L'actualité mondiale Un regard humain

Afghanistan : l’ONU a besoin de 600 millions de dollars pour ses opérations humanitaires

Au cours des six premiers mois de 2021, le PAM a fourni une assistance à 5,5 millions de personnes en Afghanistan.
PAM
Au cours des six premiers mois de 2021, le PAM a fourni une assistance à 5,5 millions de personnes en Afghanistan.

Afghanistan : l’ONU a besoin de 600 millions de dollars pour ses opérations humanitaires

Aide humanitaire

Alors que l’Afghanistan est confronté à « l’effondrement de ses services de base et de l’aide alimentaire », l’ONU a lancé, mardi, un appel de fonds de plus de 600 millions de dollars pour financer ses projets humanitaires jusqu’à fin décembre. 

Le lancement de cet appel intervient à quelques jours de la conférence ministérielle humanitaire organisée lundi 13 septembre prochain à Genève. « L’appel est une priorisation des besoins non satisfaits dans le Plan annuel de réponse humanitaire lancé plus tôt cette année, plus les nouveaux besoins émergents », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Jens Laerke, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

L’appel comprend 413 millions de dollars de besoins non financés qui figuraient déjà dans l’appel précédent, avec 193 millions de dollars destinés à de nouveaux besoins et des changements dans les coûts des opérations, selon l’OCHA.

Face aux besoins croissants dans le pays, les Nations Unies espèrent plus d’engagement des pays donateurs. Pour l’ONU, cette aide de 606 millions de dollars est nécessaire pour fournir des vivres et aider près de 11 millions de personnes au cours des quatre mois restants de 2021.

Effondrement des services de base en Afghanistan

« Cela inclut deux millions de personnes qui n’étaient pas couvertes auparavant par le Plan de réponse humanitaire », a détaillé M. Laerke. Ce nouvel appel prévoit ainsi des soins pour 3,4 millions de personnes et des projets dans la lutte contre la malnutrition aiguë d’un million de personnes.

Il permettra d’améliorer l’assainissement de l’eau et l’hygiène pour 2,5 millions de personnes. Le dispositif comprend aussi un volet sur la protection d’1,5 million d’Afghans, notamment contre les violences sexuelles. L’appel permettra également de financer des projets pour l’éducation d’urgence des enfants, ainsi que pour des abris et d’autres aides non alimentaires.

Le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres présidera, lundi prochain à Genève, une réunion ministérielle hybride sur l’Afghanistan. Selon le porte-parole d’OCHA, le pays est confronté à l’effondrement des services de base. Ceux-ci s’effondrent et les vivres et autres aides vitales sont sur le point de manquer.

Martin Griffiths, chef de l'humanitaire de l'ONU, discute de questions humanitaires avec des dirigeants talibans à Kaboul, en Afghanistan.
OCHA
Martin Griffiths, chef de l'humanitaire de l'ONU, discute de questions humanitaires avec des dirigeants talibans à Kaboul, en Afghanistan.

Une conférence à Genève pour soutenir l’Appel de fonds

« Nous demandons instamment aux donateurs internationaux de soutenir cet appel rapidement et généreusement. L’événement du 13 septembre est une occasion de s’engager à soutenir cet appel », a fait valoir M. Laerke, rappelant la récente mise en garde du chef de l’ONU sur « une catastrophe humanitaire imminente » en Afghanistan.

Selon l’ONU, 18 millions d’Afghans, soit la moitié du pays, ont besoin d’une assistance humanitaire. Comme pour aggraver les choses, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’inquiète de « l’insécurité alimentaire » et des menaces qui pèsent sur les moyens de subsistance des populations rurales.

« C’est une préoccupation croissante depuis des mois », a déclaré Rein Paulsen, Directeur des opérations d’urgence de la FAO lors d’un point de presse virtuel depuis Islamabad (Pakistan). La dernière analyse (mars-mai) pour l’Afghanistan a révélé qu’un Afghan sur trois souffre d’insécurité alimentaire aiguë.

« La situation actuelle entraîne de nouvelles perturbations importantes - disponibilité de l’argent liquide, marchés, disponibilité des intrants agricoles, crédit et main-d’œuvre - et menace la saison critique du blé d’hiver en Afghanistan, qui est sur le point de commencer », a-t-il ajouté.

Une communauté d'une région isoléee de l'Afghanistan dépend de cliniques mobiles gérées par des agences humanitaires pour recevoir des soins de santé primaires.
Photo : OIM
Une communauté d'une région isoléee de l'Afghanistan dépend de cliniques mobiles gérées par des agences humanitaires pour recevoir des soins de santé primaires.

Les besoins urgents dans les zones rurales

Selon la FAO, la fenêtre d’opportunité pour aider les agriculteurs à préparer la saison du blé d’hiver qui approche à grands pas est étroite et limitée dans le temps.

Des millions de personnes dans les zones rurales de l’Afghanistan dépendent de l’agriculture pour leurs moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des ménages. 70% des Afghans vivent dans des zones rurales ; l’agriculture génère 25,5% du PIB, emploie directement 45% de la main-d’œuvre et fournit des moyens de subsistance (directs et indirects) à 80% de la population. 

Pour la FAO, il faut donc intensifier maintenant l’aide internationale. « Si nous ne le faisons pas, la faim et les déplacements de population augmenteront à court terme et les moyens de subsistance des familles rurales subiront des effets dévastateurs à long terme », a mis en garde M. Paulsen.

En attendant, la FAO reste sur le terrain en Afghanistan. En août dernier, elle a fourni des moyens de subsistance et une aide en espèces à plus de 1,5 million de personnes dans 26 des 34 provinces du pays. Rien qu’en août, la FAO a touché plus de 100.000 personnes. Malgré la fluidité de la situation actuelle, la FAO a pu poursuivre ses opérations dans 26 des 34 provinces du pays.

Le sort des enfants non accompagnés et séparés évacués d’Afghanistan

Sur un autre plan, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance s’est inquiété du sort des enfants non accompagnés et séparés évacués d’Afghanistan. L’UNICEF et ses partenaires ont enregistré environ 300 enfants non accompagnés et séparés évacués d’Afghanistan.

« Nous nous attendons à ce que ce nombre augmente grâce aux efforts d’identification en cours », a indiqué dans un communiqué, la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore.

Depuis le 14 août, des centaines d’enfants ont été séparés de leur famille dans des « conditions chaotiques, y compris des évacuations à grande échelle, dans et autour de l’aéroport international de Kaboul ». Selon l’UNICEF, certains de ces enfants ont été évacués sur des vols à destination de l’Allemagne, du Qatar et d’autres pays.

« Il est vital qu’ils soient rapidement identifiés et gardés en sécurité pendant les processus de recherche et de réunification des familles », a ajouté Mme Fore, insistant l’importance d’accorder « la priorité à l’intérêt supérieur de l’enfant et à protéger les enfants contre les abus, la négligence et la violence ». « Je ne peux qu’imaginer à quel point ces enfants ont dû être effrayés de se retrouver soudainement sans leur famille alors que la crise se déroulait à l’aéroport ou qu’ils étaient emmenés par un vol d’évacuation », a conclu Mme Fore.