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Syrie : l’ONU alarmée par la reprise des combats et des raids aériens à Idlib

Une jeune fille et une femme passent devant des bâtiments détruits dans la ville de Maarat al-Numaan à Idlib, en Syrie.
UNICEF/Giovanni Diffidenti
Une jeune fille et une femme passent devant des bâtiments détruits dans la ville de Maarat al-Numaan à Idlib, en Syrie.

Syrie : l’ONU alarmée par la reprise des combats et des raids aériens à Idlib

Droits de l'homme

Alors que de violents combats ont fait rage mi-octobre entre différentes factions syriennes rebelles dans le nord de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie, les Nations Unies se sont dit alarmées mardi par « les signes inquiétants d’une nouvelle escalade des hostilités dans le nord-ouest » du pays.

En octobre, le niveau des hostilités impliquant plusieurs parties, en particulier Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) et certains des groupes armés affiliés à la Turquie, a augmenté. « Cela a fait craindre que la violence ne s’étende et n’affecte d’autres zones clés, notamment Idlib », a déclaré lors d’une conférence de presse à Genève, Jeremy Laurence, porte-parole du Bureau des droits de l’homme de l’ONU.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), ces craintes se sont concrétisées tôt dans la matinée du 6 novembre, lorsque des frappes terrestres et aériennes des forces pro-gouvernementales ont touché plusieurs zones.

Des responsables humanitaires de l'ONU arrivent de Türkiye dans la province syrienne d'Idlib pour évaluer les besoins des communautés déplacées (photo d'archives).
OCHA
Des responsables humanitaires de l'ONU arrivent de Türkiye dans la province syrienne d'Idlib pour évaluer les besoins des communautés déplacées (photo d'archives).

Série de frappes meurtrières contre des camps de déplacés

Cette série de frappes terrestres et aériennes meurtrières ont touché des camps de personnes déplacées situés à proximité les uns des autres, à la périphérie des villes de Kafr Jalis, Morin et Kafr Ruhin, dans la zone rurale occidentale d’Idlib, ainsi que les zones d’al Sinaa et d’Ariha, dans la zone rurale méridionale d’Idlib.

Ces attaques ont fait au moins cinq victimes civiles et détruit ou endommagé des dizaines de tentes de déplacés. « Les attaques qui ont touché le camp de déplacés de Maram, densément peuplé, situé près de la ville de Kafr Jalis, sont particulièrement préoccupantes », a détaillé M. Laurence.

Le fait que plusieurs camps de personnes déplacées densément peuplés aient été frappés au cours d’attaques qui semblent avoir été menées sans tenir compte de leur impact mortel sur les civils, suscite de graves inquiétudes.

Les attaques aveugles contre les civils peuvent constituer des crimes de guerre

« Nous insistons - auprès de toutes les parties au conflit - sur le fait que les attaques aveugles sont interdites par le droit humanitaire international et que, selon les circonstances, elles peuvent en outre constituer des crimes de guerre », a rappelé le porte-parole du HCDH.

Par ailleurs, les services du Haut-Commissaire Volker Türk s'inquiètent d’une nouvelle escalade des hostilités dans le nord-ouest de la Syrie.

A ce sujet, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies indique avoir vérifié le meurtre d’au moins sept civils, dont une femme, trois filles et un garçon, et la blessure d’au moins 27 autres personnes, dont sept femmes, quatre filles et deux garçons.

Plus largement, l’ONU s’alarme de la recrudescence des combats et le retour à la violence.

Un camp de déplacés dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie.
OCHA
Un camp de déplacés dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie.

400 familles nouvellement déplacées

« Comme lors des précédentes escalades, ce sont les civils qui paient un prix inacceptable en termes de pertes de vies humaines, de réduction de l’accès aux services vitaux de base, de destruction des infrastructures essentielles et d’exposition à de nouveaux déplacements, le tout exacerbé par des conditions climatiques difficiles, une situation humanitaire et économique désastreuse et une épidémie de choléra dans la région », a ajouté le porte-parole.

Selon les rapports reçus par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, au moins 400 familles ont été nouvellement déplacées en raison de ces hostilités.

« En tout état de cause réduire au minimum, les pertes en vies humaines dans la population civile, les blessures infligées aux civils et les dommages causés aux biens de caractère civil - ce n’est pas négociable », a conclu le porte-parole du HCDH.