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Le stock mondial de vaccins contre le choléra est extrêmement faible, alerte l'OMS

Avec le soutien de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), Haïti a reçu environ 1,17 million de doses de vaccins oraux contre le choléra alors que les cas continuent d'augmenter dans le pays.
© OMS-PAHO
Avec le soutien de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), Haïti a reçu environ 1,17 million de doses de vaccins oraux contre le choléra alors que les cas continuent d'augmenter dans le pays.

Le stock mondial de vaccins contre le choléra est extrêmement faible, alerte l'OMS

Santé

Le stock mondial de vaccins contre le choléra est actuellement vide ou extrêmement faible dans un contexte de résurgence de la maladie dans le monde, a alerté vendredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon l’OMS, une trentaine de pays dans le monde ont signalé des épidémies de choléra cette année, soit environ un tiers de plus qu’une année normale. Mais cette résurgence de la maladie intervient en pleine pénurie de vaccins dans le monde.

« Nous n’avons plus de vaccins. De plus en plus de pays continuent à en demander et c’est extrêmement difficile. Tous les vaccins qui ont été produits sont déjà alloués », a déclaré le Chef d’équipe de l’OMS pour le choléra et les maladies diarrhéiques épidémiques, Philippe Barboza, lors d’un point de presse à Genève.

Le Groupe international de coordination pour l’approvisionnement en vaccins, qui est géré par l’OMS et d’autres partenaires, dispose d’environ 36 millions de doses par an généralement. Mais la pénurie de vaccins de cette année a déjà incité l’OMS à suspendre temporairement la stratégie standard de vaccination à deux doses en octobre pour la limiter à la dose unique.

Plus de 900.000 doses de vaccin livrées au Liban et 1,17 million à Haïti

Selon l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, une partie des pénuries était due à la décision d’un fabricant indien d’arrêter la production. Une façon de rappeler qu’il existe des vaccins, mais en nombre insuffisant, car présentement la demande dépasse l’offre.

Le choléra est une maladie diarrhéique aiguë, dont on peut mourir en quelques heures en l’absence de traitement. Mais la plupart des personnes infectées n’auront aucun symptôme ou que des symptômes bénins et peuvent être traitées avec succès avec des sels de réhydratation orale.

La plupart des pays où des flambées épidémiques se sont produites sont des pays touchés par la crise économique et les conflits, comme Haïti, la Syrie et le Yémen. Mais la maladie a également été signalée dans des pays comme le Liban.

Grâce au soutien de l’OMS et du Groupe international de coordination, plus de 900.000 doses de vaccins contre le choléra (50 % des 1,8 million de doses supplémentaires approuvées) sont arrivées au Liban mercredi 15 décembre dernier.

Une femme reçoit un vaccin contre le choléra en Haïti (photo d'archives).
© PAHO-OMS/David Spitz
Une femme reçoit un vaccin contre le choléra en Haïti (photo d'archives).

Une situation inédite avec des flambées plus importantes et plus meurtrières

Avec le soutien de l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS), Haïti a également reçu lundi dernier environ 1,17 million de doses de vaccins oraux contre le choléra, alors que les cas continuent d’augmenter dans ce pays des Caraïbes.

Le choléra se contracte par l’absorption d’eau ou de produits alimentaires contaminés par la bactérie vibrio cholerae. Il se développe dans des zones souvent peuplées, avec des accès limités à l’eau potable ou dépourvues de réseaux d’assainissement adaptés.

Plus largement, l’OMS estime que la situation est tout à fait « inédite », car non seulement il y a davantage de flambées, mais celles-ci sont « plus importantes et plus meurtrières que celles que la planète a connues ces dernières années ».  Et cette augmentation du nombre de foyers de choléra survient après plusieurs années de réduction régulière du nombre de cas et de décès.

Le spécialiste de l’OMS lie cette augmentation des cas aux effets du changement climatique. « Les événements climatiques extrêmes tels que les inondations, les cyclones et les sécheresses réduisent davantage l’accès à l’eau potable et créent un environnement idéal pour le développement du choléra », a dit le Dr. Barboza.

Une hausse des cas liée aux effets du changement climatique et à la pauvreté

Avant de compléter : « ce qui est à nouveau très nouveau depuis le début de l’année et la fin de l’année dernière, c’est un impact très visible du changement climatique. La plupart de ces épidémies plus importantes et le fait qu’elles se produisent simultanément - ce qui rend la situation beaucoup plus complexe - est un impact direct de l’augmentation des troubles climatiques défavorables ».

A ce sujet, le Dr. Barboza cite les exemples de la Corne de l’Afrique,  du Sahel, mais aussi d’autres régions du monde où sévissent des inondations majeures, des moussons sans précédent et une succession de cyclones. « Donc encore une fois, la plupart de ces épidémies ont été ou sont encore alimentées par le résultat du changement climatique, et malheureusement les choses ne vont pas changer rapidement », a fait valoir le Chef d’équipe de l’OMS pour le choléra et les maladies diarrhéiques épidémiques

« Très clairement, le choléra est une maladie de la pauvreté, de la vulnérabilité, c’est la partie la plus fragile de la population de n’importe quel pays qui est la plus à risque et pour une raison très simple : c’est tout simplement parce qu’elle n’a pas accès à l’eau potable et à l’assainissement de base » a insisté le Dr. Barboza.