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Corne de l’Afrique : une action mondiale immédiate est nécessaire pour éviter la famine

Des femmes transportent de la nourriture depuis un site de distribution du PAM dans le comté de Marsabit, dans le nord du Kenya.
© WFP
Des femmes transportent de la nourriture depuis un site de distribution du PAM dans le comté de Marsabit, dans le nord du Kenya.

Corne de l’Afrique : une action mondiale immédiate est nécessaire pour éviter la famine

Aide humanitaire

Une action mondiale immédiate est nécessaire pour éviter la famine dans la Corne de l’Afrique, ont alerté lundi une quinzaine d’agences dont sept de l’ONU, relevant que cette cinquième saison consécutive de sécheresse devrait se poursuivre au cours de la saison de mars à mai 2023.

« Cette solidarité est nécessaire de toute urgence pour aider les communautés vulnérables de la Corne de l’Afrique à survivre à une catastrophe humanitaire qui se déroule rapidement, provoquée par la sécheresse la plus longue et la plus grave de l’histoire récente, qui devrait se poursuivre jusqu’en 2023 », ont indiqué dans un communiqué conjoint ces agences dont le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM).

En raison du mauvais départ des pluies d’octobre à décembre, la situation se détériore notamment au Kenya et dans le sud de la Somalie. Du 1er octobre au 15 novembre, ces régions devraient recevoir des précipitations totales inférieures à 60% de la moyenne.

Les plans de réponse de l’Éthiopie, Kenya et Somalie financés à 50%

Certaines des zones les plus touchées, notamment au Kenya, connaissant le plus mauvais début de saison jamais enregistré. Ce qui est inquiétant, c’est que les agences météorologiques s’accordent à dire que la probabilité que les pluies restent inférieures à la moyenne pendant le reste de la saison est élevée, ce qui entraînerait une cinquième mauvaise saison consécutive sans précédent.

Face à de telles prévisions, les acteurs de l’aide humanitaire et du développement doivent se préparer de toute urgence à la poursuite d’une aide vitale en réponse à des besoins humanitaires extrêmement importants jusqu’à l’année prochaine.

Les plans de réponse à la sécheresse en Éthiopie, au Kenya et en Somalie ne sont financés qu’à 50% malgré l’escalade des besoins. « Des fonds supplémentaires sont nécessaires immédiatement pour sauver des vies avant qu’il ne soit trop tard », ont fait valoir les agences d’aide.

Près de 21 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire élevée

En attendant, les dernières données du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (Integrated Phase Classification, ci-après « l’IPC »), près de 21 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire élevée (phase 3+) en raison de la sécheresse qui sévit depuis deux ans. Dans ce lot, 3,4 millions de personnes en situation d’urgence (phase 4 ) au Kenya et en Somalie.

Plus de 300.000 personnes en situation de catastrophe en Somalie. Dans ce pays, certaines parties de la région de Bay devraient être confrontées à la famine (phase 5 de l’IPC), tandis que plusieurs autres régions du centre et du sud seront confrontées à un risque de famine d’ici la fin de l’année.

Dans le sud de l’Éthiopie, les analyses compatibles montrent que les classifications de zones d’urgence (phase 4) sont largement répandues et indiquent qu’il y a probablement des ménages en situation de catastrophe (phase 5).

Un garçon de dix-huit mois est soigné pour malnutrition dans un camp de personnes déplacées à Dalxiiska, en Somalie.
© UNICEF/Sebastian Rich
Un garçon de dix-huit mois est soigné pour malnutrition dans un camp de personnes déplacées à Dalxiiska, en Somalie.

Hausses significatives des admissions pour malnutrition aiguë sévère

Sur le terrain, des augmentations significatives des admissions pour malnutrition aiguë sévère dans les programmes de traitement nutritionnel ont été observées dans toute la région. Au total, l’ONU estime que 7,46 millions d’enfants de moins de cinq ans sont confrontés à la malnutrition aiguë, dont 1,85 million à sa forme sévère.

Une augmentation du nombre de décès d’enfants a également été observée. Par exemple, la récente évaluation de l’après-«Gu» en Somalie a révélé des taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans supérieurs à 2/10.000/jour dans quatre groupes de population étudiés.

Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants qu’il faut se préparer à la probabilité de précipitations très inférieures lors de la saison des pluies de mars à mai (MAM) 2023. Si un tel scénario se concrétise, les agences humanitaires redoutant que cela aboutirait à une sixième mauvaise saison consécutive record.

Agir avant que la famine ne soit déclarée

Malgré l’incertitude intrinsèque des prévisions pluviométriques, il existe une solide certitude quant au besoin urgent de soutien et de solidarité au niveau mondial pour éviter une famine (phase 5 du CIP) dans les mois à venir.

A noter que pendant la sécheresse de 2011, 260.000 personnes sont mortes en Somalie, la majorité des décès ayant eu lieu avant que la famine (phase 5 de la CPI) ne soit déclarée. Compte tenu de la hausse des taux de mortalité dans de nombreuses régions, de la taille de la population touchée et de la durée probable de la crise, les niveaux cumulés de surmortalité pourraient devenir aussi élevés qu’en 2011.

« Nous ne pouvons pas - et ne devons pas - attendre qu’une famine (phase 5 du CIP) soit déclarée, ou que d’autres saisons des pluies fassent défaut, pour agir », ont insisté les agences humanitaires, relevant que « le monde ne devrait pas permettre une répétition de ce qui s’est produit en 2011 en Somalie ».