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A la conférence sur le bassin du lac Tchad, les participants se sont engagés à aider une région en crise prolongée

Des mères déplacées avec leurs enfants participent à un exercice d'évaluation de la famine organisé par le PAM dans l'État de Borno, au nord-est du Nigéria (photo d'archives).
WFP/Arete/Siegfried Modola
Des mères déplacées avec leurs enfants participent à un exercice d'évaluation de la famine organisé par le PAM dans l'État de Borno, au nord-est du Nigéria (photo d'archives).

A la conférence sur le bassin du lac Tchad, les participants se sont engagés à aider une région en crise prolongée

Aide humanitaire

La 3e Conférence de haut niveau sur la région du lac Tchad s'est conclue mardi par des engagements réaffirmés des pays et partenaires du bassin du lac Tchad en faveur d'une réponse coordonnée, régionale et durable soutenue par les acteurs humanitaires, de stabilisation et de développement, a indiqué de Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

La conférence visait à assurer une assistance et une protection humanitaires et à favoriser les possibilités de solutions durables, y compris le retour, la réintégration et la réinstallation des personnes déplacées et des réfugiés sur la base de décisions volontaires, dignes et éclairées, a rappelé OCHA dans un communiqué de presse publié mercredi.

La conférence de deux jours a réuni plus de 30 pays, des organisations internationales et plus de 100 organisations de la société civile les 23 et 24 janvier au Niger, où ils ont convenu de travailler ensemble pour relever les défis actuels.

Le Programme alimentaire mondial aide des familles de la région de l'Extrême-Nord du Cameroun en leur fournissant des rations alimentaires.
© WFP/Glory Ndaka
Le Programme alimentaire mondial aide des familles de la région de l'Extrême-Nord du Cameroun en leur fournissant des rations alimentaires.

Détérioration accélérée des conditions de vie

« Des efforts ont été faits suite aux engagements des deux conférences précédentes sur cette région - la Conférence de 2017 à Oslo et la Conférence de 2018 à Berlin », a déclaré Hassoumi Massoudou, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Niger. « Mais compte tenu de la détérioration accélérée des conditions de vie dans la région, nos interventions semblent très éloignées de la réalité des besoins et des attentes légitimes placées en nous par des millions de personnes qui vivent dans les régions et sont quotidiennement exposées aux effets cumulés de l'insécurité et du changement climatique ».

La région du bassin du lac Tchad continue de faire face à une crise prolongée et complexe provoquée par l'extrême pauvreté, le changement climatique, les conflits violents et le manque de services sociaux, malgré de nombreux gains. Aujourd'hui, plus de 24 millions de personnes dans la région sont touchées par la crise et environ 5,3 millions de personnes sont déplacées.

L'augmentation de la violence a entraîné une détérioration continue de la situation sécuritaire, entraînant un nouveau retrait des institutions gouvernementales dans la région. En outre, les mauvaises perspectives économiques, la diminution des ressources et la perte des moyens de subsistance, encore aggravées par les conséquences du changement climatique, ont poussé les gens à quitter leur foyer.

Grâce aux efforts conjoints des gouvernements locaux et nationaux et des organisations de la société civile soutenus par la communauté internationale, notamment à travers la « Stratégie régionale pour la stabilisation, la résilience et le relèvement de la Commission du bassin du lac Tchad », des améliorations ont été enregistrées. Les participants ont cependant reconnu qu'il reste encore beaucoup à faire, et la conférence qui se déroule dans la région est une étape importante qui reconnaît l'action des habitants de la région.

« Les crises en Afrique ont besoin de solutions africaines. Par conséquent, il est important que cette conférence sur le lac Tchad ait lieu pour la première fois dans la région du lac Tchad », a déclaré Katja Keul, ministre d'État au ministère fédéral des Affaires étrangères d'Allemagne. « L'Allemagne restera un partenaire fiable. Malgré la guerre en Ukraine, nous fournissons à la région plus d'argent, et non moins, pour l'aide humanitaire, la stabilisation et le développement. Nous sommes convaincus que la sécurité et la stabilité de l'Europe et de l'Afrique sont directement liées ».

Autonomisation des femmes

Les participants ont convenu que les efforts humanitaires, de stabilisation, de paix et de développement efficaces doivent être centrés sur les personnes, collaboratifs et tenir compte des connaissances et de l'expertise disponibles au sein des gouvernements, des sociétés civiles et des communautés, y compris les organisations dirigées par des femmes et des jeunes, avec un accent particulier sur la représentation et l'autonomisation des jeunes femmes et des adolescentes.

« L'appropriation nationale et régionale est la clé des solutions durables. Je tiens, en particulier, à souligner les voix importantes des femmes et des acteurs de la société civile », a déclaré Erling Rimestad, Vice-ministre des Affaires étrangères de la Norvège. « Nous devons garantir le respect des droits humains et du droit international humanitaire afin de favoriser un environnement protecteur pour les civils et de garantir des solutions durables pour les personnes déplacées… Nous devons nous efforcer de créer de l'espoir pour les générations futures de cette région ».

Les participants ont renouvelé leur engagement en faveur d'efforts coordonnés, y compris les approches transfrontalières, le respect des droits de l'homme, le renforcement de la gouvernance visible et inclusive, la disponibilité des ressources économiques et l'accès aux services sociaux, la sécurité alimentaire et la qualité de la nutrition.

« Je remercie les États membres, les partenaires et les donateurs pour leurs généreuses annonces de soutien aujourd'hui. Nous sommes déterminés à continuer de fournir une assistance vitale à des millions de personnes dans la région du lac Tchad qui endurent quotidiennement des conditions épouvantables. Mais l'action humanitaire ne suffira pas à mettre fin à la misère. Si nous ne nous attaquons pas aux causes profondes de la crise, les blessures de la région ne guériront pas », a déclaré Joyce Msuya, Sous-Secrétaire générale des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d'urgence. « Notre engagement doit se mesurer en décennies et non en années. C'est ainsi que nous renforçons la résilience dans une région qui réclame le changement ».

« Nous devons continuer à investir dans la création des conditions qui favorisent la réalisation des aspirations des jeunes à un avenir meilleur et ancrer notre travail dans une appropriation régionale, nationale et locale, avec les voix de la population, y compris les femmes et les jeunes, qui nous guident », a déclaré Ahunna Eziakonwa, Administratrice adjointe du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Directrice régionale pour l'Afrique.

À cette fin, les États membres et les donateurs institutionnels ont annoncé plus de 500 millions de dollars pour soutenir une réponse régionale globale, complémentaire et coordonnée à la crise dans la région du lac Tchad.