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Les travailleurs migrants d'Asie-Pacifique sont victimes de discriminations, selon l'ONU

Des travailleurs migrants sur un chantier dans la région du Golfe
© ILO/Apex Image
Des travailleurs migrants sur un chantier dans la région du Golfe

Les travailleurs migrants d'Asie-Pacifique sont victimes de discriminations, selon l'ONU

Migrants et réfugiés

Les États doivent faire davantage pour faire respecter les droits des travailleurs migrants, a indiqué vendredi le Bureau des droits de l’homme de l’ONU en lançant un nouveau rapport sur les programmes de migration temporaire de main-d’œuvre à l’intérieur et en provenance d’Asie-Pacifique - la plus grande région d’origine des migrants dans le monde.

Le rapport, publié en marge de la Journée internationale des migrants (18 décembre), explique comment, dans de nombreux cas, les programmes de migration temporaire de main-d’œuvre imposent des restrictions à toute une série de droits de l’homme. Il met en lumière des situations dans lesquelles les travailleurs migrants sont contraints de « vivre dans des logements surpeuplés et insalubres, sans pouvoir se payer une alimentation nutritive ». Ces migrants ne bénéficient de soins de santé adéquats, et sont confrontés à une séparation prolongée et, dans certains cas, obligatoire de leur famille.

« Les travailleurs migrants sont souvent déshumanisés. Ce sont des êtres humains qui ont droit aux droits de l’homme et à la pleine protection de leur dignité humaine », a déclaré dans un communiqué, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk. L’Organisation internationale du travail (OIT) dénombre 169 millions de travailleurs migrants dans le monde, ce qui représente plus de 60 % de l’estimation globale du nombre de migrants internationaux et 4,9 % des 3,5 milliards de travailleurs dans le monde. La région Asie-Pacifique est le principal point d’origine des migrants internationaux, un tiers d’entre eux provenant de la région, selon des données de l’OIT datant de 2021.

Des restrictions sur le mariage ou l’immobilier

Chaque année, des millions de migrants quittent leur pays dans le cadre de programmes de migration temporaire de main-d’œuvre. Ces programmes sont prédominants dans la gouvernance régionale des migrations, notamment de l’Asie vers les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), promettant de fournir des avantages économiques aux pays de destination et des dividendes de développement aux pays d’origine.

A l'aide d'exemples illustratifs, le rapport montre que les travailleurs migrants temporaires d’un État n’ont pas le droit, selon les termes de leur permis de travail, d’épouser des citoyens ou des résidents permanents sans l’autorisation expresse du gouvernement. Dans un autre État, certaines zones résidentielles sont désignées comme des zones familiales et les propriétés qui s’y trouvent ne peuvent être louées à des migrants temporaires car ils ne sont pas autorisés à migrer avec leur famille.

« Les mesures qui restreignent les droits de l’homme ne peuvent pas être justifiées en arguant du fait que le statut d’immigration des migrants est temporaire, et les États ne peuvent pas non plus déléguer aux employeurs et autres acteurs privés leur obligation, en tant que détenteurs de devoirs, de garantir les droits de l’homme de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille », a fait valoir M. Türk.

Le Golfe, la plus grande destination de la migration de main-d’œuvre asiatique à bas salaire

Dans certains programmes saisonniers, des travailleurs migrants du bâtiment affirment recevoir des soins médicaux de qualité inférieure dans les cliniques fournies par leurs employeurs. Des migrants sont censés travailler le samedi et le dimanche, ce qui les empêche d’assister aux services religieux. Dans d’autres États, des travailleurs domestiques migrants ont rapporté qu’on leur avait dit qu’ils seraient licenciés s’ils priaient ou jeûnaient au travail.

Les couloirs de migration temporaire de main-d’œuvre dans la région Asie-Pacifique peuvent être regroupés au niveau sous-régional, notamment de l’Asie du Sud vers l’Asie du Sud-Est, en particulier les pays de destination de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Malaisie, Singapour et Thaïlande).  L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont aussi les destinations d"Etats insulaires du Pacifique Sud. Il existe également des migrations importantes des États d’Asie-Pacifique vers les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), en particulier de l’Inde, du Bangladesh, du Pakistan, du Népal et du Sri Lanka en Asie du Sud, mais aussi en provenance des Philippines.

« Ce corridor constitue la plus grande destination de la migration de la main-d’œuvre asiatique à bas salaire », souligne le document, relevant qu’il existe une myriade d’autres couloirs migratoires des États d’Asie-Pacifique vers d’autres pays du Moyen-Orient (comme le Liban et la Jordanie), ainsi que des migrations vers des États d’Europe et d’Amérique du Nord.