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Une future mère subit un test de dépistage du VIH dans la région d'Analanjirofo, à Madagascar.

Plus de 3,5 millions de vies seraient sauvées en finançant intégralement la riposte au VIH en Afrique

© UNICEF/Rindra Ramasomanana
Une future mère subit un test de dépistage du VIH dans la région d'Analanjirofo, à Madagascar.

Plus de 3,5 millions de vies seraient sauvées en finançant intégralement la riposte au VIH en Afrique

Santé

Le financement intégral de la riposte au VIH sauverait des millions de vies et entraînerait des répercussions considérables sur la santé, les sociétés et l’économie, ont révélé mercredi des recherches et des analyses menées par « Economist Impact » et une agence de l’ONU dans 13 pays africains.

« Ce rapport arrive à un moment crucial. Les preuves qu’il fournit devraient servir de catalyseur à des décisions politiques visant à garantir un financement total du VIH », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima.

Mme Byanyima a également signalé qu’un plein financement aurait des « vastes répercussions socio-économiques et sera un pas pour les pays africains vers la mise en place de systèmes de santé plus résilients et mieux préparés pour prévenir les futures pandémies ».

En effet, selon le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), en fonction du pays le plein financement de la riposte permettrait de réduire de 40 à 90% les nouvelles infections au VIH. Les investissements alloués à l’épidémie de VIH favoriseraient également l’éducation, en particulier celles des jeunes femmes et des filles, réduiraient les inégalités entre les sexes et stimuleraient la croissance économique.

Renforcer l’équité, les sociétés et les économies

Si par exemple ces objectifs étaient atteints en Afrique du Sud, alors les adolescentes âgées de 15 à 19 ans représenteraient près de 15% du recul des nouvelles infections d’ici 2030, alors qu’elles représentent moins de 5% de la population totale.

« Des choix audacieux sont aujourd’hui indispensables pour accélérer les investissements et capitaliser sur ces décisions dans les domaines du VIH et de la santé afin de renforcer l’équité, les sociétés et les économies », a ajouté Mme Byanyima.

Par ailleurs, l’augmentation des investissements actuels en faveur du VIH contribuerait à des avancées économiques plus larges et pérennes d’ici 2030, et libérerait par voie de conséquence des ressources inestimables pour répondre à d’autres enjeux essentiels en matière de santé.

Le rapport calcule que l’accomplissement de ces objectifs de financement se solderait par une augmentation de 2,8 % supplémentaire du PIB en Afrique du Sud et de 1,1% au Kenya d’ici 2030.

« Une volonté politique, programmatique et financière, est nécessaire pour mettre fin au VIH/sida en tant que menace pour la santé publique », a affirmé pour sa part, le Dr John N. Nkengasong, Coordinateur des États-Unis pour la lutte mondiale contre le sida.

Une jeune femme subit un test de dépistage du VIH négatif chez elle à Ndjamena, la capitale du Tchad.
© UNICEF/Frank Dejongh
Une jeune femme subit un test de dépistage du VIH négatif chez elle à Ndjamena, la capitale du Tchad.

Une facture salée pour la santé et les économies si les fonds ne sont pas mobilisés

Les résultats de ce rapport interviennent alors que les récentes crises mondiales, notamment la Covid-19 et la guerre en Ukraine, ont entravé les efforts pour lutter contre l’épidémie de VIH. Une situation qui a fortement pesé sur les financements en faveur de la santé et d’autres Objectifs de développement durable.

Le rapport chiffre la facture salée pour la santé, les sociétés et les économies si les fonds nécessaires pour mettre fin au sida d’ici 2030 ne sont pas mobilisés « comme menace de santé publique ».

Pour évaluer ces répercussions négatives, Economist Impact, avec le soutien de l’ONUSIDA, a comparé le scénario selon lequel les ressources financières nécessaires étaient intégralement couvertes pour atteindre les objectifs de la Déclaration politique 2021 sur le VIH et le sida et celui où les niveaux de financement et de service du VIH sont maintenus au niveau actuel.

Selon l’ONUSIDA, l’aggravation des inégalités socio-économiques et de santé préexistante se fera le plus sentir parmi les jeunes femmes, les enfants et les autres populations vulnérables.

Plus de 3,5 millions de décès dus au sida peuvent être évités

Les difficultés budgétaires majeures auxquelles sont confrontés les pays africains ont limité leurs capacités à accroître le financement national à la riposte au VIH et les budgets généraux consacrés à la santé.

L’ONUSIDA estime que les pays à revenu faible et intermédiaire devront investir 29 milliards de dollars chaque année pour atteindre les objectifs visant à mettre fin au sida comme menace pour la santé publique d’ici 2030. En 2020, les niveaux de financement ont chuté, accusant un retard de près de 30% par rapport aux objectifs. Cette situation complique la couverture future des besoins et met les objectifs à venir hors d’atteinte.

L’agence onusienne basée à Genève prévoit plus de 7 millions de décès dus au sida, mais souligne que la moitié peut être évitée si la riposte est intégralement financée et si les politiques vont dans la bonne direction. 

Les objectifs 2025 dans le monde incluent d’amener le nombre annuel de nouvelles infections au VIH à moins de 370.000 (contre 1,5 million en 2021), celui des infections au VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes à moins de 50.000 et celui des décès liés à une maladie opportuniste à moins de 250.000 (contre 650.000 en 2021).