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Il faut multiplier les financements pour la nature par deux d'ici à 2025, réclame le PNUE

Pingouins royaux juvéniles en Géorgie du Sud et dans les îles Sandwich du Sud.
© Unsplash/Ian Parker
Pingouins royaux juvéniles en Géorgie du Sud et dans les îles Sandwich du Sud.

Il faut multiplier les financements pour la nature par deux d'ici à 2025, réclame le PNUE

Climat et environnement

Alors que le monde se prépare aux négociations sur le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020, les financements pour la nature demeurent insuffisants, a indiqué jeudi le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) dans sa deuxième édition du rapport State of Finance for Nature.

Pour limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 °C, il faut mettre un terme à la perte de biodiversité, atteindre la neutralité en matière de dégradation des sols et les objectifs de développement durable. Il est également urgent de prendre des mesures radicales en matière de réduction des émissions, de conservation de la nature et de consommation et de production durables, a affirmé le PNUE.

Selon l'agence onusienne, les solutions fondées sur la nature offrent la possibilité de relever toute une série de défis de manière intégrée.

Pourtant, les flux financiers en faveur de ces solutions ne représentent actuellement que 154 milliards de dollars par an, soit moins de la moitié des 384 milliards de dollars d'investissements annuels nécessaires d'ici à 2025 et seulement un tiers des investissements nécessaires d'ici à 2030 (484 milliards de dollars par an).

« La science est indéniable. Alors que nous effectuons une transition vers zéro émission nette d'ici à 2050, nous devons également réorienter l'ensemble de l'activité humaine afin d'alléger la pression sur le monde naturel dont nous dépendons tous », a déclaré Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE. « Cela exige que les investissements en provenance des gouvernements, des entreprises et de la finance augmentent massivement dans les solutions fondées sur la nature, car les investissements dans la nature sont des investissements pour assurer l'avenir des générations suivantes. »

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Le rapport est publié une semaine avant le début de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP 15) qui aura lieu à Montréal au Canada. Les gouvernements du monde entier doivent adopter un accord historique visant à stopper et à inverser la perte de la nature d'ici à 2030.

La mobilisation de ressources pour la mise en œuvre du cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 figure parmi les principales questions débattues.

Ainsi, le PNUE et ses partenaires, ont exhorté les gouvernements à parvenir à un accord fixant un mandat clair, exigeant que le secteur financier aligne ses activités sur des objectifs favorables à la nature.

Augmenter les investissements mondiaux du secteur privé

Pour faire face aux changements climatiques, à la perte de biodiversité et à la dégradation des sols avec des mesures immédiates, les investissements mondiaux actuels doivent augmenter de 230 milliards de dollars par an jusqu’en 2025.

Actuellement, les gouvernements fournissent 83% des flux de financement pour les solutions fondées sur la nature. Mais en raison des difficultés budgétaires liées aux conflits, à la dette et à la pauvreté, il est peu probable que ces flux augmentent considérablement, a indiqué le rapport.

Pour y parvenir, le secteur privé doit considérablement augmenter ses investissements par rapport aux niveaux actuels de 26 milliards de dollars par an (17%). Il doit augmenter ses investissements dans les chaînes d'approvisionnement durables et réduire les activités ayant des conséquences négatives sur le climat et la biodiversité. Il doit aussi compenser les effets inévitables par des marchés financiers de la nature à haute intégrité, payer pour les services écosystémiques qu'il utilise et investir dans des activités positives pour la nature.

L'analyse révèle que la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C, plutôt qu'à 2°C, est atteignable à condition que les mesures soient immédiates et moyennant des investissements cumulés supplémentaires de 1.500 milliards de dollars, pour un total de 11.000 milliards de dollars entre 2022 et 2050.

Cet investissement supplémentaire sera axé sur l'agriculture durable et la restauration des tourbières. L'élimination progressive du charbon et la décarbonisation des systèmes énergétiques ne suffiront pas si des investissements massifs ne sont pas faits dans des solutions naturelles.

« Alors que le monde est confronté à de multiples crises, ce rapport fournit des éclaircissements et montre qu'en augmentant de manière significative les investissements publics et privés dans les solutions fondées sur la nature, il est possible de s'attaquer aux changements climatiques, à la perte de biodiversité et à la dégradation des sols, et de tirer en même temps de nombreux avantages sociétaux et économiques. Nous devons agir maintenant », a déclaré Jochen Flasbarth, Secrétaire d'État au ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement.

Des poissons autour d'un récif de coraux en mer Rouge au large de l'Egypte.
Coral Reef Image Bank/Alexander
Des poissons autour d'un récif de coraux en mer Rouge au large de l'Egypte.

Investissements dans les écosystèmes marins

Cette nouvelle édition du rapport du PNUE a été élargie aux écosystèmes marins, indiquant que seulement 9%, des investissements totaux dans les solutions fondées sur la nature ciblent des solutions basées sur les océans.

De manière disproportionnée, l'océan représente plus de 70% de la surface de la Terre et absorbe environ 25% de toutes les émissions de CO2, ce qui en fait l'un des plus grands puits de carbone au monde, tout en fournissant 17% des protéines de la planète.

Une vision à court-terme n’est plus possible

Alors que le Fonds monétaire international (FMI) met en garde contre les « heures les plus sombres » de la croissance mondiale en 2023, le PNUE de son côté a indiqué que les nombreux efforts déployés à court terme par les gouvernements pour stimuler le produit intérieur brut (PIB), sans tenir compte du fait que la nature est la fondation de nombreuses économies, pourraient entraîner des coûts plus élevés pour les générations actuelles et futures dans les années à venir.

Pour faire face aux défis actuels, des solutions doivent être trouvées et ainsi mettre en place des pratiques qui s'attaquent aux principaux moteurs de la perte de biodiversité, de la dégradation des terres et de la dégradation du climat, a indiqué le PNUE.

Si la protection de 30% des terres et des océans d'ici à 2030, est un objectif important, pour lequel le déficit de financement est estimé à 17-22 milliards de dollars par an d'ici à 2030, davantage de fonds doivent être consacrés à la restauration de la végétation naturelle et au boisement.

De plus, le PNUE a expliqué que les flux nuisibles provenant de sources publiques doivent être réaffectés et que l'impératif d'une « nature positive » doit être placé au cœur des politiques économiques, des entreprises et des décisions d'investissement.

« La science n'a jamais été aussi claire », a déclaré le PNUE dans son rapport.  À l'heure où les effets des changements climatiques se manifestent sous la forme d’incendies, des sécheresses et des inondations sans précédent, des solutions fondées sur la nature contribueront à atténuer ces effets et à réduire le coût de la riposte à ces catastrophes d'origine climatique. Car Investir dans la nature est l'investissement le plus judicieux pour renforcer la résilience économique et le bien-être humain.

Le PNUE a réitèré son appel pour multiplier les financements pour la nature par deux d'ici à 2025.