le PAM fournit une aide en espèces et une aide alimentaire au Niger et évaluera en permanence la situation pour s'assurer que son personnel et ses partenaires puissent accéder en toute sécurité aux personnes dans le besoin.

Aucun signe avant-coureur n'a été remarqué. Nous nous sommes réveillés le matin et nous avons été confrontés à la situation

« Ce n'est que si la sécurité est un problème que nous pourrons suspendre temporairement certaines opérations dans certaines zones. Mais ce n'est pas le cas actuellement », a-t-il déclaré.

Impact de la fermeture des frontières

La crise pourrait potentiellement affecter la réponse humanitaire dans l'ensemble de la région, qui continue à faire face aux impacts des conflits, de la sécheresse, de l'insécurité et d'autres défis.

M. Gentile a indiqué que le PAM a récemment établi une plate-forme logistique à Niamey comme point de transit pour les zones difficiles à atteindre dans les pays voisins, le Burkina Faso et le Mali, qui ne sont accessibles que par le Niger.

L'agence a également facilité l'acheminement de l'aide humanitaire au Tchad, qui accueille actuellement des centaines de milliers de personnes fuyant le conflit au Soudan. « La fermeture des frontières suspendra donc temporairement ce soutien logistique transfrontalier vital ».

M. Gentile a déclaré que le PAM travaillait sur des itinéraires alternatifs dans les deux cas.

Pendant ce temps, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, n'a pas été témoin de « mouvements particuliers » liés à la tentative de coup d'Etat, a dit Emmanuel Gignac, Représentant adjoint au Niger.

Le HCR surveille les mouvements réguliers de personnes déplacées à l'intérieur du Niger ou les flux de réfugiés en provenance du Burkina Faso, du Mali et du nord-ouest du Nigéria.

Aucun signe avant-coureur

En réponse à une question d'un journaliste, Mme Kouassi a affirmé que les agences de l'ONU étaient en contact avec les militaires, soulignant qu'elles n'avaient pas de mandat politique.

Les journalistes ont également demandé s'il y avait eu des signes avant-coureurs avant la tentative de coup d'État, ou si les fonctionnaires de l'ONU avaient vu du personnel de la société militaire privée russe Wagner Group au Niger. Mme Kouassi a répondu par la négative à ces deux questions.

« Aucun signe avant-coureur n'a été remarqué », a dit la Coordinatrice résidente ajoutant, « Nous nous sommes réveillés le matin et nous avons été confrontés à la situation. Et à ce jour, aucun signe de Wagner du point de vue de l'ONU ».