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Somalie : branle-bas de combat humanitaire face aux risques de propagation du Covid-19

Une rue de Mogadiscio, la capitale somalienne. Photo : UA-ONU/Stuart Price
Une rue de Mogadiscio, la capitale somalienne. Photo : UA-ONU/Stuart Price

Somalie : branle-bas de combat humanitaire face aux risques de propagation du Covid-19

Aide humanitaire

En raison de la densité de la population dans les centres urbains et des pratiques d’hygiène inadéquates, le risque de propagation du Covid-19 dans les communautés reste élevé en Somalie, a mis en garde mardi à Genève le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). 

Selon le tableau de bord de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Mogadiscio comptabilise sept cas confirmés et aucun décès.

Pour lutter contre le nouveau coronavirus, « la Somalie a fermé des écoles, interdit les grands rassemblements et suspendu les vols domestiques et de passagers internationaux », a déclaré Jens Laerke, porte-parole du OCHA, lors d’un point de presse virtuel.

Moins de 20% des établissements de santé en Somalie disposent des équipements et des fournitures nécessaires pour gérer les épidémies

Mais pour les organismes humanitaires présents sur place, le défi reste la couverture sanitaire. Moins de 20% des établissements de santé disposent des équipements et des fournitures nécessaires pour gérer les épidémies.

« Le fait que le nombre de travailleurs de la santé dans certaines régions du pays est de deux pour 100.000 personnes, alors que la norme mondiale est de 25 pour 100.000 personnes, est préoccupant », a ajouté M. Laerke. 

Dans ces conditions, les agences travaillent avec le gouvernement somalien pour former le personnel de la santé, établir des centres d’isolement, déployer du personnel de santé aux principaux points d’entrée. Des travailleurs de la santé ont été déployés aux 23 points d’entrée officiellement désignés en Somalie, y compris les quatre aéroports internationaux de Mogadiscio, Garoowe, Bossaso et Hargeisa.

Une femme déplacée est assise dans une tente de fortune avec ses deux petits-enfants dans le district de Wajaale en Somalie. Ils ont été forcés de quitter Haro-Sheikh en raison de la grave sécheresse.
© HCR/Mustafa Saeed
Une femme déplacée est assise dans une tente de fortune avec ses deux petits-enfants dans le district de Wajaale en Somalie. Ils ont été forcés de quitter Haro-Sheikh en raison de la grave sécheresse.

Le PAM redoute que Covid-19 exacerbe une insécurité alimentaire déjà fragile

De son côté du Programme alimentaire mondial (PAM) redoute que la pandémie exacerbe la situation fragile de la sécurité alimentaire en Somalie.  

« La pandémie de Covid-19 pourrait également faire reculer les efforts visant à renforcer la résilience des familles qui dépendent du PAM pour leur subsistance », a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole du PAM lors d’une conférence virtuelle à Genève. 

Face à cette nouvelle donne, l’agence onusienne continue de venir en aide aux plus vulnérables et aux plus touchés par l’insécurité alimentaire en Somalie. Elle a ainsi adapté ses interventions face à l’évolution de la situation.

« Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que cette crise sanitaire ne se transforme en crise alimentaire », a ajouté Mme Byrs.

Le PAM a mis en place des plans opérationnels qui donnent la priorité aux besoins urgents des groupes les plus vulnérables, afin d’assurer une réponse rapide et efficace dans le pire des cas.

Pour l’aide alimentaire vitale, la priorité est ainsi donnée aux personnes les plus vulnérables.

Au cours de ce mois d’avril, l’agence onusienne fournira une ration de deux mois ou l’équivalent de deux mois de transferts d’argent à plus d’un million de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave dans toute la Somalie.

Une Somalienne déplacée élimine les mauvaises herbes dans une ferme en Somalie où des personnes déplacées plantent des tomates, des oignons et du maïs.
PAM/Karel Prinsloo
Une Somalienne déplacée élimine les mauvaises herbes dans une ferme en Somalie où des personnes déplacées plantent des tomates, des oignons et du maïs.

Le PAM prévoit de venir en aide à plus de 5 millions de personnes en 2020

La Somalie fait partie des pays du monde qui présentent des indicateurs préoccupants sur la nutrition et sur le plan de la santé. Selon le PAM, une épidémie de Covid-19 dévasterait le système de soins de santé « déjà fragile ». Dans ce pays, plus d’un million de personnes sont confrontées à une sécurité alimentaire aiguë et la moyenne nationale du taux de malnutrition aiguë est plus de 13%. 

D’ailleurs, l’agence onusienne continue de fournir une aide nutritionnelle à plus de 500.000 femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’aux jeunes enfants pour traiter et prévenir la malnutrition.

« Nous appliquerons strictement les mesures d’atténuation de base telles que l’éloignement social et le lavage des mains dans les centres de nutrition ou de santé maternelle et infantile où une assistance est fournie à ceux qui en ont besoin », a précisé Mme Byrs.

A noter que de récentes enquêtes ont montré que les prix des principales denrées alimentaires ont commencé à augmenter en raison d’achats de panique, de l’accumulation de stocks et des conséquences du confinement de certains marchés clés d’approvisionnement en dehors de la Somalie. 

Des étudiants de l'école du camp pour personnes déplacées d'Howlwadaag, à Baidoa, en Somalie en mai 2019
Photo : ONU
Des étudiants de l'école du camp pour personnes déplacées d'Howlwadaag, à Baidoa, en Somalie en mai 2019

Le défi de la fermeture des écoles et l’aide à apporter aux enfants

Les fermetures temporaires des frontières et les restrictions sur les mouvements internes de vivres dans certaines régions ont également eu un impact sur la disponibilité et les prix. Le PAM entend suivre de près la situation et anticipe sur une possible détérioration qui pourrait également être exacerbée par l’arrivée des pluies à Gu.

Pour 2020, le PAM prévoit de venir en aide plus de 5 millions de personnes en Somalie où vivent au moins 2,6 millions de déplacés internes.

S’agissant du volet éducation, la Somalie, à l’image de certains pays de la Corne de l’Afrique, a dû fermer ses écoles. Et les agences humanitaires onusiennes aident présentement 160.000 enfants dans 650 écoles à travers la Somalie. Avec la fermeture des écoles, il s’agit de trouver des moyens de continuer à aider ces familles et à aider ces enfants avec des rations qui sont distribuées dans les meilleures conditions sanitaires possibles.

Pour l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), l’urgence en Somalie est d’améliorer les abris et augmenter la fourniture d’articles de secours pour aider à l’éloignement social et physique des déplacés internes. Les sites à haut risque pour les personnes déplacées sont ciblés pour la décongestion et l’amélioration des abris et la fourniture d’articles de secours.

« Et le HCR prévoit de soutenir 27.600 personnes déplacées vivant dans des sites à forte densité de personnes déplacées », a annoncé Babar Baloch, porte-parole de l’agence onusienne.