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Au Myanmar, les Rohingyas toujours victimes de violations des droits de l'homme (experts de l’ONU)

Des Rohingyas arrivés par bateau à Shah Porir Dwip, au Bangladesh, se dirigent à pied avec leurs biens vers un centre d'enregistrement et de distribution d'aide aux réfugiés établi à Teknaf, dans la région de Cox's Bazar.
UNICEF/Brown
Des Rohingyas arrivés par bateau à Shah Porir Dwip, au Bangladesh, se dirigent à pied avec leurs biens vers un centre d'enregistrement et de distribution d'aide aux réfugiés établi à Teknaf, dans la région de Cox's Bazar.

Au Myanmar, les Rohingyas toujours victimes de violations des droits de l'homme (experts de l’ONU)

Droits de l'homme

L'arrivée continue de réfugiés rohingyas au Bangladesh reflète la « gravité persistante » des violations des droits de l'homme au Myanmar, ont prévenu des experts de l’ONU.

La Mission d’établissement des faits de l’ONU sur le Myanmar a conclu jeudi un déplacement de cinq jours au Bangladesh. Une visite au cours de laquelle les experts de cette instance, mandatée par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, ont recueilli les témoignages de réfugiés rohingyas récemment arrivés dans la région bangladaise de Cox’s Bazar.

« Malheureusement, les types de violence observés depuis l’année dernière ne se produisent pas uniquement dans l’Etat de Rakhine », a déploré Christopher Sidoti, membre de la Mission. « En général, ils correspondent à des schémas de violations contre les minorités ethniques et religieuses au Myanmar », a ajouté l’ancien Commissaire australien aux droits de l’homme, précisant que la Mission a reçu des informations faisant état de « violations généralisées » dans les Etat de Kachin et de Shan, des régions du Myanmar.

La Sri-lankaise Radhika Coomaraswamy, qui dirige le travail de la Mission sur les violences sexuelles, a recueilli des témoignages de personnes ayant subi des tortures en détention. « Les jeunes hommes avec qui j’ai parlé étaient particulièrement anxieux quant à leur avenir, montrant des signes de traumatisme profond. Sans éducation et sans moyens de subsistance, je crains pour leur avenir », a fait remarquer celle qui fut Représentante spéciale de l’ONU sur les enfants et les conflits armés de 2006 à 2012.

Durant leur visite de cinq jours au Bangladesh, les trois membres de la Mission se sont rendus au camp de Kutupalong qui abrite plus de 700.000 réfugiés ayant fui les violences au Myanmar depuis août 2017. Cette visite a permis aux experts onusiens de recueillir des informations de première main sur l’évolution de la situation au Myanmar depuis l’année dernière et les conditions de vie actuelles des réfugiés rohingyas.

« Les nombreuses victimes avec qui nous avons parlé ont posé des questions sur leur avenir », a déclaré Marzuki Darusman, le Président de la Mission d’enquête. Il faut « soulager les souffrances, honorer le droit et garantir une justice » pour tous ces réfugiés, a affirmé l’ancien Procureur général de l’Indonésie.

La Mission présentera son rapport final le 18 septembre à Genève

Les experts de la Mission ont conclu leur deuxième visite dans la région. Un déplacement qui vient compléter les enquêtes menées par leur équipe depuis septembre 2017.

En revanche, la Mission n’a toujours pas accès au Myanmar. Ses membres ont toutefois pu rencontrer à Dacca des représentants gouvernementaux bangladais, d’organisations internationales et d’ONG.

La Mission d’établissement des faits de l’ONU sur le Myanmar a été créée par le Conseil des droits de l’homme en mars 2017. Son mandat est d’établir les faits et les circonstances des violations récentes des droits de l'homme commises par les forces militaires et de sécurité et des violations commises au Myanmar, en particulier dans l'État de Rakhine.

La Mission examine la nature des violences, y compris les violences sexuelles, la torture, les meurtres, la privation arbitraire de la liberté, les restrictions sévères aux mouvements, le travail forcé, et l’usage de propos haineux avant et dans le contexte de la crise actuelle au Myanmar. Elle doit présenter son rapport final le 18 septembre prochain à Genève lors du Conseil des droits de l’homme.