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Le Secrétaire général António Guterres s'adresse à la réunion du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Au Conseil de sécurité, António Guterres souligne l’urgence de renforcer le multilatéralisme

UN Photo/Eskinder Debebe
Le Secrétaire général António Guterres s'adresse à la réunion du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Au Conseil de sécurité, António Guterres souligne l’urgence de renforcer le multilatéralisme

À l’ONU

Des réponses multilatérales efficaces sont nécessaires de toute urgence afin de prévenir et résoudre les conflits, gérer l'incertitude économique, sauver les Objectifs de développement durable et relever les défis liés à la possession d'armes nucléaires, a affirmé lundi le Secrétaire général de l’ONU devant le Conseil de sécurité.

« Nous sommes confrontés à des crises sans précédent et interdépendantes. Mais le système multilatéral n'a jamais été autant mis à l'épreuve depuis la création des Nations Unies », a affirmé António Guterres lors d’une réunion ministérielle du Conseil ayant pour thème le multilatéralisme efficace. 

« Les tensions entre les grandes puissances atteignent un niveau historique. Il en va de même pour les risques de conflit, par mésaventure ou erreur de calcul », a averti le chef de l’ONU. 

M. Guterres a pointé du doigt l’invasion de l’Ukraine par la Russie « en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international », qui « provoque des souffrances et des ravages considérables dans ce pays et parmi sa population, et s'ajoute à la dislocation de l'économie mondiale provoquée par la pandémie de COVID-19 ».

Il a également cité les conflits qui se poursuivent, « du Myanmar au Sahel, de la Somalie à la République démocratique du Congo et au-delà », ainsi que la situation au Soudan « qui risque de déstabiliser toute la région ».

Il s’est félicité des progrès au Yémen et en Libye, soulignant néanmoins que « plus de 100 millions de personnes ont fui leur foyer pour échapper à la violence, aux conflits et à la persécution dans le monde entier ».

La réunion a été organisée par la Fédération de Russie, qui préside ce mois-ci le Conseil, à l’occasion de la Journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au service de la paix. Dans sa note de concept liée à la réunion, la Russie a estimé qu'une « transformation systémique profonde » est en cours avec le « déclin naturel et rapide du monde unipolaire et l'émergence d'un nouveau système multipolaire ».

Les Objectifs de développement durable (ODD) projetés en vidéo sur les façades des bâtiments de l’Assemblée générale et du Secrétariat des Nations Unies à New York en 2015.
Photo ONU/Cia Pak
Les Objectifs de développement durable (ODD) projetés en vidéo sur les façades des bâtiments de l’Assemblée générale et du Secrétariat des Nations Unies à New York en 2015.

Le multilatéralisme : raison d'être des Nations Unies

Devant les Quinze, le chef de l’ONU a rappelé que la coopération multilatérale « est le cœur battant des Nations Unies, sa raison d'être et sa vision directrice ».

De la diplomatie préventive au soutien de la résolution des conflits, de l’accompagnement de la décolonisation de 80 pays au maintien de la paix ou aux efforts de désarmement et de non-prolifération, du développement économique aux opérations humanitaires qui « sauvent des millions de vies chaque année », M. Guterres a évoqué les contributions de l’ONU depuis qu’elle a été créée, au lendemain de l’Holocauste et de deux guerres mondiales, afin d’en éviter une troisième.

« Les solutions multilatérales aux problèmes mondiaux, de la couche d'ozone à l'éradication de la polio, sont éprouvées, testées et ont fait leurs preuves », a fait valoir le Secrétaire général. 

 « Aucun de ces progrès n'aurait été possible si les pays ne s'étaient pas unis, en tant que famille humaine multilatérale », a-t-il néanmoins souligné. 

Aller plus loin, plus vite et mieux faire

Le Secrétaire général de l’ONU a salué les avancées multilatérales récentes menées par les Etats membres, dont l’Initiative céréalière de la mer Noire et le Mémorandum permettant l’exportation de biens alimentaires et d'engrais russes.

Il a toutefois appelé les Etats à « faire mieux, aller plus loin et travailler plus vite », en renouvelant leur engagement « à respecter les obligations qui leur incombent en vertu de la Charte des Nations Unies, à accorder la priorité aux droits de l'homme et à la dignité, et à donner la priorité à la prévention des conflits et des crises ». 

Il a également rappelé que les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies  - respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de tous les États, non-ingérence dans les affaires des autres États, élimination de toutes les formes de discrimination et règlement pacifique des différends – « sont des remparts contre l'incertitude et la fragmentation ». 

« Ils constituent le fondement de toute coopération internationale visant à mettre fin aux conflits, à sauver des vies, à protéger les droits de l'homme et à promouvoir le progrès social et économique », a-t-il estimé.

M. Guterres a exhorté les Quinze à utiliser « toute la gamme des outils diplomatiques que la Charte des Nations Unies met à leur disposition pour le règlement pacifique des conflits, y compris ses bons offices ».  

Il a estimé que pour réaliser la promesse de la Charte au XXIe siècle, un multilatéralisme efficace doit également inclure un engagement à relever les défis émergents et à combler les lacunes de la gouvernance mondiale, tel que prescrit dans son rapport "Notre agenda commun".

Un multilatéralisme plus inclusif

« Notre agenda commun envisage un multilatéralisme plus inclusif, avec un espace pour les contributions de tous les pays et communautés, et plus en réseau, avec des liens solides entre la famille des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations régionales, les blocs commerciaux et d'autres », a précisé M. Guterres. 

Le chef de l’ONU s’est félicité du fait qu’une majorité des Etats reconnaissent aujourd’hui que « le Conseil de sécurité et les institutions de Bretton Woods, bénéficieraient de réformes reflétant la réalité géopolitique d'aujourd'hui ».

Il a rappelé que le Conseil consultatif de haut niveau sur le multilatéralisme efficace qu’il a nommé l'année dernière a identifié un nombre de » changements transformationnels pour répondre aux défis de la paix et de la sécurité, aux inégalités économiques croissantes, à la triple crise planétaire du climat, de la biodiversité et de la pollution, ainsi qu'à l'élargissement de la fracture numérique ». Des propositions qui devraient contribuer au Sommet du futur, en 2024.

L’heure est venue d’approfondir la coopération et renforcer les institutions multilatérales, afin de trouver « des solutions communes aux défis communs », a signalé le chef de l’ONU, soulignant que les membres du Conseil, « en particulier ceux qui ont le privilège de siéger en permanence, ont la responsabilité particulière de faire fonctionner le multilatéralisme, plutôt que de contribuer à son démembrement ».