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Les droits de l'homme, « meilleur antidote » pour prévenir les conflits, selon l’ONU

Le football pour la réconciliation, un événement organisé entre des personnes impliquées dans le processus de paix en Colombie.
UNVMC/Jennifer Moreno
Le football pour la réconciliation, un événement organisé entre des personnes impliquées dans le processus de paix en Colombie.

Les droits de l'homme, « meilleur antidote » pour prévenir les conflits, selon l’ONU

Paix et sécurité

Les droits de l'homme constituent le « meilleur antidote » pour prévenir les conflits et l'instabilité, a déclaré mercredi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, devant le Conseil de sécurité.

Les quinze membres se sont réunis pour examiner les efforts du Conseil visant à instaurer la confiance qui mène à une paix durable, à la lumière des menaces actuelles et émergentes.

« Le plein respect des droits de l'homme est le meilleur antidote aux inégalités, aux griefs non résolus et à l'exclusion qui sont souvent à l'origine de l'instabilité et des conflits », a déclaré M. Türk, s'exprimant par liaison vidéo depuis Nairobi, au Kenya.

« Une vision inébranlable des droits de l'homme et une action vigoureuse en faveur des droits humains – fondée sur des normes éprouvées – nous éloignent du chaos et des conflits, permettent de faire progresser le développement et d’instaurer la confiance », a-t-il ajouté.

Les droits de l'homme sont essentiels à chaque étape du « continuum de la paix » couvrant la prévention, les conflits et la résolution, a-t-il déclaré, citant des exemples tels que les crises actuelles en Haïti et au Soudan.

Dans le même temps, la confiance – qui sous-tend à la fois les relations humaines et le contrat social entre les personnes et les institutions de l'État – est le fondement de la prévention des conflits et d'une paix durable.

« C'est, en effet, la promotion globale de tous les droits humains qui renforce la confiance », a-t-il dit au Conseil. « J'ai vécu cela maintes et maintes fois lors de mes échanges avec des victimes, des défenseurs des droits humains et des réfugiés. Ce sont leurs voix que les droits de l'homme cherchent à amplifier et à mettre sur la table ».

Les homicides et les enlèvements connaissent une augmentation spectaculaire en Haiti
© UNICEF/U.S. CDC/Roger LeMoyne
Les homicides et les enlèvements connaissent une augmentation spectaculaire en Haiti

Haïti en situation de crise

M. Türk a expliqué comment une perspective des droits de l'homme s'applique à toutes les étapes du continuum de la paix, en commençant par l'alerte précoce et l'action préventive pour détecter et traiter les facteurs de conflit.

« En Haïti, les signaux d'alerte précoce ont souligné de manière persistante l'impact profondément destructeur des inégalités, de la corruption et de l'exclusion sur la confiance et la stabilité », a-t-il expliqué.

L'année dernière, le Conseil a établi un embargo sur les armes et des sanctions ciblées en réponse à la violence endémique des gangs armés qui sévit dans le pays, mais le chef des droits de l'homme a insisté sur le fait qu'il était urgent d'agir davantage maintenant.

« J'ai visité le pays en février. Il est suspendu au-dessus d'un abîme », a dit le chef des droits de l’homme de l’ONU. « Le manque de capacité de l'État à respecter les droits de l'homme a complètement érodé la confiance des gens. Le contrat social s'est effondré. L'anarchie actuelle est une urgence en matière de droits humains qui réclame une réponse vigoureuse ».

Instaurer la confiance au Soudan

Pendant ce temps, lorsqu'un conflit a éclaté, la surveillance des droits de l'homme met l'accent sur l'impact sur les personnes, tout en servant également à contrer la désinformation qui peut alimenter l'hostilité et la peur.

M. Türk a évoqué le conflit au Soudan, où des forces militaires rivales se battent depuis près de trois semaines, mettant en danger les espoirs d'une transition vers un régime civil.

« Nous savons que l'avenir du Soudan dépend de l'instauration de la confiance entre le peuple soudanais et les institutions censées le servir », a-t-il déclaré. « Les droits de l'homme, la fin de l'impunité et la participation de la population - en particulier des femmes et des jeunes - doivent être les moteurs de la sortie de crise actuelle, afin que le Soudan puisse enfin se stabiliser ».

Participation et liberté de la presse

En outre, l'éventail complet des normes relatives aux droits de l'homme est également crucial pour mettre fin aux conflits et établir une paix durable, a dit M. Türk, faisant référence aux principes de responsabilité, de non-discrimination et de participation, en particulier des femmes et des filles, des groupes minoritaires et des jeunes.

Il a noté à quel point la participation a été cruciale pour instaurer la confiance en Colombie, à la suite de la signature de l'accord de paix de 2016 qui a mis fin à cinq décennies de conflit entre les autorités et les rebelles des FARC-EP.

L'accord aborde également des problèmes structurels profondément enracinés autour de la réforme agraire, de la discrimination et des inégalités.

« En Colombie, comme ailleurs, les droits de l'homme et la justice seront les meilleurs guides sur le long chemin vers la réconciliation et une paix durable », a-t-il expliqué.

Alors que la réunion se tenait à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée chaque année le 3 mai, le chef des droits de l'ONU a également souligné l'importance de la liberté de la presse et de la protection des journalistes.