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António Guterres va convoquer un Sommet « de bon sens » sur l’ambition climatique

Le Secrétaire général de l'ONU António Guterres (à gauche) rencontre des Pakistanais affectés par les inondations en 2022.
Photo ONU/Eskinder Debebe
Le Secrétaire général de l'ONU António Guterres (à gauche) rencontre des Pakistanais affectés par les inondations en 2022.

António Guterres va convoquer un Sommet « de bon sens » sur l’ambition climatique

Climat et environnement

Lors d'une conférence de presse de fin d'année, le chef de l’ONU s’est engagé à faire de 2023 « une année pour la paix et pour l’action », appelant les dirigeants à intensifier leurs efforts dans la lutte contre le changement climatique. Il s’est dit convaincu de l’effet positif de solutions pratiques et d’une diplomatie discrète dans la résolution des conflits et le soutien aux pays en développement.

« Nous ne pouvons pas nous contenter d’accepter les choses telles qu’elles sont. Nous devons aux gens de trouver des solutions, de riposter et d’agir » a déclaré António Guterres lors d’un discours marquant la fin de l’année 2022.

Pour illustrer cette conviction face, entre autres défis, au changement climatique, le Secrétaire général a demandé à tous les dirigeants d’intensifier leurs efforts au niveau des gouvernements, des entreprises, des villes et régions, de la société civile et de la finance afin d’accélérer le rythme du progrès. 

Il a ainsi créé l’évènement en annonçant qu’il convoquera un Sommet sur l’Ambition climatique en septembre 2023. « Son prix d’entrée n’est pas négociable : des solutions crédibles, sérieuses et nouvelles pour l’action climatique et la nature qui répondront à l’urgence de la crise climatique a-t-il insisté.

« Ce sera un sommet du bon sens.  Sans exception ni compromisoù il n’y aura pas de place pour les reculades, l’écoblanchiment, l’esquive devant les responsabilités ni pour les ressassements des annonces des années précédentes » a-t-il martelé, précisant que la rencontre sera convoquée en parallèle à un rassemblement décisif de dirigeants mondiaux visant à accélérer l’action à mi-parcours des objectifs de développement durable.

Trouver de vraies solutions

En dressant le bilan des épreuves de 2022, le Secrétaire général a d’abord déploré que les divisions géopolitiques aient rendu de plus en plus difficile, parfois impossible, la résolution des problèmes mondiaux.

  « Les pauvres s’appauvrissent » a-t-il résumé, stigmatisant la crise du cout de la vie, l’accroissement des inégalités et l’endettement insoutenable, « l’abime de l’insolvabilité et du défaut de paiement » auquel sont confrontés la plupart des pays en développement, en butte à une hausse vertigineuse de 35% des prix du service de la dette, la plus forte depuis des décennies.    

Face à ces défis, le Secrétaire général a appelé à lutter contre la désillusion et à trouver de « vraies solutions, qui sans être parfaites, peuvent faire une vraie différence »

António Guterres a ainsi cité l’annonce, la nuit dernière de l’accord entre les délégués à la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité COP15 à Montréal sur un nouveau Cadre mondial pour la biodiversité qu’il considère comme l’amorce « d’un nouveau pacte de paix avec la nature et une étape importante pour une diplomatie déterminée ».

Le Secrétaire général António Guterres parle aux journalistes lors de sa conférence de presse de fin d'année.
Photo ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général António Guterres parle aux journalistes lors de sa conférence de presse de fin d'année.

Des progrès dans le règlement des conflits

Il a par ailleurs constaté des progrès dans le règlement des conflits dans le monde. En Éthiopie, les efforts déployés par l’Union africaine pour négocier la paix sont à ses yeux un motif d’espoir.

En République démocratique du Congo, les avancées diplomatiques menés par l’Angola et la Communauté de l’Afrique de l’Est ont créé un cadre de dialogue politique pour résoudre la crise dans la région orientale du pays.

La trêve au Yémen, encore très fragile, a produit de réels dividendes pour la population.  

« Et même dans la guerre brutale en Ukraine, nous avons vu le pouvoir d’une diplomatie déterminée et discrète à aider les populations et lutter contre des niveaux sans précédent d’insécurité alimentaire mondiale a-t-il rappelé, soulignant l’effet positif de l’initiative sur les céréales de la mer Noire visant à faciliter les exportations de denrées alimentaires et d’engrais d’Ukraine – et un protocole d’accord pour les exportations sans entrave de produits alimentaires et d’engrais russes vers les marchés mondiaux.

« Plus de 14 millions de tonnes de céréales et d’autres denrées alimentaires ont été expédiées et les exportations de blé russe ont également triplé, bénéficiant dans leur majorité aux économies en développement a-t-il rappelé, citant les quelques 380 000 tonnes métriques transportées par le Programme alimentaire mondial  vers l’Afghanistan, en Éthiopie, en Somalie et au Yémen et la baisse de 15% de l’Indice FAO des prix des produits alimentaires pendant huit mois consécutifs qui a empêché des millions de personnes à travers le monde de sombrer dans l’extrême pauvreté. »

  Il a par ailleurs assuré que « nous ne relâcherons pas nos efforts dans la recherche de la paix en Ukraine.  Paix conforme au droit international et à la Charte des Nations Unies ».

Rétablir la confiance entre le Nord et le Sud

Abordant le défi du changement climatique, António Guterres n’a pas caché sa préoccupation : « Nous continuons d’aller dans la mauvaise direction a-t-il déclaré. L’écart mondial en matière d’émissions se creuse et l’objectif de 1,5 degré est à bout de souffle, alors que les plans climatiques nationaux sont terriblement insuffisants ».

« Mais nous nous battons pour aider les économies émergentes à accélérer la révolution des énergies renouvelables, et « pour rétablir la confiance entre le Nord et le Sud » a-t-il déclaré, louant « la voie révolutionnaire ouverte par la COP 27 sur la question longtemps bloquée des pertes et dommages ».

António Guterres a aussi réitéré son ambition de « trancher le brouillard de l’écoblanchiment », citant le travail du groupe d’experts de haut niveau de l’ONU sur un guide pratique aidant à mettre en œuvre crédiblement les engagements à zéro émission nette pour les entreprises, les investisseurs, les villes et les régions.

Le Secrétaire général a de plus évoqué des mesures face à l’aggravation des catastrophes climatiques et notamment un plan d’action visant « à doter chaque personne dans le monde de systèmes d’alerte précoce d’ici cinq ans ».

Il a annoncé son engagement en faveur d’un pacte de solidarité climatique, dans lequel tous les grands émetteurs devront consentir un effort supplémentaire pour réduire les émissions conformément à l’objectif de 1,5 degré ; et assurer un soutien à ceux qui en ont besoin.      

« Il ne fait aucun doute que sans cela, l’objectif de 1,5 degré disparaîtra bientôt, a-t-il martelé. Je n’ai pas hésité à faire face à cette menace existentielle. Et je ne céderai pas ».