L'actualité mondiale Un regard humain

Afghanistan : le Conseil de sécurité demande aux Talibans d’annuler les mesures contre les femmes

Une conseillère en nutrition conseille une mère et ses enfants dans un village du centre de l'Afghanistan en juin 2022.
© UNICEF/Christine Nesbitt
Une conseillère en nutrition conseille une mère et ses enfants dans un village du centre de l'Afghanistan en juin 2022.

Afghanistan : le Conseil de sécurité demande aux Talibans d’annuler les mesures contre les femmes

Femmes

Dans une résolution historique, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi la décision des dirigeants de facto de l'Afghanistan d'interdire aux femmes afghanes de travailler pour les Nations Unies, appelant les dirigeants talibans à « revenir rapidement » sur leur décision.

La résolution adoptée à l'unanimité par l'organe de 15 membres à New York, appelle à la « participation pleine, égale, significative et sûre des femmes et des filles en Afghanistan », et exhorte tous les pays et organisations ayant une influence sur les dirigeants fondamentalistes du pays, « à promouvoir un inversement urgent » des politiques qui ont en fait effacé les femmes de la vie publique.

Depuis la prise de pouvoir des Talibans en août 2021, lorsque leurs forces ont renversé le gouvernement démocratiquement élu, ils ont fait reculer un large éventail de droits fondamentaux des femmes et des filles, notamment en leur interdisant de fréquenter l'école secondaire et l'université, en établissant des restrictions de mouvement et de travail, et en décembre, en adoptant un décret interdisant aux Afghanes de travailler dans la plupart des organisations non gouvernementales.

Une femme membre du personnel d'OCHA rencontre des femmes déplacées dans l'est de l'Afghanistan.
© UNOCHA/Charlotte Cans
Une femme membre du personnel d'OCHA rencontre des femmes déplacées dans l'est de l'Afghanistan.

Plus tôt ce mois-ci, les Talibans ont étendu leur interdiction aux femmes travaillant pour les Nations Unies.

L'ONU a souligné sa « condamnation sans équivoque » de cette décision début avril, notant qu'elle contrevenait au droit international, y compris à la Charte des Nations Unies. Tout le personnel de l'ONU a reçu l'ordre de ne pas se présenter au bureau, à l'exception de certaines tâches critiques, pendant qu'un examen opérationnel est effectué, qui se terminera le 5 mai.

Un nombre record de 28,3 millions de personnes en Afghanista a besoin d'aide cette année, ce qui fait de l'Afghanistan la plus grande opération humanitaire au monde, l'ONU demandant 4,6 milliards de dollars pour financer entièrement les efforts de secours cette année. Le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies a averti ce mois-ci que l'Afghanistan était également l'opération la moins bien financée au monde, avec moins de 5% de financement promis jusqu'à présent.

Profonde préoccupation

La résolution du Conseil de sécurité exprime la « profonde préoccupation » des ambassadeurs concernant l'interdiction faite aux femmes de travailler à l'ONU, affirmant que - parallèlement aux autres érosions des droits fondamentaux – elle « aura un impact négatif et sévère » sur les opérations d'assistance de l'ONU dans tout le pays, « y compris la fourniture d'une assistance vitale et de services de base aux plus vulnérables ».

Elle souligne que la Mission d'assistance des Nations Unies dans le pays, la MANUA, ne sera pas non plus en mesure de mettre en œuvre son mandat humanitaire tant que l'interdiction ne prendra pas fin. La résolution souligne que l'interdiction « est sans précédent dans l'histoire des Nations Unies ».

Conditions économiques et humanitaires désastreuses

La résolution souligne également la nécessité urgente de continuer à faire face à la « situation économique et humanitaire désastreuse » de l'Afghanistan et d'aider le pays à retrouver son autonomie, reconnaissant l'importance de permettre à la Banque centrale d'utiliser des avoirs actuellement gelés à l'extérieur du pays, « au profit du peuple afghan ».

Le Conseil de sécurité soutient la poursuite des travaux de la MANUA en réitérant son « plein appui » et a appelé tous ceux qui ont un intérêt en Afghanistan, y compris les autorités talibanes, « à assurer la sûreté, la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies et du personnel associé dans tout le pays ».