L'actualité mondiale Un regard humain
 Une femme déplacée vendant des bâtons de manioc, le principal aliment de base en République centrafricaine, sur un site pour personnes déplacées à Batangafo.

République centrafricaine : la situation humanitaire reste critique avertit l’ONU

© UNOCHA/Adrienne Surprenant
Une femme déplacée vendant des bâtons de manioc, le principal aliment de base en République centrafricaine, sur un site pour personnes déplacées à Batangafo.

République centrafricaine : la situation humanitaire reste critique avertit l’ONU

Aide humanitaire

La situation humanitaire en République centrafricaine (RCA) reste critique, avec plus de la moitié de la population, soient 3,4 millions de personnes, ayant besoin d'assistance et de protection, a déclaré lundi le responsable de l'aide humanitaire des Nations Unies dans le pays.

Sur ce nombre, 2,4 millions « ont des besoins si graves et si complexes que leur survie et leur dignité sont en danger », a déclaré Mohamed Ag Ayoya, le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies en RCA, à des journalistes à Genève.

Le conflit au Soudan voisin a encore exacerbé les besoins et un plan humanitaire de 465 millions de dollars pour le pays a été modifié pour inclure un soutien à quelque 25.000 ressortissants soudanais et centrafricains fuyant les combats, ainsi qu'aux communautés locales qui les accueillent.

« Notre priorité reste d'aider les groupes les plus vulnérables de la société centrafricaine », a déclaré M. Ag Ayoya. « En outre, nous continuerons à soutenir ceux qui souffrent des conséquences du conflit au Soudan, qu'il s'agisse des personnes déplacées ou des communautés d'accueil ».

Déplacements, inondations et sous-développement

M. Ag Ayoya a présenté le contexte de la crise humanitaire en RCA.  

Les affrontements militaires répétés entre divers groupes armés ont déraciné une personne sur cinq dans le pays enclavé, les obligeant à trouver refuge ailleurs dans le pays ou de l'autre côté de la frontière.

L'année dernière, les inondations ont également touché plus de 100.000 personnes, soit près de trois fois plus que les fois précédentes, et plus de 6.000 maisons ont été détruites.

« Le pays est également marqué par des décennies de manque d'investissements dans des infrastructures socio-économiques, des services et des moyens de subsistance adéquats », a-t-il ajouté. 

 Chaque heure, deux femmes ou filles sont victimes de violences basées sur le genre.

Les services de base sont souvent inaccessibles à la population, ce qui aggrave les conditions de vie des gens et érode leur résilience au point qu'une grande majorité d'entre eux sont contraints d'adopter des mécanismes d'adaptation négatifs, a-t-il fait valoir.

Un coût humain dévastateur

En conséquence, trois citoyens sur cinq n'ont pas accès à l'eau potable et à l'assainissement et à peine plus de la moitié (55 %) des enfants terminent l'école primaire.  

Il y a également un « coût humain dévastateur » puisque chaque heure, deux femmes ou filles sont victimes de violences basées sur le genre. 

Près de 5.000 cas ont été signalés au cours du seul premier trimestre de l'année.

Guerre et pandémie

La situation humanitaire s'est aggravée en raison du conflit au Soudan voisin. Les familles vulnérables avaient déjà du mal à satisfaire leurs besoins fondamentaux en raison de l'impact combiné de la pandémie de COVID-19 et des retombées de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

L'arrivée de près de 14.000 demandeurs d'asile soudanais et rapatriés centrafricains dans le nord-est du pays, ainsi que la fin des échanges commerciaux avec l'Ukraine, sont autant de facteurs qui ont contribué à l'aggravation de la situation. 

« L'arrivée de près de 14.000 demandeurs d'asile soudanais et rapatriés centrafricains dans le nord-est, ainsi que la fin du trafic commercial à travers la frontière, exercent une pression supplémentaire sur les ressources limitées disponibles pour les 130 000 personnes extrêmement vulnérables de la région », a déclaré M. Ag Ayoya.

Une course contre la montre

M. Ag Ayoya a également souligné les difficultés d'acheminement de l'aide humanitaire en RCA, qui « est souvent une course contre la montre et une situation sécuritaire volatile ».   

Pendant la saison des pluies, de grandes parties du pays sont inaccessibles par la route, nécessitant des transports aériens, tandis que « depuis 2022, environ tous les deux jours, un travailleur humanitaire est victime de violence ou d'un incident de sécurité ».

Malgré ces défis, les partenaires humanitaires continuent de trouver des moyens de soutenir les communautés vulnérables.

Se mobiliser pour les urgences

Ils ont atteint près de deux millions de personnes en 2022, soit plus de 90 pour cent des personnes ciblées, et 658 000 personnes au cours des trois premiers mois de cette année seulement.

Les partenaires de l'aide sont également prompts à se mobiliser face aux situations d'urgence, a-t-il ajouté.

« Dans les premières semaines qui ont suivi le début du conflit au Soudan, les partenaires humanitaires ont prépositionné 155 tonnes de fret d'urgence dans le nord-est avant le début de la saison des pluies et ont depuis distribué une aide vitale », a-t-il déclaré.

Un addendum au Plan de réponse humanitaire 2023 pour la RCA a également été élaboré.

Cela a été fait pour refléter les besoins budgétaires supplémentaires de 69 millions de dollars pour aider quelque 25 000 personnes fuyant les combats - à la fois des citoyens soudanais et des ressortissants de retour - et environ 25.000 membres des communautés d'accueil.