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En Ukraine, l’ordre international est en jeu, assure un haut responsable de l’ONU

Des secouristes fouillent un bâtiment endommagé par des missiles à Zaporijjia, en Ukraine.
© UNOCHA/Dmytro Smolienko
Des secouristes fouillent un bâtiment endommagé par des missiles à Zaporijjia, en Ukraine.

En Ukraine, l’ordre international est en jeu, assure un haut responsable de l’ONU

Paix et sécurité

Durant une session du Conseil de sécurité consacrée à la guerre en Ukraine, ce vendredi 17 février, un haut responsable de l’ONU a souligné le soutien diplomatique que peuvent apporter les Nations Unies et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), tout en appelant toutes les parties à faire preuve de volonté politique et à aborder les causes profondes du conflit.

Déplorant « les immenses souffrances et destructions survenue au cours de l’année écoulée », Miroslav Jenca, Sous-Secrétaire général pour l'Europe, l'Asie centrale et les Amériques au Département des affaires politiques des Nations Unies, a rappelé que le conflit armé en Ukraine dure depuis 2014 ; et qu’il y a un an, jour pour jour, à la veille de l’invasion russe, Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, mettait en garde le Conseil de sécurité contre les tensions croissantes autour de l’Ukraine et appelait  toutes les parties concernées à tirer pleinement parti des cadres existants pour empêcher une escalade.

Multiples efforts diplomatiques de l’ONU

Miroslav Jenca a souligné la situation particulière de l’ONU face à ce conflit depuis l’invasion de la Crimée et du Donbass par la Russie en 2014. « L’Organisation des Nations Unies n’a fait officiellement partie d’aucun mécanisme lié au processus de paix en Ukraine, tel que le Format Normandie (incluant les belligérants du Donbass ainsi que l’Allemagne, la France et la Russie), ni aux négociations de Minsk ou aux efforts du groupe de contact trilatéral de l’OSCE, a-t-il constaté.

Il a toutefois souligné que l’ONU, bien qu’elle n’ait joué aucun rôle formel dans le cadre de Minsk, a « toujours et pleinement soutenu ces dernières années la mise en œuvre des accords de Minsk et des mesures connexes ».

De même, il a rappelé que l’ONU a exprimé à maintes reprises son plein appui politique à toutes les parties concernées par le Format Normandie et d’autres efforts diplomatiques. Conformément au Chapitre VIII de la Charte, l’ONU a offert son soutien, sur demande, au Groupe de contact trilatéral dirigé par l’OSCE.

Un convoi organisé par l'ONU apporte de l'aide au village de Dobropillia dans la région de Zaporijjia, en Ukraine.
OCHA Ukraine
Un convoi organisé par l'ONU apporte de l'aide au village de Dobropillia dans la région de Zaporijjia, en Ukraine.

Travail sur le terrain

Miroslav Jenca a aussi mis en lumière l’aide fournie par l’ONU sur le terrain, par le partage des pratiques mondiales et le soutien spécialisé accordé à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE dans l’Est de l’Ukraine, y compris pour la surveillance du cessez-le-feu et à la paix et la sécurité pour les femmes.

Il a ajouté que l’équipe de pays des Nations Unies a continuellement coordonné avec la mission spéciale d’observation les questions liées à la sécurité, à l’aide humanitaire et à l’accès aux droits de l’homme dans les zones non contrôlées par le gouvernement ukrainien afin de fournir une assistance à toutes les communautés dans le besoin.

Enfin, le Sous-Secrétaire général a rappelé que tout au long de cette période et à ce jour, l’ONU est restée constante dans son appui de principe à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.

Miroslav Jenca, Sous-Secrétaire général pour l'Europe, l'Asie centrale et les Amériques, lors du Conseil de Sécurité sur l'Ukraine
UN Photo/Cia Pak
Miroslav Jenca, Sous-Secrétaire général pour l'Europe, l'Asie centrale et les Amériques, lors du Conseil de Sécurité sur l'Ukraine

Hommage au travail de l’OSCE

Il a particulièrement souligné que le déclenchement du conflit armé dans l’Est de l’Ukraine en 2014 a été, jusqu’en février de l’année dernière, « la plus grande épreuve à laquelle l’OSCE ait été confrontée dans son existence ». Il a rendu hommage à sa « réponse sans précédent » ainsi qu’au travail de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, dont l’équipe d’un millier d’observateurs a fourni des informations essentielles sur les violations du cessez-le-feu sur le terrain, afin de réduire les tensions et de prévenir une nouvelle escalade. 

« Malgré les défis encore plus importants posés par l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’année dernière et l’aggravation des tensions dans la région, l’OSCE reste un acteur essentiel pour la sécurité européenne », a-t-il réitéré.

Miroslav Jenca a par ailleurs souligné que l’Assemblée générale des Nations Unies joue son rôle, et que sa résolution du 12 octobre 2022 a demandé aux États Membres et aux organisations internationales, y compris l’OSCE, d’appuyer la désescalade et un règlement pacifique du conflit, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

« L’ONU, conformément au Chapitre VIII de la Charte, continue de travailler de manière complémentaire avec toutes les organisations et mécanismes régionaux créés pour faire face aux défis en matière de sécurité, y compris avec l’OSCE dans toute la région de l’Eurasie », a-t-il ajouté.

Danger de s’écarter de la lettre des Accords de Minsk

Le Sous-secrétaire général a rappelé que « bien avant que la situation en Ukraine ne dégénère en tragédie actuelle, les Nations Unies ont souligné l’importance de la volonté politique de toutes les parties et, dans le même temps, ont mis en garde tous les acteurs concernés contre les dangers de la complaisance concernant la mise en œuvre des accords de Minsk et les risques de maintenir ce conflit sans solution ».

« L’ONU a saisi toutes les occasions d’exhorter toutes les parties à éviter toute mesure unilatérale susceptible d’accroitre la division ou de s’écarter de lettre des Accords », a-t-il souligné.

Aux yeux de Miroslav Jenca, « ce que nous avons appris de l’expérience du processus de Minsk, c’est qu’il ne suffit pas seulement de signer un accord. Nous avons besoin d’une paix durable et réalisable qui s’attaque aux causes profondes du conflit et qui soit conforme à la Charte des Nations Unies et au droit international ». Un point particulièrement important, selon lui, vu la complexité du contexte actuel en Ukraine, mais aussi de ses implications pour l’avenir de l’architecture de sécurité européenne et, de fait, pour l’ordre international lui-même.

« Pour parvenir à une paix durable, il faut un processus inclusif, transparent et significatif, soutenu par un cadre viable qui fait actuellement défaut », a-t-il conclu, en rappelant, que « l’ONU est prête à soutenir tous les efforts significatifs visant à ramener la paix en Ukraine ».