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Au Conseil de sécurité, l’ONU plaide pour un soutien aux opérations de paix de l’Union africaine

Dans l'est du Mali, des habitants mettent en avant leurs priorités : sécurité, santé et eau potable.
© MINUSMA/Harandane Dicko
Dans l'est du Mali, des habitants mettent en avant leurs priorités : sécurité, santé et eau potable.

Au Conseil de sécurité, l’ONU plaide pour un soutien aux opérations de paix de l’Union africaine

Paix et sécurité

Une haute responsable des Nations Unies a plaidé jeudi devant le Conseil de sécurité pour un soutien aux opérations de paix dirigées par l’Union africaine (UA) avec des ressources « prévisibles, durables et souples ».

« Les arguments en faveur d'un financement adéquat des opérations de soutien à la paix dirigées par l'UA sont plus que solides. Nous espérons donc que le Conseil de sécurité acceptera d'apporter son soutien, notamment en autorisant l'accès aux contributions fixées par l'ONU », a déclaré la cheffe du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix des Nations Unies, Rosemary DiCarlo, devant les membres du Conseil.

Coopération de longue date

Elle a rappelé que la coopération entre l'Union africaine et l'ONU s'est considérablement développée depuis la signature en 2017 du Cadre conjoint ONU-UA pour un partenariat renforcé, prenant pour l’exemple « l’étroite collaboration, notamment en République centrafricaine, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan ».

« Nous avons abordé une série de questions de paix et de sécurité : initiatives de prévention et de résolution des conflits, maintien et consolidation de la paix, urgence climatique, femmes, paix et sécurité, entre autres. Récemment, par exemple, l'ONU et l'UA ont soutenu les efforts de la CEDEAO pour rétablir l'ordre constitutionnel au Mali, au Burkina Faso et en Guinée », a-t-elle souligné. « Aujourd'hui, l'ONU, l'UA et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) soutiennent les efforts visant à ramener la paix et un régime dirigé par des civils au Soudan ».

Selon la haute responsable des Nations Unies, au cours des vingt dernières années, l'Union africaine « a montré sa volonté de déployer rapidement des opérations de soutien à la paix en réponse aux conflits armés sur le continent ».

« Avec ses missions au Burundi, en République centrafricaine, aux Comores, au Mali, en Somalie et au Soudan, l'UA a contribué au maintien de la paix et de la sécurité continentales », a-t-elle souligné. « Ces missions ont fait preuve d'une volonté et d'un engagement politiques importants, mais elles ont également été confrontées à des problèmes récurrents. Les défis comprenaient les déficits de financement et l'absence des capacités opérationnelles et logistiques requises ».

Bien que le soutien fourni par l'ONU et d'autres partenaires ait été utile et apprécié, il a aussi souvent été imprévisible, a-t-elle noté.

Selon elle, la forme de coopération la plus novatrice entre les deux organisations « a peut-être été le soutien de l'ONU aux missions d'imposition de la paix de l'UA en Somalie ». En 2007, le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé la Mission de l'UA en Somalie (AMISOM). En 2008, le Conseil a mandaté un soutien partiel à partir des contributions obligatoires pour s'assurer que l'AMISOM dispose d'un soutien durable et prévisible pour mener à bien son mandat.

L'AMISOM a contribué à soutenir les forces somaliennes dans leurs efforts pour stabiliser le pays et l'année dernière, elle est devenue la Mission de transition de l'UA en Somalie (ATMIS), dans le but de transférer les responsabilités de sécurité aux forces de sécurité somaliennes d'ici la fin décembre 2024.

Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur la paix et la sécurité en Afrique.
UN Photo/Manuel Elias
Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur la paix et la sécurité en Afrique.

Nécessité de bases solides

Dans ce contexte, Mme DiCarlo a estimé qu’il était « évident que la nécessité de mettre les opérations de paix de l'UA sur des bases solides est de plus en plus pressante ».

« L'UA et les communautés et mécanismes économiques régionaux se sont efforcés ces dernières années de répondre à la nature changeante des conflits en Afrique, du Sahel à la Somalie, du Mozambique à l'est de la République démocratique du Congo », a-t-elle observé, notant que le Sahel est particulièrement touché par une insécurité croissante.

Selon elle, « l'impératif de fournir un financement prévisible, souple et durable » aux opérations de soutien à la paix dirigées par l'UA est bien connu du Conseil de sécurité. Un nouveau rapport du Secrétaire général contient des recommandations sur la manière d'assurer un tel soutien à ces opérations dirigées par l'UA.

Elle a observé que l'Union africaine s'est efforcée de relever le défi financier de ses opérations, notamment en s'engageant à augmenter ses propres contributions financières en revitalisant son Fonds pour la paix de l'UA. L'UA, en coopération avec l'ONU et l'Union européenne, a également entrepris d'élaborer et de rendre opérationnel un cadre de conformité pour respecter les obligations internationales en matière de droits de l'homme et de droit humanitaire ainsi que les normes de conduite et de discipline. 

Une femme vend de la nourriture sur un marché en République démocratique du Congo.
ONU Femmes/Carlos Ngeleka
Une femme vend de la nourriture sur un marché en République démocratique du Congo.

Journée de l’Afrique 

Cette réunion du Conseil de sécurité a eu lieu alors que les Nations Unies ont célébré mercredi 25 mai la Journée de l’Afrique qui « intervient à un moment où la coopération et la solidarité sont plus nécessaires que jamais pour l’avenir du continent », a estimé le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message pour cette journée. 

Selon lui, l’Afrique fait preuve d’un dynamisme « que rien ne peut arrêter », le continent détenant « un potentiel extraordinaire », qu’il s’agisse de l’énergie d’une jeunesse nombreuse ou des possibilités offertes par le libre-échange.

L’Union africaine a désigné 2023 année de la Zone de libre‑échange continentale africaine. Une fois qu’il aura été pleinement établi, le plus grand marché unique au monde pourrait permettre à 50 millions de personnes de sortir de l’extrême pauvreté d’ici à 2035, a estimé M. Guterres. 

Il a souhaité que les gouvernements africains continuent de saisir les possibilités offertes par les richesses naturelles, humaines et entrepreneuriales du continent, en s’efforçant de mobiliser davantage d’investissements privés et d’accroître les ressources au niveau national.

Parallèlement, il a exhorté la communauté internationale à soutenir l’Afrique, notant qu’à l’heure actuelle, « des injustices historiques et économiques entravent les progrès » et que des crises multiples, qui vont de la COVID à la crise climatique en passant par les conflits, continuent de causer de grandes souffrances sur le continent.

Le chef de l’ONU a noté que les pays d’Afrique sont sous-représentés dans les institutions de gouvernance mondiale, qu’il s’agisse du Conseil de sécurité ou du système de Bretton Woods, et se voient refuser l’allègement de leur dette ou le financement à des conditions concessionnelles dont ils ont besoin.

« L’Afrique mérite la paix et la justice et doit pouvoir compter sur la solidarité internationale. Le continent devrait être représenté au plus haut niveau du système financier international. Les banques multilatérales de développement devraient transformer leurs modèles d’activité et mobiliser des fonds pour attirer des financements privés massifs à un coût raisonnable pour les pays en développement. Les pays développés devraient apporter l’appui qu’ils ont promis à la lutte contre les changements climatiques, et faire encore plus. Enfin, nous devons appuyer l’action visant à faire taire les armes sur l’ensemble du continent », a-t-il dit.