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Haïti : la violence armée entraîne une hausse du nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère

En Haïti, de plus en plus de parents ne parviennent plus à nourrir convenablement leurs enfants et à leur prodiguer les soins appropriés.
© UNFPA/Ralph Tedy Erol
En Haïti, de plus en plus de parents ne parviennent plus à nourrir convenablement leurs enfants et à leur prodiguer les soins appropriés.

Haïti : la violence armée entraîne une hausse du nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère

Aide humanitaire

En Haïti, la violence armée a contribué à multiplier le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (également appelée émaciation sévère). Le pays a enregistré une hausse de 30% des cas par rapport à 2022, a averti jeudi l’UNICEF.

Une enquête menée cette année dans le domaine de la nutrition indique que la malnutrition infantile progresse dans cette île des Caraïbes en proie à la violence, à une aggravation de l’insécurité alimentaire et à une flambée épidémique de choléra. Plus de 115.600 enfants pourraient ainsi souffrir d’émaciation sévère en 2023, contre 87.500 l’an dernier.

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Dans plusieurs communes de la région métropolitaine de Port-au-Prince ravagée par la violence armée depuis plus de deux ans, un enfant sur cinq présente actuellement une forme de malnutrition. C’est dans la capitale que les enfants paient le plus lourd tribut, de nombreuses communes affichant des taux élevés, voire très élevés, d’émaciation sévère. Le département de l’Ouest, zone la plus touchée par le conflit, enregistre quant à lui un taux de malnutrition aiguë de 7,5%, soit deux points de pourcentage de plus que la moyenne nationale, précise le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) dans un communiqué de presse.

L'épidémie de choléra continue de sévir

« En Haïti, de plus en plus de parents ne parviennent plus à nourrir convenablement leurs enfants et à leur prodiguer les soins appropriés, et l’escalade terrible des violences perpétrées par les groupes armés les empêche de se rendre dans les centres de santé », a déclaré Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF en Haïti. « L’épidémie de choléra qui sévit actuellement complique cette situation encore davantage. En effet, un nombre croissant d’enfants atteignent plus rapidement le stade d’émaciation sévère et mourront si aucune mesure n’est prise de toute urgence ».

La violence en Haïti s’aggrave à une vitesse préoccupante. Plus de 600 personnes ont été tuées à Port-au-Prince au cours du seul mois d’avril, selon le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Ce conflit entre groupes armés a restreint l’accès des enfants aux services essentiels en matière de nutrition, de santé et d’approvisionnement en eau potable, d’hygiène et d’assainissement. Conjugués à l’aggravation de l’insécurité alimentaire et aux troubles civils, ces affrontements ont eu pour conséquence de détériorer de manière significative la situation nutritionnelle à l’échelle du pays.

Cette crise de la malnutrition est en outre aggravée par l’épidémie de choléra qui continue de sévir, et qui affecte tout particulièrement les enfants atteints d’émaciation sévère. Plus de 41.000 cas présumés de choléra ont été recensés en Haïti, dont 46% chez des enfants âgés de moins de 14 ans. À mesure que la maladie ravage les quartiers en proie à la violence, le choléra et la malnutrition ajoutent un double fardeau auquel le système de santé national n’est pas en mesure de faire face en raison de graves pénuries de personnel et d’un manque de fournitures.

Près d’un enfant sur quatre en Haïti souffre également de malnutrition chronique (ou retard de croissance), une pathologie qui laisse des séquelles à long terme. En effet, le mauvais état de santé et la malnutrition empêchent les enfants présentant un retard de croissance de développer pleinement leurs capacités physiques et cognitives.

Selon l'UNICEF, sans le déploiement d’urgence et à grande échelle d’interventions en faveur de la nutrition et de la survie des enfants visant à réduire la morbidité et la mortalité associées à l’émaciation sévère, ainsi qu’à prévenir l’apparition de nouveaux cas de malnutrition, la situation risque de se détériorer encore davantage d’ici à octobre 2023.

Besoin de 17 millions de dollars de toute urgence

L’UNICEF déclare avoir besoin, de toute urgence, de 17 millions de dollars pour financer les premiers stades de la riposte. Ces fonds serviront à intensifier le dépistage précoce de l’émaciation infantile, à acheter 84.000 cartons supplémentaires d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et à mettre en place un éventail complet d’interventions en matière de nutrition, de santé, d'eau potable, d’hygiène et d’assainissement, de développement de la petite enfance et de protection de l’enfance afin de répondre aux besoins urgents des enfants en Haïti. Un déficit de financement pourrait mettre en danger la survie immédiate de plus de 100.000 enfants.

La violence armée qui contraint femmes et enfants à abandonner leur domicile laisse Haïti en proie à d’importants besoins humanitaires, tandis que les financements ne cessent de diminuer.

Pour pouvoir fournir, en 2023, des biens et des services vitaux aux enfants et aux populations vulnérables aux prises avec l’insécurité et les crises sanitaires, sociales et économiques qui font rage en Haïti, l'UNICEF juge qu'il est indispensable qu'il perçoive en temps voulu les 210,3 millions de dollars. ayant fait l’objet d’un appel de fonds. Une somme qui, à ce jour, n’a été financée qu’à hauteur de 15%.