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Un moustique se repose sur une moustiquaire.

L’Azerbaïdjan et le Tadjikistan ont réussi à éradiquer le paludisme

© OMS/S. Torfinn
Un moustique se repose sur une moustiquaire.

L’Azerbaïdjan et le Tadjikistan ont réussi à éradiquer le paludisme

Santé

L’Azerbaïdjan et le Tadjikistan ont officiellement mis un terme à la transmission locale du paludisme, a annoncé mercredi l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, relevant que ces deux pays n’avaient pas enregistré de nouveau cas respectivement depuis 2012 et 2014.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) leur a donc octroyé le statut de « pays exempt du paludisme ». Et cette certification fait suite à un effort soutenu et centenaire de ces deux pays pour éradiquer la maladie.

« Les populations et les gouvernements de l’Azerbaïdjan et du Tadjikistan ont travaillé dur et longtemps pour éliminer le paludisme », a salué dans un communiqué le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Leur réussite est une nouvelle preuve qu’il est possible d’éliminer le paludisme avec les ressources et l’engagement politique nécessaires. J’espère que d’autres pays pourront s’inspirer de leur expérience ».

L’Azerbaïdjan a détecté son dernier cas de paludisme à Plasmodium vivax (P.vivax) transmis localement en 2012 et le Tadjikistan en 2014. Avec l’annonce d’aujourd’hui, un total de 41 pays et un territoire ont été certifiés exempts de paludisme par l’OMS, dont 21 pays de la Région européenne.

Investir dans la couverture sanitaire universelle et la lutte contre le paludisme

« La réussite de l’Azerbaïdjan et du Tadjikistan a été possible grâce à des investissements soutenus et au dévouement du personnel de santé, ainsi qu’à une prévention ciblée, à une détection précoce et au traitement de tous les cas de paludisme », a affirmé le docteur Hans Henri P. Kluge, Directeur régional de l’OMS pour l’Europe, relevant que la Région européenne de l’OMS est maintenant à deux doigts de devenir la première région du monde à être totalement exempte de paludisme.

Depuis plus de six décennies, les deux gouvernements garantissent des soins de santé primaires universels. Ils ont vigoureusement soutenu des interventions ciblées contre le paludisme - y compris, par exemple, des mesures de prévention telles que la pulvérisation d’insecticides sur les murs intérieurs des maisons.

Cette campagne a également porté sur la promotion de la détection et du traitement précoces de tous les cas, et le maintien des compétences et des capacités de tous les travailleurs de la santé engagés dans l’élimination du paludisme.

L’Azerbaïdjan et le Tadjikistan utilisent tous deux des systèmes nationaux de surveillance électronique du paludisme qui permettent de détecter les cas presque en temps réel et de mener des enquêtes rapides pour déterminer si une infection est locale ou importée. D’autres interventions comprennent des méthodes biologiques de lutte contre les larves, comme les poissons mangeurs de moustiques, et des mesures de gestion de l’eau pour réduire les vecteurs du paludisme.

Un moustique femelle de type Aedes aegypti en train de se nourrir du sang d'un être humain.
Photo : CDC / James Gathany
Un moustique femelle de type Aedes aegypti en train de se nourrir du sang d'un être humain.

Un combat de près d’un siècle

Il aura tout de même fallu près d’un siècle à ces deux pays pour réussir à éradiquer cette infection due à un parasite transmis à l’homme par un moustique. D’autant que depuis les années 1920, une part importante de l’économie du Tadjikistan et, dans une moindre mesure, de l’Azerbaïdjan, dépend de la production agricole, en particulier du coton et du riz.

Les systèmes d’irrigation agricole des deux pays ont toujours présenté un risque de paludisme pour les travailleurs. Les deux pays ont mis en place des systèmes de protection des travailleurs agricoles en offrant un accès gratuit au diagnostic et au traitement du paludisme dans le cadre du système de santé publique.

Le personnel chargé de la lutte contre le paludisme est en mesure de tester, de diagnostiquer et de traiter immédiatement les travailleurs infectés avec les médicaments antipaludiques appropriés. D’autres activités du programme comprennent l’évaluation régulière de l’utilisation judicieuse des insecticides pour la lutte contre les vecteurs, la mise en œuvre de systèmes de gestion de l’eau et l’éducation du public sur la prévention du paludisme.

En 2021, 247 millions de cas ont été signalés dans le monde, et plus de 619.000 personnes sont mortes. Plus de 95% des victimes sont recensées en Afrique, et en particulier en Afrique subsaharienne. Les enfants de moins de 5 ans représentaient 80% de l’ensemble des décès dus au paludisme dans le continent africain.