Viêt Nam : l’ONU dénonce la détention d’un défenseur des droits environnementaux
Droits de l'homme
Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit, vendredi, troublé par l’arrestation mercredi de l’éminent défenseur des droits de l’homme Hoang Thi Minh Hong à Ho Chi Minh Ville, au Viêt Nam.
Selon des « sources crédibles », Hoang et plusieurs collègues ont été arrêtés pour être interrogés par la division de la police chargée des crimes économiques.
« Alors que d’autres ont été relâchés par la suite et invités à revenir au poste de police pour d’autres interrogatoires, elle s’est vu remettre un ordre de détention temporaire pour évasion fiscale », a déclaré lors d’un point de presse de l’ONU à Genève, Marta Hurtado, du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH).
Au cours des deux dernières années, Hoang est le cinquième défenseur de premier plan des droits environnementaux à être arrêté au Viêt Nam pour évasion fiscale présumée. Dang Dinh Bach, arrêté l’année dernière pour le même motif, purge actuellement une peine de cinq ans d’emprisonnement.
Arrestation disproportionnée de journalistes, de blogueurs, ou d’activistes
À la suite de l’arrestation d’autres défenseurs des droits de l’homme, Mme Hoang avait fermé son organisation de défense de l’environnement, Change VN, parce qu’elle craignait d’être poursuivie à son tour. L’effet dissuasif de ces affaires relevant de la législation fiscale est palpable au sein de la société civile vietnamienne.
« Cela risque d’étouffer le débat sur des questions importantes pour l’ensemble de la société », a alerté Mme Hurtado.
Les arrestations de défenseurs des droits de l’homme dans le domaine de l’environnement ont lieu alors que le Viêt Nam s’est engagé à mettre en place une transition énergétique juste et durable. Pour atteindre cet objectif, les défenseurs des droits de l’homme et les organisations environnementales doivent pouvoir participer librement et activement à l’élaboration des politiques et des décisions en matière de climat et d’environnement, selon l’ONU.
Par ailleurs, les services du Haut-Commissaire Volker Türk se sont également inquiétés par la tendance générale à « l’arrestation, à la détention arbitraire et à la condamnation disproportionnée de journalistes, de blogueurs, d’usagers de Facebook, d’activistes sociaux, de défenseurs des droits fonciers, de défenseurs des droits de l’homme et de dirigeants d’organisations de la société civile ».
Harcèlement juridique
Selon les informations du Haut-Commissariat, au moins 20 de ces personnes ont été arrêtées depuis le début de l’année, mais le chiffre réel pourrait être plus élevé.
« Ces dernières années, les mécanismes de défense des droits de l’homme des Nations Unies ont abordé la question de l’application d’une législation restrictive, y compris de vagues accusations de propagande contre l’État, à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme ou des victimes, y compris ceux qui collaborent avec les Nations Unies », a fait valoir Mme Hurtado.
Le Haut-Commissariat appelle le gouvernement vietnamien à revoir les lois pertinentes afin de garantir leur pleine conformité avec les normes internationales en matière de droits de l’homme.
Il demande également aux autorités de libérer rapidement toutes les personnes détenues arbitrairement.
Il s’agit aussi de veiller à ce que les défenseurs de l’environnement et les autres défenseurs des droits de l’homme soient protégés et puissent participer de manière significative à la prise de décision, sans faire l’objet d’intimidations ou de harcèlement juridique. « C’est un appel sur lequel le Haut-Commissaire a particulièrement insisté auprès de tous les États, à l’occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies », a conclu Mme Hurtado.