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Afghanistan : des experts de l’ONU condamnent les exécutions et les flagellations publiques

Une femme dans un village du district de Zindajan, en Afghanistan (photo d'archives).
© UNICEF/Shehzad Noorani
Une femme dans un village du district de Zindajan, en Afghanistan (photo d'archives).

Afghanistan : des experts de l’ONU condamnent les exécutions et les flagellations publiques

Droits de l'homme

Des experts indépendants des Nations unies, se sont dit profondément attristés par les exécutions publiques et par la reprise des flagellations en Afghanistan.

Pour la première fois depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan, les talibans ont procédé à une exécution publique le 7 décembre dernier dans la province de Farah, celle d’un homme condamné pour meurtre, quelques semaines seulement après l’injonction de leur chef suprême d’appliquer la loi islamique.

Selon les experts indépendants onusiens, de hauts responsables de facto, dont le vice-premier ministre et le juge en chef, étaient présents lors de cette exécution publique. L’application de ces châtiments a commencé après que le Guide suprême a ordonné le 13 novembre dernier au pouvoir judiciaire d’appliquer les châtiments « Hudood » (crimes contre Dieu) et « Qisas » (rétribution en nature) dans tout le pays.

« Nous demandons aux autorités de facto d’établir immédiatement un moratoire sur la peine de mort, d’interdire la flagellation et les autres châtiments corporels qui constituent des actes de torture ou d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, et de garantir un procès équitable », ont-ils fait valoir.

Une centaine de personnes flagellées pour des délits de vol ou de relations « illégitimes »

Depuis le 18 novembre 2022, les autorités de facto auraient également procédé à la flagellation de plus de 100 personnes, femmes et hommes, dans plusieurs provinces, dont Takhar, Logar, Laghman, Parwan et Kaboul. Chacun a reçu entre 20 et 100 coups de fouet pour des délits présumés tels que le vol, les relations « illégitimes » ou la violation des codes de comportement social.

Si la criminalisation des relations hors mariage semble neutre du point de vue du genre, dans la pratique, les sanctions sont très majoritairement dirigées contre les femmes et les filles. Selon les experts, ces flagellations sont pratiquées dans des stades en présence d’officiels et de membres du public. « Les flagellations et les exécutions publiques violent les principes universels interdisant la torture. Le spectacle public de ces punitions les rend particulièrement répugnantes et indignes », ont fustigé les experts. 

Ces derniers émettent d’ailleurs des doutes quant à « l’équité des procès précédant ces punitions, qui ne semblent pas satisfaire aux garanties fondamentales d’un procès équitable ».

Outre le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan (Richard Bennett), cette déclaration est endossée par une dizaine d’experts indépendants dont les membres du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et Reem Alsalem, Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes.