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L'OMS révèle que 32,8 % des détenus européens souffrent de troubles de la santé mentale.

Un tiers des détenus en Europe souffrent de troubles de la santé mentale (OMS)

Unsplash/Hédi Benyounes
L'OMS révèle que 32,8 % des détenus européens souffrent de troubles de la santé mentale.

Un tiers des détenus en Europe souffrent de troubles de la santé mentale (OMS)

Santé

Un détenu sur trois en Europe souffre de troubles de santé mentale, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un nouveau rapport.

Si les prisons européennes ont géré des réponses adéquates à la pandémie de Covid-19 pour les détenus, des inquiétudes subsistent quant à la faiblesse des services de santé mentale, à la surpopulation et aux taux de suicide, a noté le rapport.

« Les prisons sont intégrées dans les communautés et les investissements réalisés dans la santé des personnes incarcérées deviennent un dividende communautaire », a déclaré le Dr Hans Henri P. Kluge, Directeur régional du Bureau régional de l'OMS pour l'Europe. « L'incarcération ne devrait jamais devenir une condamnation à une mauvaise santé. Tous les citoyens ont droit à des soins de santé de bonne qualité, quel que soit leur statut juridique ».

Suivi de 600.000 détenus

Le deuxième rapport de situation sur la santé en milieu carcéral dans la région européenne de l'OMS donne un aperçu de la performance des prisons de la région, sur la base des données d'enquête de 36 pays, où plus de 600.000 personnes sont incarcérées.

L'incarcération ne devrait jamais devenir une condamnation à une mauvaise santé. Tous les citoyens ont droit à des soins de santé de bonne qualité, quel que soit leur statut juridique - Dr Hans Kluge

Les conclusions montrent que l'affection la plus répandue chez les personnes incarcérées était les troubles de la santé mentale, qui touchent 32,8% de la population carcérale.

Créée en 2016 pour combler le manque d'informations sur la santé en milieu carcéral dans la région, la base de données européenne de l'OMS sur la santé en milieu carcéral, recense les domaines qui nécessitent une attention particulière. Elle surveille également la santé des personnes en prison en vue d'évaluer les systèmes de santé des établissements, alimentant ainsi les services de santé dans leur ensemble.

« Lorsque les prisons sont exclues du système de santé général, les communautés locales peuvent être les plus durement touchées », a averti le Dr Kluge.

Suicide, surpopulation

Dans les prisons européennes, des inquiétudes existent quant à la faiblesse des services de santé mentale, à la surpopulation et aux taux de suicide.
Unsplash/Matthew Ansley
Dans les prisons européennes, des inquiétudes existent quant à la faiblesse des services de santé mentale, à la surpopulation et aux taux de suicide.

Le rapport attire l'attention sur plusieurs sujets de préoccupation, notamment la surpopulation et le manque de services pour la santé mentale, qui représente le plus grand besoin de santé chez les personnes incarcérées dans toute la région.

Menée en 2021, l'enquête a jeté un regard rétrospectif sur 2020, alors que le monde était aux prises avec le début de la pandémie de Covid-19. La cause la plus fréquente de décès dans les prisons était le suicide, avec un taux beaucoup plus élevé que dans la communauté au sens large, selon le rapport.

En outre, les résultats montrent qu'un État membre sur cinq fait état d'une surpopulation carcérale, qui a diverses conséquences négatives sur la santé.

Le rapport suggère d'envisager des mesures alternatives non privatives de liberté pour les infractions qui ne présentent pas un risque élevé pour la société et pour lesquelles des mesures plus efficaces existent, comme la voie alternative au traitement des troubles liés à la consommation de drogue.

Des alternatives nécessaires

Carina Ferreira-Borges, Conseillère régionale de l'OMS pour l'alcool, les drogues illicites et la santé en milieu carcéral, déclare que le fait d'aider les personnes libérées de prison à se réinsérer dans la communauté et à accéder aux services de santé peut réduire la probabilité de récidive.

« Le problème de la surpopulation carcérale mis en évidence dans ce rapport est un rappel important de notre dépendance excessive à l'égard de l'incarcération et de la nécessité de trouver des alternatives », dite-elle.

« Les ministères de la Santé jouent un rôle essentiel dans la protection du droit fondamental à la santé. Ce rapport met en évidence la valeur d'une approche axée sur la santé et les droits de l'homme dans le traitement des délinquants, fournissant des indications importantes sur les mesures spécifiques qui peuvent être prises pour améliorer nos systèmes, pour les personnes en prison et pour l'ensemble de la société ».

L'OMS préconise une plus grande participation des ministères de la Santé à la prestation de soins de santé dans les prisons de la région.

Le Bureau régional de l'OMS pour l'Europe travaille sur la santé en milieu carcéral depuis 1995, en mettant en place le seul programme de santé en milieu carcéral au monde, qui vise à assurer un suivi et à fournir des données probantes pour éclairer l'élaboration des cadres politiques et législatifs correspondants.