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Des enfants dorment dans une mosquée du quartier d'Al-Midan à Alep, en Syrie

Séisme : Guterres appelle à financer intégralement un appel de 397 millions de dollars pour la Syrie

© UNHCR/Hameed Maarouf
Des enfants dorment dans une mosquée du quartier d'Al-Midan à Alep, en Syrie

Séisme : Guterres appelle à financer intégralement un appel de 397 millions de dollars pour la Syrie

Aide humanitaire

Le Secrétaire général de l'ONU a annoncé mardi un appel humanitaire de 397 millions de dollars pour aider la population de la Syrie, ravagée par le tremblement de terre de lundi dernier, afin d'aider à fournir des secours « désespérément nécessaires » à près de cinq millions de personnes.

António Guterres a déclaré aux journalistes lors d'un point de presse à New York qu'il fallait que l'aide arrive « de toutes parts » et que ce financement couvrirait une période initiale de trois mois.

Le chef de l’ONU a déclaré qu'un appel similaire était en cours de finalisation pour les survivants de l'autre côté de la frontière, en Türkiye.

Des besoins « immenses »

« Au lendemain des tremblements de terre, les Nations Unies ont rapidement fourni 50 millions de dollars via le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF), mais les besoins sont immenses », a-t-il fait valoir.

« L'effort en Syrie rassemble l'ensemble du système des Nations Unies et des partenaires humanitaires et contribuera à assurer l'aide vitale dont ont désespérément besoin près de 5 millions de Syriens, y compris sous forme d'abris, de soins de santé, de nourriture et de protection », a précisé M. Guterres.

Il a affirmé que l'aide était le moyen le plus efficace d'aider le pays déchiré par la guerre civile qui dure depuis 12 ans, et souligné qu’une grande partie de la zone du tremblement de terre dans la région frontalière du nord-ouest, est contrôlée par des combattants de l'opposition, avec de nombreux habitants déplacés à plusieurs reprises étant déjà dans un état de crise humanitaire.

« Nous savons tous que l'aide vitale n'a pas été acheminée à la vitesse et à l'échelle nécessaires », a ajouté le chef de l'ONU, signalant que des millions de personnes « luttent pour leur survie, sans abri et dans des températures glaciales ».

« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour changer cela, mais il en faut beaucoup plus », a-t-il déclaré. « J'ai un message urgent pour la communauté internationale : les souffrances humaines causées par cette catastrophe naturelle épique ne doivent pas être aggravées par des obstacles créés par l'homme - accès, financement, fournitures ».

DONNER!

Des équipes d'urgence et de recherche et de sauvetage se sont déployées pour évaluer et hiérarchiser les besoins urgents et pour fournir une assistance vitale à la suite du tremblement de terre dévastateur près de la frontière turco-syrienne.

« L'aide doit passer de tous les côtés, par toutes les routes - sans aucune restriction », a souligné le chef de l'ONU, notant que suite aux assurances de la Syrie hier soir, deux points de passage supplémentaires étaient désormais ouverts pour permettre plus d'aide dans le nord-ouest.

« Au moment où nous parlons, un convoi de 11 camions est en route pour traverser Bab Al-Salam et beaucoup d'autres sont à venir », a-t-il fait valoir.

M. Guterres a appelé tous les États membres, et les autres membres de la communauté des donateurs, « à financer intégralement cet effort sans délai et à aider les millions d'enfants, de femmes et d'hommes dont la vie a été bouleversée par cette catastrophe générationnelle ».

« C'est un moment d'unité, d'humanité commune et d'action concertée », a martelé le chef de l’ONU.

Pas de restrictions

Interrogé sur la nécessité d'une résolution du Conseil de sécurité pour cimenter l'accord bilatéral entre les Nations Unies et les autorités syriennes, M. Guterres a déclaré que la réalité était que les points de passage étaient ouverts et que des mouvements avaient lieu.

Répondant à une autre question sur la nécessité de négocier avec les chefs de l'opposition militaire dans le nord-ouest échappant au contrôle des autorités syriennes, il a réitéré son appel à l'ouverture de tous les couloirs d'aide, « sans restrictions ».

Des habitants d'Alep, en Syrie, ont accès à de l'eau potable après le tremblement de terre qui a frappé la région.
© UNICEF/Muhannad Al-Asadi
Des habitants d'Alep, en Syrie, ont accès à de l'eau potable après le tremblement de terre qui a frappé la région.

Les enfants dorment dans les rues, trop effrayés pour rentrer chez eux

De leur côté, les agences humanitaires de l'ONU ont averti que plusieurs milliers d'enfants ont probablement été tués, tandis que des millions de personnes vulnérables ont un besoin urgent d’aide.

« Même sans chiffres vérifiés, il est tragiquement clair que le nombre d'enfants tués, le nombre d'enfants orphelins va continuer à augmenter », a déclaré le porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), James Elder.

En Türkiye, le nombre total d'enfants vivant dans les 10 provinces en situation d’urgence est de 4,6 millions et en Syrie de 2,5 millions.

