Réponse au séisme : dans une course contre la montre, Guterres exhorte à donner la priorité aux gens
Aide humanitaire
L'heure est venue de se mobiliser pour les populations de Türkiye et de Syrie affectées par le séisme meurtrier de lundi et de leur montrer « le même type de soutien et de générosité » dont elles ont fait preuve en aidant des millions de réfugiés et de personnes déplacées fuyant les conflits, a déclaré jeudi le chef de l'ONU.
António Guterres a tenu ces propos devant la presse à New York quelques heures après que le premier convoi de l’ONU a franchi la frontière entre la Türkiye et la Syrie pour venir en aide aux victimes du séisme dans le nord-ouest de la Syrie.
« Ce foyer de solidarité est maintenant un épicentre de la souffrance », a regretté le Secrétaire général de l'ONU, expliquant qu’il connaissait bien la région et ses populations, ayant fait leur connaissance à plusieurs reprises lors de ses visites par le passé en tant que chef de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
« Cauchemars sur cauchemars »
« Les gens font face à des cauchemars sur cauchemars », a affirmé le chef de l’ONU, expliquant que « le tremblement de terre a frappé alors que la crise humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie s'aggravait déjà et que les besoins sont à leur plus haut niveau depuis le début du conflit.
M. Guterres a affirmé que l'ONU a fait de son mieux pour réagir rapidement à ce qui est « l'une des plus grandes catastrophes naturelles de notre époque ».
« Nous avons déployé des experts en évaluation des catastrophes ; coordonné les équipes de recherche et de secours ; fourni des secours d'urgence, de la nourriture, des fournitures médicales, des couvertures thermiques et d'autres articles vitaux. Et nous nous engageons à faire beaucoup plus », a-t-il précisé.
Un premier convoi de l'ONU a franchi la frontière entre la Türkiye et le nord-ouest de la Syrie jeudi par le point de passage de Bab al-Hawa. Ce convoi comprenait six camions transportant des abris et d'autres articles de secours ; et bien que davantage d'aide soit en route, a fait valoir le chef de l'ONU, « beaucoup plus est nécessaire ».
Il a annoncé que son Coordonnateur des secours d'urgence, Martin Griffiths, qui se trouve déjà en Türkiye se rendrait à Gaziantep, Alep et Damas « pour évaluer les besoins et voir comment renforcer au mieux notre soutien ».
Le monde est tristement conscient de l'augmentation du nombre de morts, qui selon les derniers rapports s’élève désormais à plus de 18.000, et du fait que l'étendue des dégâts est encore inconnue, a ajouté le Secrétaire général.
Réponse au seisme : il faut donner la priorité aux gens
Des populations solidaires
« La Türkiye abrite le plus grand nombre de réfugiés au monde et a fait preuve d'une générosité sans précédent envers ses voisins syriens. En effet, jusqu'à 3,6 millions de Syriens vivent en Türkiye depuis plus d'une décennie. Beaucoup d'entre eux sont maintenant victimes du tremblement de terre », a souligné M. Guterres.
De même à Alep, en Syrie, a-t-il signalé, évoquant les visites lors desquelles il a pu par le passé rencontrer des Syriens qui ont chaleureusement accueilli les Iraquiens fuyant la guerre.
« Lors de mes visites, j'ai été profondément touché par la solidarité des personnes qui ont ouvert leur maison et leur cœur. Maintenant, ces maisons ont été détruites et ces cœurs sont brisés », a-t-il déclaré aux journalistes au siège de l'ONU à New York.
Le Programme alimentaire mondial a distribué des repas chauds aux personnes déplacées à Alep, en Syrie.
Accès et ressources : les principales priorités
M. Guterres a signalé deux priorités de la plus grande importance.
« D'abord, l'accès. Les routes sont endommagées. Les gens meurent. Il est maintenant temps d'explorer toutes les voies possibles pour acheminer de l'aide et du personnel dans toutes les zones touchées. Nous devons faire passer les gens en premier », a-t-il dit.
« Deuxièmement, les ressources », a-t-il poursuivi, ajoutant que la réponse humanitaire - le fonds humanitaire syrien et le fonds transfrontalier syrien - a besoin d'un soutien urgent et que ce sont là « les meilleures options pour permettre à l'ONU et à ses partenaires humanitaires de répondre rapidement aux personnes dans le besoin ».
Selon le Secrétaire général, les agences des Nations Unies ainsi que les ONG internationales et nationales en Syrie sont en train d’évaluer leurs besoins de financement initiaux pour les trois prochains mois.
Quelque 25 millions de dollars ont déjà été débloqués du Fonds central d'intervention d'urgence de l'ONU pour lancer la réponse, et au début de la semaine prochaine, un appel éclair sera lancé au donateurs, pour venir en aide aux personnes touchées par le tremblement de terre en Syrie.
« Ces ressources seront utilisées par la communauté humanitaire pour une aide essentielle : abris, santé, nutrition, eau, assainissement, hygiène, éducation, protection et services de soutien psychosocial », a précisé le chef de l’ONU.
M. Guterres a également déclaré que l'ONU était « prête à soutenir la réponse du gouvernement turc de toutes les manières possibles ».
« Face à cette catastrophe épique, j'appelle instamment la communauté internationale à montrer aux populations de la Türkiye et de la Syrie, le même genre de soutien et de générosité avec lesquels elles ont reçu, protégé et assisté des millions de réfugiés et de personnes déplacées dans une immense preuve de solidarité », a fait valoir le Secrétaire général de l’ONU.
« C’est l'heure de se mobiliser pour les populations de la Türkiye et de Syrie », a enfin conclu M. Guterres.