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Mosquée Al Noor dans la capitale Khartoum.

Islamophobie : éliminer les « idées fausses » sur le statut des femmes dans l’islam

ONU Info/Abdelmonem Makki
Mosquée Al Noor dans la capitale Khartoum.

Islamophobie : éliminer les « idées fausses » sur le statut des femmes dans l’islam

Femmes

A l’approche de la première Journée internationale contre l'islamophobie, à  l’occasion de la Journée internationale des femmes et en marge de la 67e session de la Commission sur la condition de la femme, le Ministre pakistanais des affaires étrangères, Bilawal Bhutto Zardari, a organisé une conférence visant à éliminer les idées fausses sur le statut et l’identité des femmes dans l’islam.

« Les images des femmes et de la société islamique sont tissées sur la base de l’ignorance de notre histoire, de nos concepts, de nos valeurs culturelles et civilisationnelles et du rôle des femmes dans celle-ci », a déclaré le diplomate pakistanais, en ouvrant les travaux de la conférence intitulée « Les femmes dans l’islam : comprendre les droits et l’identité des femmes dans le monde islamique », tenue au Siège des Nations Unies à New York.

Selon lui les idées fausses sur le statut et l’identité des femmes dans l’islam viennent « du fait que les concepts de notre religion ont été détournés par des extrémistes et des sceptiques qui ne représentent pas notre foi. Nous nous sentons particulièrement responsables de confronter ces images et cette idée fausse. »

Conférence « Les femmes dans l'islam » organisée par la Mission permanente du Pakistan à la chambre ECOSOC
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« Cela m’insulte en tant que musulman et pakistanais que le visage de l’islam au sens occidental soit lié à l’image d’Oussama Ben Laden et non de Benazir Bhutto », a déclaré M. Zardari, qui est le fils de l’ancienne Première ministre pakistanaise Benazir Bhutto.

Le ministre a affirmé que l’égalité entre les hommes et les femmes a été « l’un des piliers de l’islam depuis sa création », notant que « l’islam a été la première foi qui a accordé aux femmes leurs droits ».

M. Zardari a appelé les États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à être à l’avant-garde des efforts visant à construire un avenir où les femmes musulmanes jouissent de tous leurs droits dans ce monde où les droits, les devoirs et les opportunités sont égaux.

Le Président de l’Assemblée générale Csaba Kőrösi intervient lors de la conférence « Les femmes dans l'Islam ».
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L’histoire est pleine de femmes musulmanes inspirantes

Lors de l’événement le président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, a appelé toutes les femmes du monde musulman à célébrer la Journée de la femme, notant que l’histoire est remplie d’histoires de femmes musulmanes inspirantes qui ont dirigé leurs communautés à travers les crises et ont été les catalysatrices de leur transformation.

M. Kőrösi a cité en exemple l’ancienne Première ministre pakistanaise Benazir Bhutto qui racontait qu’on lui demandait toujours « comment elle était devenue Premier ministre d’un pays musulman ».

Elle répondait : « J’ai été inspirée par le fait historique que le Saint Prophète de l’Islam a épousé une femme d’affaires », se référant à la première épouse du prophète de l'islam Mahomet, Khadija bint Khuwaylid, une marchande aristocrate importante.

Le Président de l’Assemblée générale a lancé un appel à inspirer la prochaine génération dans les pays à majorité musulmane « à briser les idées fausses, à changer le discours et rejeter les stéréotypes de genre afin d’ouvrir une multitude de possibilités réelles pour les femmes et les filles, et de travailler pour un monde où elles sont autorisées et encouragées à contribuer à leur plein potentiel pour relever nos nombreux défis ».

Mathu Joyini, Présidente de la CSW67, s'adressant à la conférence « Les femmes dans l'Islam »
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Femmes musulmanes militantes contre l’apartheid

Prenant à son tour la parole, la Présidente de la 67ème session de la Commission de la condition de la femme et Représentante permanente de l’Afrique du Sud auprès de l’ONU, a estimé que la conférence tombait à point nommé.

Mathu Joyini a soutenu que la perception des femmes musulmanes en tant qu’opprimées est erronée, puisque l’Islam met l’accent sur le respect des femmes et leur traitement avec gentillesse et compassion, sur un pied d’égalité et leur donnant une position en tant que dirigeante. Elle a rappelé que le Prophète avait toujours mis l’accent sur l’importance des femmes et célébré leur grande contribution à la vie de leur famille et de la société, condamnant l’abus des femmes.

Cela signifie que les stéréotypes négatifs sur les femmes musulmanes n’ont rien à voir avec les enseignements islamiques mais avec certaines pratiques culturelles, qui parfois avilissent les femmes et contredisent directement les enseignements de Dieu et de son prophète, a développé la diplomate sud-africaine.

Au contraire, ces enseignements reconnaissent le leadership des femmes et leur donnent l’occasion de jouer un rôle de premier plan dans diverses sphères de la vie, a souligné Mme Joyini.

« En Afrique du Sud, nous avons une histoire bien connue avec les communautés musulmanes », a fait valoir la Représentante sud-africaine, avant de raconter l’histoire de Fatima Mai, « l’une des militantes les plus importantes d’Afrique du Sud, est une femme musulmane dont l’histoire est inspirante et témoigne des valeurs et de la dignité des femmes dans l’islam ».

« Elle était l’une des militantes les plus importantes contre l’apartheid et était également professeur de sociologie et mère », s’est félicitée Mathu Joyini.

La directrice exécutive d'ONU Femmes, Sima Bahous, s'adressant à la conférence "Les femmes dans l'islam".
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Les valeurs de l’islam et la promotion de l’égalité des sexes

La Directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous, a fait valoir que les pays et les sociétés musulmanes et non musulmanes ont des normes et des pratiques sociales qui servent de prétexte pour éloigner les femmes du leadership, de l’accès à la justice et de la participation, soulignant que ces normes sont contraires aux principes et à l’histoire de ces sociétés.

Elle a dit que le dialogue est « essentiel » pour trouver un terrain d’entente dans différentes circonstances.

« Il existe des engagements communs envers les valeurs de l’islam et nous pouvons les utiliser pour combler le fossé et faire progresser l’égalité des sexes. Chaque fois que je rencontre les pays de l’OCI et chaque fois que j’interagis avec les communautés de ces pays, je suis témoin de cet engagement en faveur de l’autonomisation des femmes », a affirmé la cheffe d’ONU Femmes.

Dre Sima Bahous a évoqué sa récente visite en Afghanistan avec la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, soulignant qu’aucune femme ne devrait être laissée pour compte.

Elle a souligné qu’ONU Femmes continuerait à œuvrer en faveur d’un meilleur avenir pour les femmes dans le monde musulman.