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Des mères déplacées et leurs enfants assistent à une évaluation de la faim par le PAM dans l'État de Borno, au Nigéria (photo d'archives).

Nigéria : la Conseillère de l'ONU sur le génocide met en garde contre l'aggravation de la situation sécuritaire

© PAM/Arete/Siegfried Modola
Des mères déplacées et leurs enfants assistent à une évaluation de la faim par le PAM dans l'État de Borno, au Nigéria (photo d'archives).

Nigéria : la Conseillère de l'ONU sur le génocide met en garde contre l'aggravation de la situation sécuritaire

Paix et sécurité

La Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide a exprimé jeudi sa préoccupation face à la détérioration de la situation sécuritaire au Nigéria, tout en exhortant les autorités à veiller à ce que les opérations de lutte contre le terrorisme soient menées conformément au droit international des droits de l'homme et au droit humanitaire.

Alice Nderitu a exprimé sa condamnation la plus ferme de la frappe aérienne du 24 janvier au cours de laquelle au moins 40 éleveurs, principalement des Peuls, ont été tués et des dizaines d'autres civils ont été blessés.

L'incident s'est produit dans un village à la frontière des États de Nasarawa et Benue. Mme Nderitu a rappelé qu'une autre frappe aérienne en 2017 avait fait 54 victimes civiles dans un camp de personnes déplacées dans l'État de Borno.

Risque de nouvelles tensions

La Conseillère spéciale est particulièrement préoccupée par la situation dans les régions du nord-ouest et du centre-nord du Nigéria, où les attaques aériennes ont eu lieu.

« Si elle n'est pas prise en compte, cette dynamique de ciblage des communautés selon des critères identitaires risque d'alimenter davantage les tensions intercommunautaires, le recrutement par des groupes armés et les attaques de représailles, avec un impact évident sur les civils », a-t-elle ajouté.

Mme Nderitu a déclaré que la détérioration de la situation sécuritaire au Nigéria se caractérise par la politisation de la transhumance, le mouvement saisonnier du bétail pour le pâturage, et les divisions croissantes entre les communautés, notamment sur la base de la stigmatisation selon des critères religieux et ethniques.

Avertissement avant les élections

« Dans cet environnement extrêmement instable, il est important que les élections générales prévues pour le 25 février 2023 ne déclenchent pas de violences ni même d'atrocités criminelles », a-t-elle averti.

L'experte sur la prévention du génocide a également souligné sa préoccupation face aux tendances croissantes du discours de haine le long des lignes identitaires et à l'incitation à la discrimination, à l'hostilité ou à la violence qui imprègne le discours politique dans le pays.

Elle a appelé tous les dirigeants politiques à respecter l'accord de paix qu'ils ont signé et qui comprend un engagement à mener des campagnes pacifiques.

Les chefs religieux et traditionnels ont également été encouragés à œuvrer pour apaiser les tensions, prévenir l'incitation à la violence et faire face au risque d'atrocités criminelles avant les élections et au-delà.

Manipulation de la transhumance

Au-delà du Nigéria, Mme Nderitu s'est dite préoccupée par la manipulation de la transhumance dans les discours politiques, à travers l’ensemble de l'Afrique de l'Ouest et de la région du Sahel.

« Les niveaux élevés et continus de violence ciblant les communautés en relation avec la transhumance, y compris les discours de haine et l'incitation à la violence, sont particulièrement préoccupants compte tenu des élections à venir dans de nombreux pays de la région », a-t-elle déclaré.

La haute responsable de l'ONU a appelé à une action urgente pour résoudre les conflits, prévenir les atrocités et permettre la tenue d'élections pacifiques.