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La pénurie de vaccins contre le choléra devrait durer jusqu’en 2025, prévient Gavi

Un enfant reçoit une dose de vaccin contre le choléra dans le camp de réfugiés de Nyiragongore, à Goma, en RDC.
ONU Info/Byobe Malenga
Un enfant reçoit une dose de vaccin contre le choléra dans le camp de réfugiés de Nyiragongore, à Goma, en RDC.

La pénurie de vaccins contre le choléra devrait durer jusqu’en 2025, prévient Gavi

Santé

En raison d’une multiplication des épidémies dans le monde, mais aussi d’une demande vaccinale plus importante que l’offre, la pénurie de vaccins contre le choléra pourrait durer jusqu’en 2025, a alerté lundi Gavi, l’Alliance du Vaccin.

Selon cette organisation basée à Genève et qui regroupe des partenaires privées et des agences de l’ONU, l’approvisionnement mondial en vaccins anticholériques oraux pourrait permettre une vaccination préventive à grande échelle d’ici 2026, mais des mesures urgentes sont nécessaires pour atteindre cet objectif.

« La tendance est alarmante : il faudra environ 10 millions de vaccins de plus pour lutter contre les épidémies en 2021 et 2022 que pendant toute la décennie précédente », a indiqué Gavi dans un communiqué.

« La bonne nouvelle, c’est que nous disposons de doses pour répondre à toutes les demandes d’urgence malgré l’augmentation des flambées épidémiques, et cela devrait se poursuivre. Mais cette tendance souligne la nécessité de prévenir les épidémies avant qu’elles ne se produisent », a affirmé le Dr Derrick Sim, Directeur de Gavi pour les marchés des vaccins et la sécurité sanitaire.

48 millions de doses de vaccin ont été utilisées au cours des deux dernières années, soit 10 millions de plus que pendant toute la décennie précédente

L’approvisionnement devrait ainsi s’améliorer d’ici à 2026, à mesure que les fabricants existants augmenteront leur production et qu’une nouvelle société entrera sur le marché, et a appelé à une meilleure planification afin de garantir que les vaccins soient utilisés là où ils sont le plus nécessaires, y compris pour les campagnes de prévention.

Intensifier les efforts en matière de prévention

D’ici à 2026, la feuille de route prévoit que l’offre commencera à répondre à la demande de vaccination préventive, grâce aux investissements dans l’augmentation des capacités et à l’arrivée de nouveaux fabricants sur le marché. Cela permettra de mener des campagnes de vaccination préventive à grande échelle dans les pays où le choléra est endémique.

À court terme, la feuille de route prévoit que l’offre mondiale augmentera d’ici à la fin de 2025, grâce aux investissements d’EuBiologics, de Gavi et de la BMGF dans le développement de vaccins pouvant être produits en plus grandes quantités, et à l’arrivée attendue d’un nouveau fabricant. Toutefois, si la tendance actuelle des épidémies se poursuit, l’offre de vaccins préventifs restera probablement limitée au cours de cette période et devra être répartie de manière transparente et équitable.

« La solution ultime à la fois pour un approvisionnement durable en vaccin anticholérique oral (VCO) et pour la lutte contre le choléra réside dans notre capacité collective à intensifier nos efforts en matière de programmes de prévention », a ajouté le Dr Sim.

Le changement climatique, les conflits et les déplacements de population ont tous contribué à l’augmentation alarmante des épidémies de choléra, 30 pays ayant signalé des cas ou des épidémies en 2022. Depuis le début de l’année, 24 pays ont signalé des flambées de choléra, contre 15 à la mi-mai de l’année dernière.

De 4 millions de doses disponibles en 2012 à 35 millions de doses en 2022

Des pays qui ne sont pas habituellement touchés par le choléra sont frappés, et les taux de mortalité dépassent de loin le taux habituel de 1 sur 100. En réaction, l’Organisation mondiale de la santé et ses partenaires ont temporairement décidé d’utiliser une seule dose d’un vaccin qui est normalement administré en deux doses. Mais les stocks ont tout de même été épuisés en décembre dernier.

Pour Gavi, l’évolution de la maladie et des épidémies de choléra à long terme, ainsi que les besoins permanents en vaccins, dépendront probablement du succès des mesures de lutte contre le choléra, notamment des investissements dans les infrastructures d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène, ainsi que de la vaccination préventive.

La disponibilité des vaccins anticholériques oraux a fortement augmenté au cours de la dernière décennie, passant d’environ 4 millions de doses disponibles dans le monde en 2012 à 35 millions de doses en 2022, grâce aux investissements ciblés de Gavi, de la BMGF et de leurs partenaires dans le financement et la constitution du stock mondial de vaccins anticholériques oraux, ainsi qu’au soutien apporté à l’augmentation de la capacité des fabricants.

Gavi a déclaré que 48 millions de doses de vaccin avaient été utilisées au cours des deux dernières années, soit 10 millions de plus que pendant toute la décennie précédente.

La feuille de route pour un meilleur approvisionnement du vaccin oral

C’est dans ce contexte que Gavi a publié une feuille de route décrivant les mesures essentielles à prendre pour que l’approvisionnement en vaccin anticholérique oral puisse répondre à la demande croissante des pays.

À court terme, optimiser l’utilisation et la disponibilité des stocks. Il s’agit aussi de garantir la demande de vaccination préventive : Pour que l’offre réponde à la demande de programmes préventifs d’ici 2026, les pays et les partenaires doivent continuer à planifier ces programmes longtemps à l’avance.

Il faut aussi soutenir les innovations à fort impact en matière de vaccins et de modes d’administration : De nombreux vaccins candidats contre le choléra étant en cours de développement, il est essentiel d’envoyer des signaux clairs sur les innovations qui auraient le plus d’impact dans les pays en développement où ces vaccins sont le plus nécessaires (comme une protection plus élevée et plus durable chez les enfants et les adultes) et sur la manière dont elles devraient être priorisées.

« Les vaccins contre le choléra sont devenus de plus en plus disponibles au cours de la dernière décennie, répondant à la demande croissante des pays », a précisé le Dr Sim. « Mais ce que beaucoup de gens ne réalisent pas, c’est que chaque dose de vaccin délivrée à une personne dans le besoin aujourd’hui est le résultat d’années de planification, d’investissement et de coordination ».