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Un maison détruite à Kharkiv, en Ukraine.

Ukraine : l’ONU préoccupée par l’intensification des attaques à Kharkiv

© UNICEF/Oleksii Filippov
Un maison détruite à Kharkiv, en Ukraine.

Ukraine : l’ONU préoccupée par l’intensification des attaques à Kharkiv

Paix et sécurité

Alors que depuis plusieurs semaines, les attaques russes redoublent de violence en Ukraine, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est inquiété, mardi, de l’intensification des attaques dans la région de Kharkiv, proche de la frontière.

L’intensification des attaques dans l’oblast de Kharkivska continue de faire des victimes civiles, de causer des destructions massives et de provoquer des déplacements à partir des communautés territoriales (hromadas) de la ligne de front et des localités frontalières.

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit profondément préoccupé par le sort des civils en Ukraine où « les forces armées russes ont intensifié leurs attaques ces derniers jours ». 

Ces derniers assauts, qui ont permis à Moscou de « s’emparer de nouveaux territoires ukrainiens », a provoqué de nouveaux déplacements de population et « menace potentiellement Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine ».

Au moins huit civils tués depuis vendredi

Depuis la dernière incursion des forces russes le 10 mai, au cours de laquelle elles ont pris le contrôle de plusieurs petites localités, l’ONU estime qu’au moins 6.000 personnes ont fui ou ont été évacuées des zones situées à la frontière. « Nombre d’entre elles ont atteint la ville de Kharkiv, située à seulement 30 ou 40 kilomètres des combats », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Liz Throssell, porte-parole du HCDH. 

Sur place, les équipes de surveillance des droits de l’homme de l’ONU en Ukraine, qui continue d’analyser les informations en provenance du terrain, ont vérifié qu’au moins huit civils ont été tués et 35 blessés dans la région de Kharkiv depuis vendredi dernier. 

« Ces chiffres s’inscrivent dans la continuité du mois d’avril, au cours duquel au moins 129 civils ont été tués et 574 blessés, pour la plupart lors d’attaques menées par les forces armées russes le long de la ligne de front », a ajouté Mme Throssell.

Dans la région, la situation est « désastreuse », avec l’intensification des combats. Les équipes du HCDH à Kharkiv rapportent que les sirènes d’alerte aérienne retentissent presque constamment. « Nos collègues entendent des explosions dans la zone frontalière et même dans la ville », a fait valoir Liz Throssell.

L'entrée de la ville de Kharkiv, en Ukraine.
UN News/Roman Shakhmatenko

Des coupures d’électricité quotidiennes

Dans la ville frontalière de Vovchansk, au nord-est de l’Ukraine, où les destructions ont été importantes, des combats intenses se poursuivent. Plusieurs centaines de civils, sur une population de quelque 3.000 habitants avant le 10 mai, s’y trouveraient encore. 

« Nous étudions également des informations selon lesquelles des débris tombés d’un missile intercepté auraient touché un immeuble d’habitation à Belgorod, dans la Fédération de Russie, faisant des victimes civiles », a détaillé la porte-parole du HCDH.

Par ailleurs, les attaques incessantes contre l’infrastructure énergétique de l’Ukraine, qui depuis mars ont touché des millions de personnes dans tout le pays, ont également entraîné des coupures d’électricité quotidiennes dans de nombreux quartiers de Kharkiv.   

Face à l’intensification des combats dans la région, les services du Haut-Commissaire Volker Türk exhortent toutes les parties à tout mettre en œuvre pour éviter ou, en tout état de cause, minimiser les dommages causés aux civils, notamment en « évitant d’utiliser des armes explosives à large spectre dans les zones peuplées ». 

Le Haut-Commissariat appelle également une nouvelle fois la Russie à cesser immédiatement son attaque armée contre l’Ukraine, et à se retirer à l’intérieur des frontières internationalement reconnues.

Maisons et infrastructures civiles endommagées

Sur le plan humanitaire, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note que parmi les 6.000 déplacés, les personnes fuyant les zones touchées par les combats se dirigent vers la ville de Kharkiv, et certaines se rendent dans d’autres parties du pays.

