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Somalie : entre 150.000 et 200.000 civils déplacés en raison de violences au Somaliland

Des violences ont contraint entre 150.000 et 200.000 personnes à fuir leur foyer dans la ville disputée de Las Anod, au Somaliland
© HCR/Nimo Ahmed Abdullahi
Des violences ont contraint entre 150.000 et 200.000 personnes à fuir leur foyer dans la ville disputée de Las Anod, au Somaliland

Somalie : entre 150.000 et 200.000 civils déplacés en raison de violences au Somaliland

Aide humanitaire

Des violences ont contraint entre 150.000 et 200.000 personnes à fuir leur foyer dans la ville disputée de Las Anod, au Somaliland, a indiqué mardi soir une agence des Nations unies, relevant que la situation sécuritaire à Las Anod reste volatile alors que les combats sont entrés dans leur cinquième semaine.

Selon le Bureau local de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les déplacements se multiplient. « Les autorités du Somaliland et du Puntland, respectivement, estiment qu’entre 154.000 et 203.000 personnes ont été déplacées par les combats », a détaillé OCHA, soulignant toutefois que les partenaires humanitaires n’ont pas été en mesure de confirmer ces chiffres en raison de l’accès limité dans ces zones.

Ancien territoire britannique, le Somaliland a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991, un acte non reconnu par la communauté internationale. Cette région somalienne de 4,5 millions d’habitants a connu une relative stabilité tandis que le reste de ce pays de la Corne de l’Afrique était en proie à l’insurrection islamiste des shebab.

Ces derniers mois ont cependant été marqués par des tensions au Somaliland. Selon les médias, des affrontements ont éclaté le 6 février entre les forces armées de la région et des milices loyales au gouvernement central somalien à Las Anod.

100.000 Somaliens se sont réfugiés depuis février dans la zone de Doolo en Éthiopie

« Les combats à Las Anod, dans la région contestée du Soul, sont entrés dans leur cinquième semaine, et des combats violents ont été signalés à la périphérie de la ville le 6 mars, selon les autorités locales citées par les médias », a précisé OCHA, rappelant que « la communauté internationale continue d’appeler à une résolution pacifique des combats ».

Selon l'agence, des responsables de l’hôpital général de Las Anod ont fait état de 80 morts et de 451 blessés, répartis entre cette structure et trois autres de la ville. L’identité des victimes n’a pas été précisée. « Les hôpitaux ont été endommagés, ce qui compromet l’accès aux soins essentiels pour les blessés », a ajouté l’OCHA.

Par ailleurs, quelque 100.000 Somaliens sont arrivés dans la zone de Doolo, dans la région Somali, le sud-est de l’Ethiopie voisine, pour échapper aux affrontements. « La plupart d’entre eux sont des femmes, des enfants - dont beaucoup arrivent non accompagnés - et des personnes âgées », a affirmé le Représentant du HCR en Éthiopie, Mamadou Dian Baldé, lors d’un point presse de l’ONU mardi à Genève.

A l’intérieur de la Somalie, la majorité des personnes déplacées se trouveraient à l’intérieur ou à proximité des villages, tandis que d’autres ont fui vers d’autres régions telles que Bari, Nugaal, Mudug et Sanaag.

L’accès humanitaire à la ville de Las Anod reste limité en raison de l’insécurité

Des personnes font la queue pendant plusieurs heures pour obtenir de l'eau dans le quartier de Kaharey à Doolo, en Somalie.
OCHA
Des personnes font la queue pendant plusieurs heures pour obtenir de l'eau dans le quartier de Kaharey à Doolo, en Somalie.

Une mission d’évaluation inter-agences qui s’est rendue dans le district de Qurilugud le 26 février a constaté que les autorités locales estiment qu’environ 600 familles (4 200 personnes) en provenance de Las Anod sont arrivées au cours des dix jours précédant la visite. Le district accueille environ 30.000 déplacés internes dont 24.000 personnes déplacées par le conflit de 2010 et 6.000 personnes touchées par la sécheresse actuelle.

Alors que les civils tentent de fuir les combats, des perturbations des transports sont signalées le long de la route principale reliant Bossaso à Las Anod et Burco à Las Anod. Ce qui affecte « la disponibilité des approvisionnements ».

Cette situation entraîne aussi une hausse des prix des produits de base. Des rapports d’une équipe d’évaluation inter-agences qui s’est rendue à Kalabeydh, à 28 km au sud-ouest de la ville de Las Anod, le 27 février, indiquent que les prix ont augmenté d’environ 10 à 15 % au cours des quatre dernières semaines, en particulier dans les zones où vivent les familles déplacées. Au moins 60 % des villages évalués avaient des réservoirs d’eau vides et dysfonctionnels.

A noter que ces combats interviennent alors que près de 215.000 personnes dans la région de Soul, soit plus de 40 % de la population, sont en situation de crise ou d’insécurité alimentaire aiguë en raison d’une grave sécheresse.

Toutefois, l’accès humanitaire à la ville de Las Anod reste limité en raison de l’insécurité. Les partenaires humanitaires continuent d’intensifier leurs efforts dans les zones accessibles où les gens ont été déplacés, et prévoient d’augmenter la réponse dès que « des stocks supplémentaires seront reçus ».