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Des colombes de la paix volent sur le terrain de la mosquée historique Hazrat-i-Ali, dans la ville de Mazar-i-Sharif, en Afghanistan.

L'ONU célèbre la première Journée internationale contre l'islamophobie

Photo ONU/Helena Mulkerns
Des colombes de la paix volent sur le terrain de la mosquée historique Hazrat-i-Ali, dans la ville de Mazar-i-Sharif, en Afghanistan.

L'ONU célèbre la première Journée internationale contre l'islamophobie

Paix et sécurité

Les Nations Unies ont commémoré vendredi la toute première Journée internationale de lutte contre l'islamophobie avec un événement spécial dans la salle de l'Assemblée générale, lors duquel les intervenants ont souligné la nécessité d'une action concrète face à la montée de la haine, de la discrimination et de la violence contre les musulmans.

Cette observation fait suite à l'adoption à l'unanimité d'une résolution de l'Assemblée qui l'année dernière a proclamé le 15 mars la Journée internationale de lutte contre l'islamophobie, appelant à un dialogue mondial pour promouvoir la tolérance, la paix et le respect des droits de l'homme et de la diversité religieuse.

Comme l'a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, les près de deux milliards de musulmans dans le monde - qui viennent de tous les coins de la planète – « reflètent l'humanité dans toute sa magnifique diversité ». Pourtant, ils sont souvent confrontés au sectarisme et aux préjugés simplement à cause de leur foi.

En outre, les femmes musulmanes peuvent également subir une « triple discrimination » en raison de leur sexe, de leur origine ethnique et de leur religion.

« Épidémie » d’islamophobie

L'événement de haut niveau a été co-organisé par le Pakistan, dont le ministre des Affaires étrangères, Bilawal Bhutto Zardari, a souligné que l'islam est une religion de paix, de tolérance et de pluralisme.

Selon lui, bien que l'islamophobie ne soit pas nouvelle, elle est « une triste réalité de notre temps » qui ne fait qu'augmenter et se propager.

« Depuis la tragédie du 11 septembre, l'animosité et la suspicion institutionnelle à l'égard des musulmans et de l'islam à travers le monde n'ont fait que prendre des proportions épidémiques. Un récit a été élaboré et diffusé qui associe les communautés musulmanes et leur religion à la violence et au danger », a déclaré M. Zardari, qui est également Président du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).

Depuis la tragédie du 11 septembre, l'animosité et la suspicion institutionnelle à l'égard des musulmans et de l'islam à travers le monde n'ont fait que prendre des proportions épidémiques.

« Ce récit islamophobe ne se limite pas à la propagande extrémiste et marginale, mais a malheureusement été accepté par des sections des médias grand public, des universités, des décideurs politiques et de l'appareil d'État », a-t-il regretté.

Nous avons chacun un rôle

Pour sa part, le Président de l'Assemblée générale de l’ONU, Csaba Kőrösi, a noté que l'islamophobie est enracinée dans la xénophobie, ou la peur des étrangers et de ce qui est méconnu, et se traduit par des pratiques discriminatoires, telles les interdictions de voyager, les discours de haine, les brimades et le ciblage de l’Autre.

Il a exhorté les pays à respecter la liberté de religion ou de conviction, qui est garantie par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

« Nous avons tous la responsabilité de défier l'islamophobie ou tout phénomène similaire, de dénoncer l'injustice et de condamner la discrimination fondée sur la religion ou la conviction - ou leur absence », a-t-il ajouté.

M. Kőrösi a déclaré que l'éducation est essentielle pour comprendre pourquoi ces phobies existent, et qu'elle peut être « transformatrice » en changeant la façon dont les gens se comprennent.

Photo ONU/Loey Felipe Le Secrétaire général António Guterres s'adresse à l'événement de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies pour commémorer la Journée internationale de lutte contre l'islamophobie.
Photo ONU/Loey Felipe

La haine à la hausse

La haine croissante à laquelle les musulmans sont confrontés n'est pas un développement isolé, a à son tour estimé le Secrétaire général de l'ONU.

« C'est une partie inexorable de la résurgence de l'ethno-nationalisme, des idéologies suprématistes blanches néo-nazies et de la violence ciblant les populations vulnérables, notamment les musulmans, les juifs, certaines communautés chrétiennes minoritaires et d'autres », a affirmé António Guterres.

« La discrimination nous diminue tous et il nous incombe à tous de nous y opposer. Nous ne devons jamais être les spectateurs du sectarisme », a continué M.Guterres.

« Nous devons renforcer nos défenses », a ajouté M. Guterres citant en exemple les mesures onusiennes telles que le plan d'action pour la sauvegarde des sites religieux. Le chef de l’ONU a également appelé à intensifier les investissements politiques, culturels et économiques dans la cohésion sociale.

Freiner le sectarisme en ligne

« Et nous devons affronter le sectarisme partout et chaque fois qu'il pointe sa tête hideuse. Cela inclut de lutter contre la haine qui se répand comme une traînée de poudre sur Internet », a-t-il fait valoir.

À cette fin, l'ONU travaille avec les gouvernements, les régulateurs, les entreprises technologiques et les médias « pour mettre en place des garde-fous et les faire respecter ».

Bienveillance et solidarité

Parmi les autres politiques déjà lancées, il a cité une stratégie et un plan d'action contre le discours de haine et le rapport Our Common Agenda, qui décrit un cadre pour un « avenir numérique » plus inclusif et plus sûr pour tous.

Le Secrétaire général a exprimé sa gratitude aux chefs religieux du monde entier qui se sont unis pour promouvoir le dialogue et l'harmonie interconfessionnelle.

Il a décrit la déclaration de 2019 sur la « Fraternité humaine pour la paix dans le monde et le vivre ensemble " - co-écrite par Sa Sainteté le Pape François et Son Eminence le Grand Imam d'Al-Azhar Cheikh Ahmed El Tayeb - comme « un modèle de compassion et de solidarité humaine ».