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Une experte de l'ONU appelle à protéger les droits et la dignité des Palestiniens

Une famille palestinienne vit dans une tente à Khirbet Ibziq en Cisjordanie après que l'armée israélienne les a chassés de force de leur maison (photo d'archives).
© NOOR/Tanya Habjouqa
Une famille palestinienne vit dans une tente à Khirbet Ibziq en Cisjordanie après que l'armée israélienne les a chassés de force de leur maison (photo d'archives).

Une experte de l'ONU appelle à protéger les droits et la dignité des Palestiniens

Droits de l'homme

Alors que la violence s’intensifie dans les territoires palestiniens occupés et que le nouveau gouvernement israélien menace de poursuivre l’annexion, la communauté internationale doit prendre des mesures fermes et fondées sur des principes de la Charte pour protéger les droits et la dignité des Palestiniens, a déclaré jeudi une experte indépendante de l’ONU.

Pour conserver sa crédibilité et sa raison d’être, l’ONU doit reconnaître que les récits et les faits historiques contradictoires doivent être résolus à travers le prisme de la légalité et de la justice, a affirmé Francesca Albanese, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. Il s’agit ainsi de travailler efficacement pour s’opposer à toute forme d’annexion des territoires occupés, « réaliser le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et mettre fin au régime d’apartheid qu’Israël lui impose ».

« En tant que [Nous, peuples des Nations Unies], nous ne devons pas rester silencieux face à des violations flagrantes. La communauté internationale doit s’engager à nouveau à respecter les idéaux de la Charte des Nations Unies, dans l’intérêt des Palestiniens et des Israéliens », a insisté la Rapporteure spéciale. 

Plus de 80 Palestiniens et 13 Israéliens tués en trois mois

Cet appel de l’experte indépendante onusienne intervient alors que le climat es tendu à Gaza et en Cisjordanie.

« La communauté internationale est témoin depuis des décennies, d’un nombre record de morts et de blessés palestiniens dans le territoire occupé », a souligné Mme Albanese, relevant que les violences israéliennes, notamment les raids meurtriers menés dans le camp de réfugiés de Jénine le 26 janvier, à Naplouse le 22 février et à Jéricho le 1er mars, ont fait 80 morts et plus de 2.000 blessés parmi les Palestiniens en moins de 90 jours.

Au cours de la même période, 13 Israéliens ont été tués par des Palestiniens.

« La vague de violence meurtrière qui déferle sur la Cisjordanie depuis le début de l’année est la conséquence inexorable d’une occupation acquisitive et répressive dont on ne voit pas la fin, et de la culture de non-droit et d’impunité qu’Israël a entretenue et dont il jouit », a-t-elle dit.

De plus, les Palestiniens ont enduré l’enfermement, la confiscation de terres, la démolition de maisons, la fragmentation, l’application discriminatoire de la loi, l’incarcération de masse et d’autres abus, indignités et humiliations innombrables. « La destruction délibérée et systématique par Israël d’habitations, d’infrastructures civiles et de biens, dans un contexte de rhétorique anti-palestinienne hostile et de projets déclarés d’annexion de terres palestiniennes, a aggravé le sentiment de désespoir de la population occupée », a détaillé l’experte.

« Tolérer l’annexion reviendrait à légitimer l’agression »

Dans le même temps, Israël, enhardi par l’absence d’intervention significative, a consolidé son occupation acquisitive et répressive, les États membres se contentant d’une condamnation symbolique, les organisations humanitaires apportant une aide de fortune et les juristes s’empêtrant dans des débats théoriques, a regretté Mme Albanese.

Elle a donc exhorté les Nations Unies à ne pas se contenter de compter les victimes et à appeler à la retenue. « L’organisation ne peut se permettre d’accepter avec condescendance un conflit insoluble et le mythe de récits contradictoires, et d’exhorter les parties à désamorcer les tensions et à reprendre les négociations », a affirmé la Rapporteure spéciale, précisant qu’en réalité, il n’y a pas de parties égales ni de véritable « conflit », mais plutôt « un régime oppressif qui menace le droit à l’existence de tout un peuple ».

Pour l’experte, « tolérer l’annexion reviendrait à légitimer l’agression, ramenant le droit international près d’un siècle en arrière : c’est cette réalité que la communauté internationale doit arrêter immédiatement et inverser ».

NOTE

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations Unies, est le nom général donné aux mécanismes indépendants d’établissement des faits et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques à des pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.