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Un bébé se faisant vacciner au centre de santé IV d'Ogur, dans le district de Lira, dans le nord de l'Ouganda.

Les dirigeants africains appellent à redynamiser la vaccination de routine

© UNICEF/Stuart Tibaweswa
Un bébé se faisant vacciner au centre de santé IV d'Ogur, dans le district de Lira, dans le nord de l'Ouganda.

Les dirigeants africains appellent à redynamiser la vaccination de routine

Santé

Les chefs d’État africains ont adopté, dimanche à Addis-Abeba (Ethiopie), des mesures clés visant à redynamiser la vaccination de routine sur tout le continent, à la suite des perturbations massives causées par la pandémie de Covid-19.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ces perturbations ont mis à mal les programmes de vaccination des enfants et augmenté les épidémies de maladies évitables par la vaccination.

« La pandémie de Covid-19 a eu une incidence très négative sur les efforts de vaccination en Afrique et il est désormais primordial pour nous de mener des campagnes de rattrapage, d’œuvrer pour le relèvement et de travailler pour le retour à la normale », a indiqué la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

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Au cours d’un évènement de haut niveau organisé en marge de la 36ème session ordinaire de la Conférence de l’Union africaine qui s’est tenue dans la capitale éthiopienne, les chefs d’État et de gouvernement africains ont approuvé une déclaration visant à créer une dynamique pour la reprise de la vaccination de routine en Afrique. À cet effet, ils se sont engagés à « renforcer la dynamique pour que toutes les populations bénéficient d’un accès universel à la vaccination afin de réduire la mortalité, la morbidité et le handicap».

Plus de 8 millions d’enfants africains exclus des services de vaccination en 2021

Selon les estimations du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et de l’OMS, 8,4 millions d’enfants dans la région africaine, contre 18 millions dans le monde, ont été exclus des services de vaccination en 2021. L’accès aux services de vaccination est encore plus difficile dans les communautés pauvres ou marginalisées et dans les communautés rendues vulnérables par des conflits ou dans celles qui vivent dans des environnements fragiles.

Plus largement, la couverture vaccinale pour de nombreuses maladies évitables par la vaccination est bien inférieure à la fourchette de 90-95% requise pour que l’Afrique reste exempte de ces maladies. Par exemple, en 2021, la couverture vaccinale moyenne contre la rougeole était de 69%, alors que celle contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche était de 82,5%.

Dans le même temps, la couverture pour la troisième dose du vaccin contre la polio était de 81,5%. « Les enfants qui n’ont pas été vaccinés par les services de vaccination ont aussi généralement un accès limité ou inexistant à la santé, à la nutrition, à l’éducation et à d’autres services sociaux », a affirmé Marie-Pierre Poirier, Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

En Afrique, les maladies évitables par la vaccination sont responsables de 93 % des épidémies de maladies infectieuses en cours. Des épidémies de maladies évitables par la vaccination sévissent dans 31 pays africains, et 17 d’entre eux ont même connu plusieurs épidémies de maladies évitables par la vaccination.

Un bébé est vacciné contre la polio dans l'Etat de Borno, au Nigéria.
UNICEF/UN036155/Page
Un bébé est vacciné contre la polio dans l'Etat de Borno, au Nigéria.

Agir rapidement pour l’éradication de la poliomyélite

Si la volonté politique n’est pas réaffirmée et si des efforts intensifiés ne sont pas consentis immédiatement, les agences onusiennes estiment que la couverture vaccinale ne reviendra pas aux niveaux de 2019 avant 2027.

La déclaration d’Addis Abeba, qui a sanctionné l’évènement organisé conjointement par la Commission de la santé de l’Union africaine, le gouvernement de la Sierra Leone et l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, a également appelé à des mesures urgentes pour lever « les obstacles persistants dans les systèmes de vaccination ». Elle invite expressément les pays à vacciner tous les enfants qui n’ont pas encore été protégés.  Les chefs d’État ont aussi lancé un appel aux pays à agir rapidement pour accroître le soutien aux efforts déployés pour l’éradication de la poliomyélite – qui se trouvent dans la dernière ligne droite.

La déclaration vise également à raviver l’engagement du continent à atteindre les objectifs énoncés dans le Programme pour la vaccination à l’horizon 2030, une nouvelle stratégie mondiale dont le but est de relever les défis de la vaccination et de sauver plus de 50 millions de vies dans le monde.

La déclaration a également exhorté les fabricants de vaccins à améliorer l’accès aux doses et l’UNICEF et l’OMS à aider les pays à suivre les progrès vers les objectifs en matière de vaccination.