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Myanmar : l’ONU s’inquiète de l’intention de l’armée de tenir des élections dans un contexte de violence

Des manifestants contre le coup d'Etat militaire au Myanmar (photo d'archives).
Unsplash/Pyae Sone Htun
Des manifestants contre le coup d'Etat militaire au Myanmar (photo d'archives).

Myanmar : l’ONU s’inquiète de l’intention de l’armée de tenir des élections dans un contexte de violence

Droits de l'homme

Deux ans après la prise du pouvoir par l’armée du Myanmar, une haute responsable des Nations Unies a averti mardi que les élections prévues par la junte militaire pourraient « alimenter une plus grande violence », prolongeant le conflit dans ce pays de l’Asie du Sud-Est.

Alors que la crise du Myanmar entre dans sa troisième année, l’Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour le Myanmar, Noeleen Heyzer, a lancé un appel urgent à l’unité de la communauté internationale en matière d’aide humanitaire, de position sur les élections et de protection des civils.

Selon la médiatrice de l’ONU, la communauté internationale doit forger « une position unifiée plus forte concernant les élections potentielles de l’armée qui alimenteront une plus grande violence, prolongeront le conflit et rendront plus difficile le retour à la démocratie et à la stabilité ».

« Il est inconcevable qu’une quelconque forme de transition pacifique et démocratique puisse être initiée par ceux qui font du mal à leurs propres citoyens », a déclaré dans un communiqué l’Envoyée spéciale, relevant la persistance de la violence, notamment « les bombardements aériens et l’incendie d’infrastructures civiles, ainsi que les arrestations continues par les militaires de dirigeants politiques, d’acteurs de la société civile et de journalistes ».

L'Envoyée spéciale Noeleen Heyzer rencontre des femmes dans un camp de réfugiés du Myanmar à Cox's Bazar au Bangladesh en août 2022.
OSE-Myanmar
L'Envoyée spéciale Noeleen Heyzer rencontre des femmes dans un camp de réfugiés du Myanmar à Cox's Bazar au Bangladesh en août 2022.

En l’absence d’un dialogue politique inclusif, le scrutin risque d’aggraver la violence

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’est aussi dit, lundi, préoccupé par l’intention de la junte au pouvoir au Myanmar d’organiser des élections alors que les bombardements aériens et les incendies de maisons de civils s’intensifient et que les arrestations, les intimidations et le harcèlement de dirigeants politiques, d’acteurs de la société civile et de journalistes se poursuivent.

« L’Envoyée spécial a réitéré la préoccupation du Secrétaire général concernant l’intention déclarée de l’armée d’organiser des élections », a dit Mme Heyzer. Cela menace « d’aggraver la violence et l’instabilité » en l’absence d’un dialogue politique inclusif et de conditions permettant aux citoyens d’exercer librement leurs droits politiques sans crainte ni intimidation.

Par ailleurs, Mme Heyzer a mis en évidence les principaux domaines d’action concrète dans lesquels une plus grande unité régionale et internationale peut soutenir un processus mené par le Myanmar. Un tel dispositif permettrait « de mettre fin à la violence et aux souffrances et aider ainsi le Myanmar à retrouver la voie de la démocratie guidée par la volonté du peuple ».

Renforcer la protection des civils à l’intérieur du Myanmar

Dans son appel urgent, l’Envoyée spéciale a aussi mis l’accent sur la nécessité d'une position unifiée sur l’aide humanitaire.

A ce sujet, elle préconise une hausse des niveaux d’aide transfrontalière, ainsi que des règles bancaires et de déclaration plus souples, qui faciliteront le soutien humanitaire aux personnes qui en ont le plus besoin.

De plus, « la communauté internationale doit mettre en œuvre des mesures visant à renforcer la protection des civils à l’intérieur du Myanmar ainsi que celle des réfugiés du Myanmar dans la région », a-t-elle dit.

Au cours des deux dernières années, l’interruption de la transition démocratique au Myanmar a infligé d’énormes dommages au pays et au peuple. Selon l’ONU, elle a conduit à une crise multidimensionnelle lourde de graves conséquences humanitaires, socio-économiques et en matière de droits de l’homme, avec de sérieuses ramifications régionales. A la fin de l’année dernière, plus de 15 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire.

Plus de 1,5 million de personnes étaient déplacées à l’intérieur du pays. « Les Rohingyas dans les camps de réfugiés et ceux qui restent dans le pays, ainsi que d’autres communautés marginalisées, sont exposés à un risque accru. L’année 2022 a ainsi été l’une des plus meurtrières pour les personnes contraintes d’entreprendre de périlleux voyages en mer », a fait valoir l’Envoyée spéciale de l’ONU.