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La crise alimentaire est loin d’être terminée en Somalie

Ces derniers mois, la Somalie a frôlé la famine en raison d’une sécheresse historique caractérisée par cinq mauvaises saisons des pluies consécutives
© OIM/Claudia Rosel
Ces derniers mois, la Somalie a frôlé la famine en raison d’une sécheresse historique caractérisée par cinq mauvaises saisons des pluies consécutives

La crise alimentaire est loin d’être terminée en Somalie

Aide humanitaire

La crise alimentaire est loin d’être terminée en Somalie où les besoins restent importants et urgents, ont prévenu mercredi les Nations Unies, qui appellent à « un soutien durable » pour ce pays de la Corne de l’Afrique où les chocs climatiques et les conflits prolongés ont engendré « l’une des pires crises humanitaires au monde ».

Près de la moitié de la population somalienne, soit 8,25 millions de personnes, a toujours besoin d’une aide humanitaire et d’une protection vitales. Parmi elles, quelque 3,8 millions sont déplacées à l’intérieur du pays.

« Ces derniers mois, la Somalie a frôlé la famine en raison d’une sécheresse historique caractérisée par cinq mauvaises saisons des pluies consécutives », a déclaré à Genève lors d’une réunion avec les donateurs, Adam Abdelmoula, Coordinateur résident et humanitaire pour la Somalie. « Certaines des régions les plus touchées sont toujours confrontées au risque de famine », a ajouté M. Abdelmoula, qui est aussi le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général.

Près de 5 millions de personnes connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Environ 1,8 million d’enfants souffrent de malnutrition aiguë et 8 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène.

Deux tiers des personnes vivant dans les zones touchées par la sécheresse n’ont pas accès aux soins de santé essentiels. « Il existe un risque réel de complaisance en raison de l’éloignement de la projection de la famine, y compris par un financement inadéquat ou tardif », avertit M. Abdelmoula. « Si cela devait arriver, nous perdrions tous les progrès réalisés jusqu’à présent ».

Un homme avec ses enfants collecte de l'eau de la rivière asséchée Dollow, en Somalie.
© UNICEF/Sebastian Rich

Un plan de réponse de 2,6 milliards de dollars financé à 13 %

Dans le même temps, des pluies saisonnières ont provoqué de soudaines inondations fluviales, tuant 21 personnes et en déplaçant plus de 100.000. En raison des précipitations sur les hauts plateaux éthiopiens, les rivières Shabelle et Juba risquent de déborder et d’inonder les exploitations agricoles.

Toutefois, les pluies en Somalie ne devraient pas être suffisantes pour améliorer les perspectives de nombreux Somaliens. « C’est ce que fait le changement climatique, qui crée des cycles imprévisibles de sécheresse et d’inondation », a fait valoir le Coordinateur humanitaire de l’ONU, relevant que ce pays, qui a si peu contribué à la crise climatique, en subit véritablement les conséquences.

De plus, la crise humanitaire est exacerbée par les conflits et l’insécurité. Au moins 660.000 personnes vivent dans des zones contrôlées par des acteurs armés non étatiques et largement hors de portée de l’aide humanitaire. Les combats en cours à Laas Caanood ont déplacé 185.000 personnes au cours des trois derniers mois.

Or pour l’ONU, le soutien généreux des donateurs, l’augmentation de l’aide humanitaire et une meilleure performance des pluies saisonnières inférieures à la normale ont permis d’éviter la famine pour l’instant. Il n’en reste pas moins qu’une surmortalité de plus de 43.000 personnes a été enregistrée en 2022 en raison de la sécheresse.

Cette année, le plan de réponse humanitaire nécessite 2,6 milliards de dollars pour aider 7,6 millions de personnes, mais il n’est financé qu’à hauteur de 13% à ce jour. « Je demande que l’on investisse dans des solutions durables, car il s’agit également d’une crise de développement », a conclu M. Abdelmoula.