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Yémen : la fin de la trêve est marquée par une reprise inquiétante d’incidents ciblant les civils

Des enfants déplacés vivant dans un camp à Aden, au Yémen.
© UNICEF/Ahmed Abdulhaleem
Des enfants déplacés vivant dans un camp à Aden, au Yémen.

Yémen : la fin de la trêve est marquée par une reprise inquiétante d’incidents ciblant les civils

Paix et sécurité

Alors que la trêve en vigueur depuis six mois a expiré le 2 octobre dernier sans que les parties ne parviennent à un accord pour la prolonger, les Nations Unies redoutent un regain de tensions conduisant à un lourd tribut pour les civils au Yémen.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), des pertes en vies humaines et des blessures ont été signalées à la suite d’attaques de snipers et de bombardements, ainsi que d’une attaque contre une installation portuaire qui a mis la vie de civils en grave danger dans ce pays de la péninsule arabique.

« Le chef des droits de l’homme des Nations unies, Volker Türk, se fait l’écho des appels du Secrétaire général à prolonger la trêve et à œuvrer en faveur d’un règlement négocié pour mettre fin une fois pour toutes à ce terrible et long conflit », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Jeremy Laurence, porte-parole du HCDH.

Des incidents impliquant les forces gouvernementales et les Houthis

En attendant, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a vérifié, au cours de la dernière semaine d’octobre, trois incidents de bombardement dans le territoire contrôlé par le gouvernement qui ont coûté la vie à un garçon et à un homme, et blessé quatre garçons, dont deux ont dû être amputés de la jambe.

Les services du Haut-Commissaire Volker Türk ont également vérifié trois incidents de tirs de sniper attribués aux forces des rebelles d’Ansar Allah (Houthis), blessant un garçon, une femme et deux hommes. « Le 21 octobre, Ansar Allah a également mené une attaque de drone sur le port du terminal pétrolier d’Al Dhabah, dans le gouvernorat d’Hadramaout, exposant les civils à des risques graves et injustifiés », a ajouté M. Laurence.

A ce sujet, le HCDH rappelle que le fait de prendre délibérément pour cible des civils et des biens civils est interdit par le droit international et « constitue un crime de guerre ». « Ces attaques doivent cesser immédiatement, et les autorités compétentes doivent enquêter sur ces incidents et demander des comptes aux responsables », a fait valoir le porte-parole du HCDH, relevant que « la souffrance du peuple yéménite se poursuivra jusqu’à ce que ce conflit prenne fin ».

Forte baisse des pertes civiles avec la trêve entre avril et le 2 octobre

Depuis plus de 7 ans, le Yémen est le théâtre d’une guerre continue entre les forces loyales au gouvernement légitime, soutenues par une coalition militaire arabe, dirigée par l’Arabie saoudite, et les Houthis soutenus par l’Iran, qui contrôlent plusieurs gouvernorats dans le pays, dont la capitale Sanaa depuis septembre 2014.

La trêve, en vigueur depuis le 2 avril et renouvelée in extremis à deux reprises, a expiré dimanche 2 octobre 2022 sans que le gouvernement yéménite et les rebelles houthis ne soient parvenus à un accord permettant de la reconduire.

Selon l’ONU, le déclenchement de la guerre il y a plus de sept ans a plongé le Yémen dans une crise humanitaire sans précédent. « L’accord de trêve du 2 mars a cependant apporté un calme relatif - il y a eu une forte réduction des pertes civiles, le flux des livraisons de carburant à Hodeïda a augmenté et l’aéroport de Sanaa a rouvert après des années de fermeture aux vols commerciaux », a rappelé M. Laurence.

Les belligérants appelés à « choisir la paix pour de bon »

Face aux conséquences des violences sur les civils, le Haut-Commissariat rappelle à toutes les parties au conflit qu’elles doivent se conformer strictement aux principes du droit humanitaire international dans la conduite des opérations militaires. Il s’agit de faire tout leur possible pour limiter absolument l’impact de ces opérations militaires sur les civils.

Selon les services du Haut-Commissaire Volker Türk, les parties au conflit ont la stricte obligation de faciliter l’accès des organisations de secours humanitaire aux populations dans le besoin et de faciliter l’accès des civils aux services humanitaires et de sauvetage.

« Nous réitérons donc les appels du Secrétaire général des Nations Unies qui a déclaré qu’il est temps pour les forces gouvernementales et leurs alliés, ainsi que pour les forces d’Ansar Allah et leurs soutiens internationaux, de choisir la paix pour de bon », a insisté le porte-parole du HCDH.