Menace croissante pour la santé

Huit jours après la catastrophe, alors que l'attention humanitaire passe du sauvetage au rétablissement, M. Elder a averti que les cas d'hypothermie et d'infections respiratoires augmentaient chez les jeunes. Il a appelé à une solidarité continue avec toutes les personnes touchées par l'urgence.

Tout le monde, partout, a besoin de plus de soutien, de plus d'eau potable, de plus de chaleur, de plus d'abris, de plus de carburant, de plus de médicaments, de plus de financement

« Tout le monde, partout, a besoin de plus de soutien, de plus d'eau potable, de plus de chaleur, de plus d'abris, de plus de carburant, de plus de médicaments, de plus de financement », a-t-il déclaré.

« Les familles avec enfants dorment dans les rues, les centres commerciaux, les mosquées, les écoles, sous les ponts, à l'air libre de peur de retourner chez elles », a-t-il déploré.

Malgré les rapports positifs selon lesquels le Président syrien Bashar al-Assad a convenu avec l'ONU de rouvrir deux points de passage supplémentaires pour la livraison de l’aide transfrontalière dans le nord-ouest de la Syrie depuis la Türkiye pour une période initiale de trois mois, les agences humanitaires ont souligné la nécessité d'obtenir des garanties de passage sûr de l'aide humanitaire pour tous ceux qui sont impliqués dans la guerre civile syrienne qui dure depuis plus de 12 ans.

« Chaque partie doit accepter de recevoir des convois pour les laisser partir sans entrave et c'est le plus grand défi », a déclaré Christian Lindmeier, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les gens ont besoin d'aide, « d'où qu'ils viennent »

Faisant écho à ce message depuis Damas, Kenn Crossley, le Directeur pays du Programme alimentaire mondial (PAM) en Syrie, a déclaré aux journalistes à Genève que l'accès humanitaire devait atteindre les gens « d'où qu'ils viennent, partout où nous pouvons les atteindre ».

Soulignant les efforts considérables de l'ONU pour venir en aide aux personnes directement touchées par l'urgence, le responsable du PAM a noté que des repas chauds et des aliments prêts à consommer avaient été distribués dans des abris dans les heures suivant la catastrophe, en utilisant des stocks prépositionnés.

« Environ 90.000 personnes dans le nord-ouest de la Syrie ont reçu une aide alimentaire spécifique directement liée à l'impact du tremblement de terre », a-t-il déclaré.

La force destructrice du tremblement de terre est visible dans le quartier de la rue Bagdad à Alep, en Syrie.
© UNHCR/Hameed Maarouf
La force destructrice du tremblement de terre est visible dans le quartier de la rue Bagdad à Alep, en Syrie.

De l’aide pour tous

Le PAM a également fourni une aide alimentaire à près de 70.000 personnes touchées par le séisme dans les zones contrôlées par le gouvernement à Alep, Hama, Lattaquié, a poursuivi M. Crossley.

Un autre acteur clé de l'effort de secours, l'agence des Nations Unies pour les migrations, l'OIM, a déclaré que 11 camions remplis d'aide humanitaire avaient été envoyés mardi à Bab Al-Salam, dans le nord-ouest de la Syrie, l'un des points de passage rouverts, tandis que quatre autres camions ont quitté le centre d'aide de l’ONU à Gaziantep à destination de Bab al-Hawa.

Le quartier Al-Kallasah à Alep, en Syrie, a été durement touché par le tremblement de terre du 6 février.
© UNHCR/Hameed Maarouf
Le quartier Al-Kallasah à Alep, en Syrie, a été durement touché par le tremblement de terre du 6 février.

Plus de 58 camions ont atteint le nord-ouest de la Syrie

Les derniers convois s'ajoutent aux 58 camions chargés d'aide fournie par six agences de l'ONU qui ont atteint le nord-ouest de la Syrie depuis la Türkiye le 13 février, selon l'agence de la coordination humanitaire de l’ONU, OCHA.

Dans son dernier rapport de situation pour la Türkiye, le Directeur régional de l'OMS pour l'Europe, le Dr Hans Kluge, a déclaré que plus de 31.000 personnes avaient perdu la vie dans la catastrophe.

Le nombre de blessés dans les 10 provinces du sud touchées est passé à près de 100.000.

De l'autre côté de la frontière, dans le nord-ouest de la Syrie, le Dr. Kluge a évalué le nombre de morts à près de 5.000, mais « tous ces chiffres vont probablement augmenter », a-t-il déclaré aux journalistes.

Les besoins montent d'heure en heure

« Les besoins sont énormes et augmentent d'heure en heure. Quelque 26 millions de personnes dans les deux pays ont besoin d'une aide humanitaire », a insisté le responsable de l'OMS.

Dans le cadre de sa réponse, l'agence sanitaire de l’ONU soutient les efforts visant à prévenir les problèmes de santé liés au froid, à l'hygiène et à l'assainissement, et à la propagation des maladies infectieuses.

En Türkiye, environ un million de personnes ont perdu leur maison et vivent dans des abris temporaires, a poursuivi le Dr Kluge, citant les estimations des autorités turques selon lesquelles 80.000 personnes sont hospitalisées, « mettant à rude épreuve le système de santé, lui-même gravement endommagé par la catastrophe ».