L'actualité mondiale Un regard humain

Le respect des droits humains offre le meilleur outil de prévention des conflits - Guterres

Des soldats de la paix tanzaniens servant dans le cadre de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) rencontrent des femmes de la communauté locale.
@MONUSCO
Des soldats de la paix tanzaniens servant dans le cadre de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) rencontrent des femmes de la communauté locale.

Le respect des droits humains offre le meilleur outil de prévention des conflits - Guterres

Paix et sécurité

Devant le Conseil de sécurité, jeudi, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a proposé une stratégie des opérations de paix de l’ONU fondée sur la résilience et une meilleure prise en compte des multiples facteurs des conflits, autant que sur l’inclusion et la gouvernance des pays.

Dans un monde qui se transforme à une vitesse vertigineuse, le chef de l’ONU a déploré que « les progrès réalisés en matière de consolidation de la paix sur le continent africain et ailleurs soient en train de s’effacer ».

« Nos opérations de paix offrent un espace pour des solutions politiques », a déclaré le chef de l’ONU. « Elles aident à protéger les civils et à prévenir la violence. Elles permettent le travail des acteurs de la consolidation de la paix, du développement, de l’aide humanitaire et des droits de l’homme ».

Mais les contextes locaux et mondiaux dans lesquels elles opèrent deviennent chaque jour plus difficiles, a ajouté António Guterres, citant l’augmentation des tensions politiques, l’insécurité grandissante et la multitude des facteurs d’instabilité, tels l’escalade des catastrophes climatiques, l’aggravation de la faim et de la pauvreté, la perte de confiance dans les institutions, les conflits entre Etats et les changements anticonstitutionnels de gouvernements qui prolifèrent.

Ce danger exige maintenant, selon lui, une révision des stratégies, incarnée par un nouvel ordre du jour pour la paix proposé dans son rapport sur « Notre programme commun » qui accorde la priorité aux investissements dans la prévention et la consolidation de la paix.

Ce renforcement nécessaire de la résilience implique d’agir pleinement au niveau national, à tous les stades d’un conflit et dans toutes ses dimensions, en tenant compte des besoins des populations les plus vulnérables, et du respect de tous les droits humains - économiques, sociaux, culturels, civils et politiques, « qui sont les meilleurs outils de prévention au monde contre les conflits et l’instabilité ».

Priorité aux communautés locales

António Guterres a pour cela défini quatre priorités : d’abord, l’approfondissement de l’engagement avec les communautés locales et la promotion de gouvernements et d’institutions plus réactifs et inclusifs.

Il a rappelé que les opérations de paix sont des manifestations de l’influence politique du Conseil de sécurité, et mettent à ce titre en œuvre sur le terrain les capacités techniques et le rôle normatif du système des Nations Unies, contribuant à des objectifs communs de gouvernance légitime, réactive et inclusive. Elles créent, selon lui, un espace de dialogue et de participation politique, réduisent la violence communautaire, assurent les services de base, encouragent la réconciliation et l’égalité d’accès à la justice.

« Mais nous devons agir plus rapidement et efficacement pour répondre aux besoins et aux griefs », a-t-il ajouté. « Cela implique de renforcer une approche pansociétale, en accroissant les investissements qui renforcent la confiance, l’engagement communautaire et la cohésion ».

Renforcer la participation des femmes et des jeunes

En second lieu, le Secrétaire général a appelé à renforcer le leadership des femmes et des jeunes pour façonner l’avenir de leur pays et veiller à ce qu’ils bénéficient des acquis de la paix et du développement.

Il a insisté sur les contributions essentielles des femmes soldats de la paix et des réseaux sociaux de femmes pour placer leurs préoccupations au centre des efforts de prévention et de règlement des conflits et renforcer la résilience des communautés, soulignant qu’une participation accrue des femmes à tous les niveaux, une parité totale, y compris par le biais de quotas, dans les institutions électorales, dans le processus de réforme du secteur de la sécurité, du désarmement et des systèmes judiciaires sont essentielles à la consolidation et au maintien de la paix.

La voix des jeunes doit aussi être entendue pour articuler ces priorités, a souligné António Guterres, rappelant que le Programme pour la Jeunesse, la paix et la sécurité ainsi que le Cadre continental 2020 de l’Union africaine sont « des outils importants pour amplifier ces voix critiques ».

Miser sur les synergies entre aide humanitaire, développement et paix

Le Secrétaire général a aussi prôné « une approche plus holistique et intégrée » pour renforcer la résilience et le maintien de la paix par des investissements adaptés au synergies entre l’aide humanitaire, le développement à long terme et la paix.

Cette stratégie implique « d’approfondir les partenariats entre l’ONU, l’Union africaine et d’autres organisations régionales, ainsi qu’avec les institutions financières internationales et régionales », a-t-il dit.

Enfin, il a abordé la question cruciale du financement, soulignant que « tous reconnaissent que la prévention et la consolidation de la paix sont rentables et sauvent des vies, mais que « cette compréhension de principe ne s’accompagne pas, dans la pratique, des ressources nécessaires ».

« La communauté internationale continue de sous-investir dans la paix », a-t-il regretté. Et cela malgré l’engagement de l’Assemblée générale pour un financement accru, plus prévisible et durable, et les 150 millions de dollars fournis l’année dernière à 25 pays d’Afrique par le Fonds pour la consolidation de la paix.

« Les besoins dépassent de loin les ressources et ce financement doit être accru, autant que les partenariats avec les institutions financières internationales », a-t-il rappelé, avant d’encourager le Conseil de sécurité, « en agissant tôt, en s’engageant de manière stratégique et en parlant d’une seule voix, à mobiliser l’appui politique et financier de la communauté internationale pour favoriser l’engagement des acteurs du conflit et assurer la paix ».