Selon l’OCHA, les autorités locales ont signalé qu’au moins 30 villes et villages de l’oblast ont subi une nouvelle vague d’attaques le 12 mai, endommageant des maisons, un établissement d’enseignement et d’autres infrastructures civiles. 

En particulier, la ville de Vovchansk, située à environ 5 kilomètres de la frontière avec la Russie, aurait subi de lourdes destructions selon les témoignages recueillis par les travailleurs humanitaires auprès des habitants ayant fui la ville. 

L’Agence de l’ONU pour les migrations (OIM) estime qu’il reste 300 personnes à Vovchansk sur 2.500 habitants avant cette dernière escalade des hostilités, selon les autorités. Au total, selon l’évaluation de l’OIM publiée le 13 mai, 5.300 personnes seraient encore présentes dans les communautés territoriales les plus touchées de Lypetska et Vovchanska.

Lisa Doughten, Directrice de la Division du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), informe la réunion du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix et de la sécurité de l'Ukraine.
UN Photo/Manuel Elias
Lisa Doughten, Directrice de la Division du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), informe la réunion du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix et de la sécurité de l'Ukraine.

Réunion du Conseil de sécurité

Dans un exposé sur la situation humanitaire en Ukraine devant le Conseil de sécurité mardi après-midi, une haute responsable de l’ONU a indiqué que le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies (HCDH) a enregistré plus de 700 victimes civiles à travers l’Ukraine en avril (129 tués et 574 blessés). Il s'agit d'une augmentation significative du nombre de civils blessés pour le deuxième mois consécutif.

« Dans toute l’Ukraine, nous avons également assisté à une intensification des attaques contre les infrastructures civiles, avec des conséquences humanitaires de grande envergure », a observé Lisa Doughten, Directrice de la Division des financements et des partenariats au sein du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), au nom du chef d’OCHA, Martin Griffiths.

Depuis le 22 mars, l’ONU et ses partenaires ont été témoins de cinq vagues d’attaques dirigées contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Les régions de Kharkiv et de Dnipro sont particulièrement touchées, le ministère ukrainien de l'Énergie signalant que jusqu'à 250.000 habitants subissent des pannes de courant récurrentes à Kharkiv et des restrictions à Dnipro depuis mars.

« Ces attaques ont détruit ou endommagé des centrales électriques et des sous-stations électriques. L’impact de ces coupures d’électricité sur les plus vulnérables est brutal. Elles ont temporairement laissé des millions de foyers à travers le pays sans électricité, sans eau et sans gaz nécessaires à la cuisine, au chauffage, à l’hygiène et à d’autres services vitaux », a noté Mme Doughten.

Attaques contre les infrastructures ferroviaires

Elle s’est aussi dit extrêmement préoccupée par ce qui semble être une nouvelle série d’attaques contre les infrastructures ferroviaires dans l’est et le sud de l’Ukraine. Les dégâts au système ferroviaire empêchent la circulation des personnes, des biens, tels que les matériaux de construction, et d'autres fournitures essentielles.

Les attaques contre des usines sont également jugées préoccupantes. En outre, les attaques continues contre les infrastructures portuaires ukrainiennes menacent leur capacité à exporter des céréales et d’autres produits agricoles.

La haute fonctionnaire s’est dit alarmée par les informations faisant état d’attaques endommageant les infrastructures énergétiques et les raffineries de pétrole en Russie, de telles attaques risquant d’envenimer davantage la guerre et d’aggraver ses conséquences humanitaires.

Elle a noté que l’intensification des hostilités rend l’acheminement de l’aide humanitaire encore plus dangereux, même si l’ONU et ses partenaires humanitaires font tout leur possible pour venir en aide aux personnes qui ont besoin d’aide, malgré les risques énormes.

Dans tout le pays, fin mars de cette année, 3,6 millions de personnes avaient reçu une forme d'aide humanitaire. Depuis le début de l'année, une douzaine de convois inter-institutions ont notamment livré des fournitures vitales à 20.000 personnes dans les zones en première ligne.