L'actualité mondiale Un regard humain

A l’approche des élections, la Bosnie-Herzégovine est confrontée au risque d’une crise politique profonde

Le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, Valentin Inzko, devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Cia Pak
Le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, Valentin Inzko, devant le Conseil de sécurité.

A l’approche des élections, la Bosnie-Herzégovine est confrontée au risque d’une crise politique profonde

Paix et sécurité

Devant le Conseil de sécurité ce mardi, le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine a prévenu que l’objectif commun de « stabilité irréversible pour le pays n’a pas encore été atteint ».

Malgré certaines mesures positives prises par les dirigeants de la Bosnie-Herzégovine vers l’intégration euro-atlantique, le rythme des réformes reste très lent, a déclaré Valentin Inzko qui présentait son dernier rapport au Conseil.

Pendant la période à l’étude du rapport, la Bosnie-Herzégovine a franchi une étape importante dans ses démarches pour accéder au statut de candidat à l’Union européenne en remettant sa réponse au questionnaire de la Commission européenne. Le Parlement a également adopté un ensemble de lois relatives aux droits d’accise, ce qui a permis de débloquer des financements du Fonds monétaire international (FMI).

Malheureusement, a regretté M. Inzko, bon nombre d’élus continuent de se concentrer outre mesure sur des questions qui divisent. 

A l’approche des élections, une escalade de discours irresponsables

Alors que commence la campagne électorale, le Haut-Représentant a constaté une escalade des discours irresponsables et inflammatoires qui remettent en question les fondamentaux de l’Accord de paix. La politique de contestation des institutions de l’État que mène la Republika Sprska se poursuit.

En particulier, le Haut-Représentant s’est dit très inquiet par les propos tenus par ceux qui ont évoqué la possibilité d’un conflit armé en cas de scission du pays.

M. Inzko a demandé aux personnalités politiques de choisir leurs mots avec précaution et de manière responsable. « La Bosnie-Herzégovine, a-t-il rappelé, forme un État pluriethnique et souverain composé de deux entités, où tous les citoyens, ceux des trois peuples constitutifs et les autres, vivent et travaillent ensemble, et où, par-dessus tout, les élus ont la responsabilité d’œuvrer à la paix et à la réconciliation ».

C’est dans ce climat politique général que la Bosnie-Herzégovine entre dans un nouveau cycle électoral, la Commission électorale centrale devant annoncer cette semaine la date des élections prévues pour octobre 2018.

Le Haut-Représentant a, une fois de plus, mis en garde contre le risque d’une crise politique profonde si un accord n’est pas trouvé à propos des modifications à apporter à la loi électorale régissant l’élection au suffrage universel indirect des délégués d’une des chambres du Parlement de la Fédération. 

Il a appuyé les efforts entrepris par l’Union européenne et les États-Unis pour faciliter un accord entre les principaux partis politiques sur la question des amendements à la loi électorale.

Détérioration de l’Etat de droit et corruption endémique

M. Inzko s’est également dit préoccupé par la détérioration de l’Etat de droit. Des élus continuent d’ignorer ou de rejeter les décisions prise par les cours étatiques et la corruption est endémique dans le système politique.

Le Haut-Représentant a relevé que les citoyens de Mostar restent privés du droit démocratique fondamental d’élire leurs représentants locaux. Encouragé toutefois par le fait que les représentants de plusieurs partis ont commencé à se réunir dans cette ville, il les a exhortés à trouver un compromis.

Devant le Conseil de sécurité, M. Inzko a souligné que la situation en Bosnie-Herzégovine requiert une attention continue et un effort concerté de la part de la communauté internationale.

Le risque, a ajouté le Haut-Représentant, est que les divisions actuelles et le sentiment de malaise ne pénètrent progressivement dans le tissu social de la Bosnie-Herzégovine. Il ne faut pas non plus oublier les dangers du nationalisme et de l’extrémisme de tous les côtés, aggravés par la stagnation socio-économique.    

« Nous devons garder tous les instruments à notre disposition pour prévenir toute détérioration de la situation, qu’il s’agisse des mandats civils et militaires », a recommandé M. Inzko.