Syrie : au Conseil de sécurité, l’ONU exhorte la Russie et la Turquie à sécuriser un nouveau cessez-le-feu
Syrie : au Conseil de sécurité, l’ONU exhorte la Russie et la Turquie à sécuriser un nouveau cessez-le-feu
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a tenu une réunion d’urgence vendredi après-midi sur la situation en Syrie après la mort la veille d’une dizaine de soldats turcs.
L'ONU a vivement exhorté la Russie et la Turquie à « s'appuyer sur les accords précédents pour obtenir un nouveau cessez-le-feu » dans le nord-ouest de la Syrie déchiré par la guerre.
Près d’un million de personnes ont été déplacées par les combats qui ont commencé début décembre. « Mais au-delà de la situation humanitaire dramatique, je pense qu'il est important de reconnaître que le conflit a changé de nature. Et nous avons assisté à une escalade très significative ces derniers jours », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, aux membres du Conseil.
« Je pense que tout cela crée un environnement dans lequel le risque de l'escalade devienne incontrôlable, compte tenu du volume des forces qui se trouvent à Idlib et autour d'Idlib qui ne peut pas être pris à la légère », a ajouté le chef de l’ONU.
Des frappes « apparemment sans égard pour les civils »
Devant le Conseil de sécurité, la cheffe des affaires politiques et de la consolidation de la paix de l'ONU, Rosemary DiCarlo a récapitulé les événements des neuf derniers jours, avec l'avance syrienne soutenue par la Russie à travers Idlib, ainsi que la contre-attaque à l'est des groupes armés non-étatiques qui ont repris la ville de Saraqib.
« Cette action a fait perdre le contrôle du gouvernement syrien sur l'autoroute stratégique M5. Les forces turques auraient joué un rôle de soutien dans cette opération », a déclaré Rosemary DiCarlo.
Suite à la mort signalée de 33 soldats turcs confirmée par Ankara, Mme DiCarlo a déclaré que des responsables du ministère russe de la défense avaient « confirmé qu'un nombre indéterminé de soldats turcs, qui, selon eux, se trouvaient « avec des combattants de l'opposition », avaient été touchés par des bombardements du gouvernement syrien ».
La Turquie a noté qu'elle avait ciblé des positions du gouvernement syrien en represaille, « avec des avions, des drones armés et de l'artillerie », a ajouté Mme DiCarlo.
« Nous exhortons vivement la Russie et la Turquie à s'appuyer sur leurs accords antérieurs pour obtenir un cessez-le-feu pour le nord-ouest de la Syrie », a-t-elle déclaré, notant l'impact dévastateur de l'escalade sur les civils.
Les attaques étaient venues de l'air et du sol « apparemment sans égard pour les civils », déplaçant près d'un million de personnes, dont plus de 560.000 enfants. « Ils fuient vers le nord… dans des zones de plus en plus réduites où ils espèrent toujours trouver une sécurité relative ».
Si le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a vérifié au moins 1.750 morts parmi les civils depuis avril, le nombre réel « est probablement plus élevé », a déclaré Mme DiCarlo, 94% des victimes se trouvant dans des zones tenues par l'opposition.
Le groupe terroriste désigné comme tel par le Conseil de sécurité, Hayat Tahrir al-Sham, est également responsable d'attaques aveugles, a-t-elle déclaré. « Des civils sont tués dans des camps de déplacés, des écoles et des hôpitaux. Cela se passe à la vue de tous, nuit et jour, jour après jour. Des hôpitaux détruits. Des écoles détruites. La vie des peuples a été détruite ». « Et tout se passe sous notre surveillance », a-t-elle déclaré aux membres du Conseil.
Avec un « record sans cesse croissant de destructions et d'atrocités » en Syrie, la haute responsable onusienne a noté les innombrables avertissements de l'ONU selon lesquels les attaques contre des civils sont tout simplement inacceptables.
« Nous avons réaffirmé aux parties que toutes les opérations militaires doivent respecter les règles du droit international humanitaire. Si de tels actes et tactiques horribles persistent malgré l'indignation mondiale, est-ce en grande partie parce que leurs auteurs ne craignent pas de rendre des comptes et la justice ? », a-t-elle demandé.
Pour Mme DiCarlo, les civils vivant dans la terreur quotidienne combats à travers la Syrie, « ne demandent pas une pause dans les combats. Ils demandent la fin du massacre. Nous devons tous assumer notre responsabilité de faire tout notre possible pour mettre fin à cette violence ».