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L’ONU salue l’engagement pris par les belligérants au Soudan à protéger les civils

Des milliers de personnes ont fui le conflit au Soudan vers le Soudan du Sud.
© WFP/Peter Louis
Des milliers de personnes ont fui le conflit au Soudan vers le Soudan du Sud.

L’ONU salue l’engagement pris par les belligérants au Soudan à protéger les civils

Paix et sécurité

L’ONU s’est félicitée vendredi de la signature d'une Déclaration d'engagement à protéger les civils du Soudan par les forces armées soudanaises et les paramilitaires lors de pourparlers à Djeddah, en Arabie saoudite.

« Il s'agit d'un premier pas important vers l'atténuation des souffrances humaines et la protection de la vie et de la dignité des civils au Soudan », a affirmé le Mécanisme trilatéral regroupant les Nations Unies, l'Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), un groupe régional, dans un communiqué de presse.

Au terme de six jours de négociations, les émissaires de l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont signé cet accord qui prévoit de dégager des couloirs pour permettre aux civils pris au piège de sortir des zones de combat tout en laissant entrer l’aide humanitaire.

Dans une déclaration de son porte-parole, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'est félicité de la signature de cette Déclaration d'engagement et a souhaité qu'elle permette aux opérations d'assistance de « s'intensifier rapidement et en toute sécurité pour répondre aux besoins de millions de personnes au Soudan ». Il a réitéré son appel « à un cessez-le-feu immédiat et à des discussions élargies pour parvenir à une cessation définitive des hostilités ».

« Les Nations Unies n'épargneront aucun effort pour aider à la mise en œuvre de la Déclaration et continueront à fournir une aide humanitaire, cessez-le-feu ou non », a dit son porte-parole.

Volker Perthes, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et Chef de la Mission intégrée d'assistance à la transition des Nations Unies au Soudan.
UNITAMS
Volker Perthes, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et Chef de la Mission intégrée d'assistance à la transition des Nations Unies au Soudan.

Traduire les engagements en actions concrètes

Le Mécanisme trilatéral exhorte les parties « à déployer immédiatement tous les efforts nécessaires pour traduire ces engagements en actions concrètes sur le terrain ». « À cette fin, les parties doivent donner des instructions claires et sans équivoque aux rangs inférieurs pour qu'ils respectent la Déclaration d'engagements et facilitent le passage en toute sécurité de l'aide humanitaire, le rétablissement des services essentiels, le retrait des forces des hôpitaux et des cliniques et l'inhumation respectueuse des morts », a-t-il ajouté.

L’ONU, l’Union africaine et l’IGAD exhortent les parties à continuer de s'engager dans le processus de manière constructive et de bonne foi afin de tirer parti de ce qui a été réalisé et « de parvenir finalement à une cessation permanente des hostilités avec un mécanisme de surveillance et de vérification robuste ».

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, Volker Perthers, s’est montré optimiste quant aux négociations sur le cessez-le-feu, affirmant qu’il avait reçu l’assurance d’une des parties qu’elles poursuivraient les négociations en Arabie saoudite.

« Je pense que l’élément le plus important de l’accord qui a été signé hier soir est que les deux parties s’engagent à poursuivre leurs pourparlers », a-t-il déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève. Selon lui, ce compromis signé par les parties au conflit soudanais a une réelle chance de succès car c’est le premier que les deux parties ont accepté de signer.

« Le défaut des précédents cessez-le-feu et pauses humanitaires, négociés (par les médiateurs internationaux), est qu’il s’agissait d’annonces unilatérales », a-t-il expliqué.

M. Perthes a également exprimé l’espoir que les parties « fassent ce qu’elles peuvent » pour faire savoir à la chaîne de commandement que les engagements humanitaires convenus à Djeddah doivent être respectés.

Alors que le conflit s'intensifie au Soudan, des réfugiés arrivent dans le village tchadien de Koufroun, situé à la frontière entre le Tchad et le Soudan.
© UNICEF/Donaig Le Du
Alors que le conflit s'intensifie au Soudan, des réfugiés arrivent dans le village tchadien de Koufroun, situé à la frontière entre le Tchad et le Soudan.

Près de 200.000 personnes ont fui le pays depuis mi-avril

De son côté, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué vendredi qu'environ 200.000 personnes ont fui le Soudan pour échapper aux combats meurtriers ayant éclaté mi-avril.

Des centaines de milliers d’autres sont déplacées à l’intérieur du pays et beaucoup d’autres sont confinées chez elles, incapables d’accéder aux biens de première nécessité, a précisé une porte-parole du HCR, Olga Sarrado, relevant que le pays a besoin d’une réponse massive face à la hausse des besoins et de pluies imminentes.

Mardi, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) avait indiqué que le nombre de déplacés à l’intérieur du Soudan dépassait désormais les 700.000, soit plus du double des 340.000 recensés une semaine avant.

Face à cet afflux de personnes en quête de protection, le HCR a déployé des équipes sur le terrain. Elle s’est empressée de fournir de l’aide dès le début de la situation d’urgence en utilisant des fonds flexibles provenant des donateurs. 

Les agences des Nations Unies et les ONG partenaires donneront plus de détails sur leurs besoins dans les jours à venir.

Le défi logistique avec la saison des pluies

Mais sur le terrain, la réponse humanitaire est difficile et coûteuse. Car le HCR note que les réfugiés et les rapatriés arrivent dans des zones frontalières reculées où les services et les infrastructures sont rares, voire inexistants, et où la population d’accueil souffre déjà du changement climatique et de la pénurie alimentaire.

« La prochaine saison des pluies rendra la logistique encore plus difficile, car de nombreuses routes deviendront impraticables », a ajouté Mme Sarrado.

À Renk, au Soudan du Sud, il est prioritaire de s’éloigner de la frontière pour éviter les embouteillages, mais les moyens de transport sont limités. Lorsque les pluies frapperont, les quelques routes menant à la frontière seront coupées. Le HCR a donc établi un nouveau centre de transit, où les nouveaux arrivants reçoivent de la nourriture, de l’eau et sont hébergés dans des abris collectifs.

Au Tchad, « 30.000 réfugiés supplémentaires sont arrivés ces derniers jours », ce qui porte à 60.000 le nombre total de personnes ayant quitté le Soudan pour ce pays depuis que les affrontements ont éclaté. Dans ce pays, « près de 90% des réfugiés sont des enfants et des femmes, dont de nombreuses femmes enceintes. Un cinquième des enfants examinés, âgés de six à 59 mois, souffrent de malnutrition aiguë », a-t-elle détaillé.

La moitié des nouveaux arrivants ont des membres de leur famille encore au Soudan qui souhaitent les rejoindre au Tchad.

En République centrafricaine, le manque de carburant et le mauvais état des routes posent des problèmes pour acheminer les secours à proximité de la frontière. En Ethiopie, des abris d’urgence communaux ont été construits à Metema, un des principaux points d’arrivée.

En Egypte, le HCR et ses partenaires distribuent de l’eau, de la nourriture, des fauteuils roulants, des kits d’hygiène et des articles sanitaires aux nouveaux arrivants à la frontière par l’intermédiaire du Croissant-Rouge égyptien.