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L’Afrique doit vacciner 33 millions d’enfants pour renouer avec les progrès

Un infirmier transporte des vaccins vers des villages isolés sur les rives du fleuve Congo en République démocratique du Congo.
© UNICEF/Diana Zeyneb Alhindawi
Un infirmier transporte des vaccins vers des villages isolés sur les rives du fleuve Congo en République démocratique du Congo.

L’Afrique doit vacciner 33 millions d’enfants pour renouer avec les progrès

Santé

Environ 33 millions d’enfants devront être vaccinés en Afrique entre 2023 et 2025 pour que le continent soit en mesure d’atteindre les objectifs mondiaux de vaccination pour 2030, notamment la réduction de la morbidité et de la mortalité dues aux maladies évitables par la vaccination, d’après une analyse réalisée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

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Les répercussions sans précédent de la pandémie de COVID-19 sur les services de vaccination de routine ont fait augmenter le nombre d’enfants « zéro dose » et sous-vaccinés, soit une hausse de 16% entre 2019 et 2021 qui porte à environ 33 millions le total cumulé de ces enfants (sur la période 2019-2021), ce qui représente près de la moitié du nombre mondial, d’après les estimations de l’OMS et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). 

« La pandémie a fortement ralenti les efforts de vaccination dans la Région, ce qui rend des millions d’enfants vulnérables à des maladies évitables par la vaccination, qui peuvent provoquer des formes graves et même entraîner la mort », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Alors que les pays s’efforcent de sortir de la période sombre causée par la COVID-19, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre davantage de terrain sur les maladies. Tout doit être mis en œuvre pour que chaque enfant ait accès aux vaccins essentiels ». 

Nécessité d'une volonté politique

En l’absence d’une volonté politique renouvelée et d’une intensification des efforts par les gouvernements, on estime que la couverture vaccinale en Afrique ne reviendra pas à ses niveaux de la période prépandémique avant 2027. 

Cette année, la Semaine africaine de la vaccination et la Semaine mondiale de la vaccination ont lieu du 24 au 30 avril sur le thème « Le grand rattrapage ». Il s’agit d’une initiative mondiale mise en œuvre par l’OMS et ses partenaires pour intensifier les efforts visant à atteindre les enfants qui n’ont pas bénéficié de la vaccination, mais aussi pour restaurer et renforcer les programmes de vaccination de routine. 

La campagne « Le grand rattrapage » s’appuie sur les efforts déployés pour atteindre les objectifs du Programme pour la vaccination à l’horizon 2030, une stratégie approuvée par les pays lors de l’Assemblée mondiale de la Santé de l’OMS en 2020 et destinée à réduire la mortalité et la morbidité dues aux maladies évitables par la vaccination, à garantir un accès équitable aux vaccins et à renforcer la vaccination dans le cadre des soins de santé primaires. 

Un enfant reçoit un vaccin contre la poliomyélite au Burundi. (archives)
© UNICEF Burundi
Un enfant reçoit un vaccin contre la poliomyélite au Burundi. (archives)

10 pays africains prioritaires

Pour élargir de toute urgence la couverture et protéger les enfants, l’OMS et les partenaires apportent leur appui à 10 pays africains prioritaires – qui figurent parmi les 20 pays du monde comptant le plus grand nombre d’enfants « zéro dose » – pour qu’ils mènent des campagnes de rattrapage de vaccination de routine. 

« Les gouvernements africains et les travailleurs de la santé ont déployé des efforts héroïques lors d'une urgence de santé publique sans précédent, en vaccinant plus de personnes que jamais dans l'histoire. Mais les répercussions de cet effort de riposte d'urgence se font encore ressentir. À l'Alliance du Vaccin, nous intensifions nos efforts pour aider les pays à rattraper leur retard », a déclaré Aurelia Nguyen, Responsable des programmes et de la stratégie de Gavi, l'Alliance du Vaccin. « Notre Alliance s'est engagée à travailler avec les pays et les communautés pour soutenir les efforts de rattrapage et de rétablissement de la vaccination, tout en répondant aux besoins spécifiques de chaque enfant - et en particulier de ceux qui vivent dans des zones difficiles d'accès et dans des situations de fragilité et de conflit ». 

Lors d’un évènement de haut niveau organisé pendant le Sommet de l’Union africaine en février 2023, les chefs d’État africains ont adopté une déclaration visant à redynamiser et à intensifier la vaccination de routine sur tout le continent. La déclaration appelle également à prendre des mesures urgentes pour lutter contre les obstacles persistants dans les systèmes de distribution de vaccins et de fourniture de soins de santé. 

Afin de compenser les perturbations causées par la pandémie, les pays ont consenti des efforts pour rétablir les services de santé. La baisse des niveaux de vaccination a entraîné une recrudescence des épidémies de maladies évitables par la vaccination telles que la rougeole, la méningite, la diphtérie, la poliomyélite et la fièvre jaune. 

Rougeole et fièvre jaune

Malgré les perturbations, au moins un tiers des pays africains ont maintenu la couverture cible de 90% ou plus pour la troisième dose du vaccin contre la diphtérie le tétanos la coqueluche et la troisième dose du vaccin contre la polio au cours des trois dernières années. Cependant, seuls trois pays ont maintenu la couverture pour la deuxième dose des vaccins contre la rougeole et la fièvre jaune au cours de la même période. 

La Région a également continué d’intensifier sa riposte à la poliomyélite. Plus de 30 millions d’enfants ont ainsi été vaccinés en 2022 contre la poliomyélite au Malawi, au Mozambique, en Zambie, en République-Unie de Tanzanie et au Zimbabwe après la détection de cas de poliovirus sauvage de type 1 au Malawi et au Mozambique. 

« L’ambition de faire en sorte que chaque enfant ait accès aux vaccins essentiels d’ici à 2030 reste à notre portée si nous agissons dès à présent », a indiqué la Dre Moeti. « Il est temps pour nous de renouveler notre engagement à concrétiser cette ambition et de travailler ensemble pour rétablir et renforcer les services de vaccination essentiels et sauver la vie de millions d’enfants ».